Un jour, il y a quelques années, un ami m’a dit :
«Moi, quoi que je fasse, je suis libre, et c’est ça le principal».
Bigre ! Libre comment ? Quoi, « libre » ?!!
Il était célibataire, sans enfant.
Dans la vie, cet ami, il fait ce qu’il veut, quand il le veut, et il a les moyens de ses envies.
Son travail de l’époque, n’était qu’un gagne pain qu’il accomplissait sans passion ni attaches. Il pouvait le quitter du jour au lendemain. Il était libre.
Il n’avait pas d’amoureuse (ni d’amoureux, enfin pas à ma connaissance). Pas d’engagement émotionnel.
Le coeur libre, il pouvait partir à l’autre bout du monde du jour au lendemain sans faire de dégâts.
Il n’avait pas d’enfants. Pas de responsabilités autres que celles liées à son unique personne (du genre : aller chez le médecin quand on a 45° de fièvre ou manger 5 fruits et légumes par jour, «pour bien grandiiiiir ?!»).
Il pouvait faire la fête toute la nuit le lundi ou même le jeudi ; il pouvait travailler très tard ou pas du tout ; il pouvait découcher autant qu’il le voulait. Il était libre.
Moi, j’avais un mari, un enfant, un boulot, un loyer, et par dessus le marché je voulais m’acheter une kangoo (oui j’en profite, ça faisait longtemps que je n’en avais pas parlé de celle-là).
Nos vies étaient tellement opposées.
Son «je suis libre», je l’ai entendu un peu comme : «contrairement à toi qui es bloquée dans ta vie d’épouse et de mère, MOI je suis libre».
(Mais peut-être que ça n’avait rien à voir avec moi)
Pourtant, je me sentais tellement libre.
Aujourd’hui, j’ai toujours un mari (le même qu’à l’époque : libre et fidèle, je suis), deux enfants, pas de boulot, un gros projet, beaucoup d’interrogations, peu de réponses, mais quand même quelques unes qui ne m’ont pas l’air trop moisies.
Sa phrase me revient souvent en tête. J’ai l’impression qu’elle m’aide parce qu’elle me fait poser les questions différemment.
C’est quoi la liberté ?
Enfin… celle dont il parlait (non parce que je sais bien que la liberté c’est, par exemple : ne pas être prisonnier à Guantanamo ou annuler enfin son abonnement de pass Navigo).
Si c’est vivre ses choix et constater jour après jour qu’ils étaient les bons, qu’on a bien fait, que c’est bien ça qui nous rend heureux…
Alors je suis libre, comme Max, et yen a même qui disent qu’ils m’ont vue voler (ce blog est un peu LE blog de la référence musicale qui tue… au fait vous avez vu le nouveau clip de Lorie ? … hin hin hin, je n’en dirais pas plus).
J’en déduis donc que la liberté pour moi ça ne sera sans doute plus jamais d’être seule et sans attaches. Je ne plaquerai pas tout pour les chemins de Katmandou demain ; pas plus que je peux décider, comme ça, d’aller voir mes amis à Londres le week end prochain (pourtant…).
Au fond, je vais être honnête : pour moi, seule et sans attaches, ça n’est pas la liberté, c’est la solitude.
Ça n’engage que moi.
D’ailleurs pour beaucoup, se coltiner le même mec jusqu’à la fin de ses jours et se faire gerber dans les mains par sa progéniture (et tellement d’autres choses glamour) c’est tout sauf être libre.
Mais tout de même…
Ces derniers temps, je n’ai pas cessé de penser à tout ça. J’ai cette petite voix dans la tête qui me répète, tous les jours, sans jamais me laisser tranquille : «quoi que tu fasses, fais tout ce que tu peux pour être libre Marie !».
Tiens, au fait : pour «rester» libre ou pour «être» libre ?
Est-ce que je suis déjà libre ou est-ce qu’il faut que je le devienne ?
Oui.
Oui, oui.
Je fais ma petite malheureuse avec mes histoires de licenciement économique, mon patron qui sentait pas bon dans sa bouche, ma boîte dont je n’ai pas encore totalement réussi à faire le deuil.
Mais, en vrai, je suis libre.
Foirage ou pas foirage de carrière, j’aurais tout fait pour rester à la maison un peu plus longtemps que les deux mois et demis autorisés par le congé maternité.
