Le temps passe vite en ce moment. Mais vite vite, quoi.
Ça a peut-être toujours été aussi rapide. C’est juste que ces derniers temps, quelques petites choses m’ont frappé.
Le temps passe vite. Même si ça dépend des fois. Ça dépend pour quoi.
Ça passe trop vite quand on peut désormais compter en semaines, et même en jours, le temps qui nous sépare du premier anniversaire de mon bébé.
Quand, pendant tout ce temps, je continuais de me prendre pour une jeune accouchée, alors que j’étais juste une maman.
Le temps passe trop vite quand mon fils sait parler au passé simple (mais il est clément, le temps, parce qu’il a encore du mal avec certains verbes : « Il prenda sa soeur par la main et il voula lui donner un repas »).
Qu’il sait que le jeudi vient après le mercredi. Que le samedi et le dimanche, il n’y a pas école «parce que le cartable du tableau de la maîtresse il est rayé».
Et le temps ne passe pas si vite, finalement, quand il passe cinq minutes à bafouiller parce qu’il ne se souvient pas lequel, de l’éléphant ou de «l’éphélant», est le vrai animal.
Mais le temps passe vite quand hier j’avais hâte qu’il fasse froid et qu’on prépare Noël. Et que demain c’est déjà le printemps.
Ha non… Le temps passe décidément vite quand, en fait, le printemps, c’était hier.
Le temps passe si vite lorsque la doyenne de ma famille a déjà 83 ans… alors que l’année dernière elle en avait 58 à peine. Que je lui arrivais aux genoux, qu’elle m’appelait «ma chérie» ou «mon petit cœur» et qu’elle me chantait, pour m’endormir, une histoire de rêves bleus (pas ceux d’Aladdin, qui n’existait pas encore, je suis vieille, souvenez-vous en).
Le temps passe vite lorsque le dernier enfant de mes parents a 30 ans, et qu’on est tous rien que des vieux.
Le temps passe vite quand c’est moi, l’enfant qui va avoir 30 ans. Que 30, ça fait deux-fois quinze, trois fois dix. Et que je me souviens de mes quinze ans, et même de mes dix ans, comme si c’était la semaine dernière.
Alors on l’arrête, le temps, pour jouer aux cabanes sous la table, à la dînette de fruits au poisson, à cache-cache derrière le canapé. À croire au père Noël, aux cloches de Pâques, aux gentils ET aux méchants géants. Qu’on imite leur pas lourd, leur chant enjoué, ou leur grosse voix menaçante. Quand on joue aux enfants, le temps n’existe plus.
Puis il reprend sa course. Il nous dépasse. Il ne s’essouffle jamais. Il est plus fort que nous.
Il passe trop, trop vite (trop trop), quand je réalise mardi que je dois trouver un costume de carnaval pour mon fils, pour dans dix jours (que je vais faire moi-même, je le sens… il me faut du tissus marron pour le déguiser en tronc d’arbre. Facile).
Le temps passe vite, tiens, quand mon fils fait son premier carnaval (même s’il fait déjà la foire à la maison, et depuis bien longtemps).
Il essaye de ralentir le temps, lui, quand il fait semblant de pleurer, rien que pour être cajolé, rien que pour être un bébé. Encore un peu (même si son imitation du pleur de bébé est absolument ridicule et crispante).
Et quand il me dit «maman, moi je ne veux jamais devenir mort» alors là c’est moi qui attrape le temps par le collier et qui lui hurle d’arrêter. De se calmer un peu. De nous laisser tranquilles. De nous laisser vivre et de nous foutre la paix. Je lui fais les gros yeux, au temps. Et je vois qu’il continue de passer trop vite parce qu’à me regarder faire, mon fils constate que mon regard «est rempli de haine» (il faut qu’on arrête les livres, je crois… connaître plein de mots à 3 ans, c’est bien. Mais parfois c’est bizarre, aussi).
Le temps s’arrête, parce qu’elle m’appelle encore «mon petit coeur» et «ma chérie». Sur le même ton, de la même voix. Qu’elle fait parfois comme si j’avais toujours 4 ans. Que pour moi elle en aura toujours 58.
Le temps est doux, parce qu’à 20 ans on s’énerve de ceux qui s’évertuent à croire qu’on aura toujours 4 ans. Alors qu’à 30 ans on considère ça comme un luxe que de moins en moins de gens peuvent nous offrir.
Le temps, heureusement, m’accorde un peu de répit quand leurs corps sont si petits qu’ils se blottissent encore parfaitement dans mes bras et que leurs petites joues rondes s’enfouissent dans le creux de mon cou. Ouf. J’en profite, alors.
Par contre le temps est lent, lent, lent… quand ce bébé de presque un an passe ses journées à dire «Papa». Depuis 3 mois. Sans jamais UN SEUL «maman» (et «maman», c’est «maman». pas «Papeu», ni «bwvoueu». MAMAN quoi).
Tu m’as collé la nostalgie là. Presque la chiale.
C’était doux…
Ma fille arrive à un âge où j’arrive enfin a me calmer et à ne pas avoir trop « hâte que… ». Elle a 8 mois et j’ai envie qu’elle garde ce sourire et ces joues rondes pour toujours.
(Et je pleure tiens!)
Moi j’ai été surprise de la différence : pour le 1er j’avais toujours « hâte que »; mais pour la deuxième, je voulais ralentir le temps… mais impossible, il faut se rendre à l’évidence 😉
Ha ces petites joues comme des petites pèches dodues ! J’en mangerais jusqu’à l’infini si je pouvais 😉
Mince, t’as failli me coller la chialouze. Je suis chez la coiffeuse, j’aurais eu l’air malin, tiens !
Ici aussi le temps passe trop vite, je la regarde dormir et j’ai envie de coller mon nez dans son cou, sentir son odeur qui un jour ne sera plus celle d’un si petit bébé, sentir sa peau si douce, ses joues si rondes… Mon cœur de maman se brise un peu chaque soir de louper des trucs, de la voir grandir si vite, de l’aimer si fort…
Haha « la chialouze » 😉 Oui… j’oscille tout le temps entre plaisir de les voir grandir, fierté aussi… et le coeur qui se brise, comme tu le dis si bien : de voir que ça passe, que je ne peux pas ralentir la cadence
J’aime beaucoup !
Merci Marie 😉
Moi j’apprécie que le temps file ainsi parfois, parce que je ne change plus de couches, parce que je peux réfléchir avec eux de ce que c’est la mort, l’amour, retrouver mes yeux d’enfants à travers les leurs… jusqu’à ce que je m’aperçoive que mes bébés ont leur premier bulletin scolaire (gloups, c’est quoi ce système ??), que je n’ai pas vu de coiffeur depuis 8 mois, que j’ai encore un t-shirt de 1992… et que je n’ai pas vu ma meilleure amie depuis TROP longtemps 😉
Joli texte 🙂
Un bulletin scolaire… En maternelle ? Je ne savais même pas que ça existait. Hé bien tu devrais appeler ta meilleure amie ou lui envoyer un SMS et si ça se trouve elle est libre pour déjeuner la semaine prochaine ou pour le week end de pâques ! Fonce, le temps passe si vite que si tu attends, vous serez trop vieilles et rouillées 😉 (j’ai failli écrire « le temps passe si Bite »…)