J’aurais pris un congé parental, on se serait serré la ceinture, on en aurait bavé avec tous ces impôts de fin d’année (de merde). Mais j’aurais fait exactement ce que je fais aujourd’hui : mère au foyer intérimaire.
Parce que même les mercredis, j’aime bien, finalement. Parce que c’est dans ces moments-là que je vis des choses comme ça.
Et puis, le travail, j’y serais revenue, au bout d’un moment. Parce que mon travail, punaise, avec tout ce qui s’est passé, j’ai essayé de le plaquer pour de bon… Mais rien n’y fait, je l’aime (dans quarante ans, j’aurai donc toujours le même mari ET le même métier).
Tout ça tourne dans ma tête.
Je vais essayer d’être libre comme moi. Pour eux. Oui, en fait : surtout pour eux.
Comment te dire une fois encore que je me retrouve totalement dans ce que tu écris. Voilà c’est fait.
J’me disais bien 😉
C’était très intéressant comme article, merci beaucoup ! A chaud, je ne sais pas encore trop quoi dire, même si je dois avouer que, pour moi, être libre, c’est un peu comme ce que disais ton ami. Mais c’est sans doute une question de caractère, car je suis solitaire (même si j’adore être entouré de monde, mais la solitude me permet de me ressourcer, c’est ainsi…), et la solitude ne m’ennuie absolument pas, bien au contraire.
Ensuite, je pense que chacun à sa définition de ce que veut dire « être libre », en ce qui concerne sa vie. Et je pense que le principal n’est pas de chercher à définir ce concept qui devrait pouvoir s’appliquer à chacun, mais bien de trouver sa propre définition et de s’y tenir.
Je n’ai pas d’enfant, mais ta conclusion est magnifique: « être libre pour eux », c’est presque finalement un des plus beaux cadeaux qu’on puisse leur faire non ?
Oui tu as raison : trouver sa propre définition du terme. Moi aussi je suis d’accord pour dire que libre c’est être sans attaches, de pouvoir tout plaquer demain, si on veut. C’est l’essence même de la liberté. Mais comme je voulais absolument des enfants, j’ai dû revisiter le mot « liberté ». Moi aussi j’aime la solitude, comme toi 😉 La liberté, c’est peut-être de se sentir libre, au fond. On peut se sentir libre au boulot par exemple… chacun se crée sa liberté !
Merci de dire que ma conclusion est magnifique !!! 😉 (et merci pour ton com)
Je ne sais pas si je suis tant libre que ça mais en tout cas, j’ai choisi librement… Et puis avoir des attaches ce n’est pas être prisonnier. Je crois au contraire que mes amours me donnent des ailes.
Merci Marie, je suis tellement d’accord !
Merci kanddye ! En fait, je réalise, surtout depuis que j’ai des enfants, que tout le monde n’a pas la même liberté. Ma liberté est la prison de mes voisins et vice versa. Du coup, j’essaye tout le temps de réfléchir à : suis-je vraiment libre ? Qu’est-ce que ça veut dire ? Comment y arriver ? Ça bouillonne là dedans mais je crois que je me sens plutôt pas trop mal dans ma liberté 😉
Un chouette beau billet (rien que ça) ! Et un bel hommage à ta maman. Quelles femmes nos mamans, hein, quand on les revoit avec notre oeil de mère et qu’on réalise tout ce qu’elles ont dû réaliser pour être là (et aussi partout ailleurs) !
Pour moi aussi, être libre, ça serait plutôt vivre une vie dont j’aurai choisi toutes les composantes. Côté personnel, je me sens vraiment liiiiiiiibre tellement j’ai ce dont je rêvais. Côté pro, on peut dire que je ne le suis pas, parce que je ne me sens pas satisfaite. Le problème, c’est que j’ai l’impression de me lasser vite, quoique je choisisse alors j’ai l’impression que je suis partie pour me recycler tous les 5 ans, comme ta maman ! huhu
Bonne liberté à toi ! (mais vraiment, tu veux pas un petit chandail pour regarder la mer ? ça caille un peu en ce moment !!)
Oui tu as raison, c’est vraiment pas la saison pour montrer ses seins !
Choisir toutes les composantes ! C’est dur et parfois j’ai l’impression que c’est le projet d’une vie entière pour y parvenir un tout petit peu… Mais au moins, ça nous fait des choses à faire, des objectifs : comme ça on ne s’ennuie pas 😉