Les amis, j’ai une nouvelle patronne.
J’en avais rêvé, je vous en avais même parlé ici.
Ça y est, je suis embauchée.
Ma patronne est jeune (enfin, «jeune», comme moi). Elle a plein d’idées, et parfois, elle n’en a pas du tout. Elle croit en ce qu’elle fait, elle croit que ça va fonctionner quoi qu’il arrive. Elle dit que sinon, elle vendra des fringues chez Zara (et demandera une ristourne employé).
Elle est toujours partout. En Normandie, à Paris, à Poitiers… à Brest.
Elle me laisse m’habiller comme je veux, à condition que mes vêtements ne me fassent pas un gros derrière et les seins trop plats.
J’ai le droit de me maquiller, ou pas. Mais elle m’a dit d’arrêter de me frotter les yeux quand je porte du mascara.
Elle me sert un café lorsque je m’installe, le matin.
Elle me laisse partir à l’heure que je veux pour aller chercher mes enfants. D’ailleurs, elle dit que mes enfants sont «trooooooop mignons» (mais elle admet aussi qu’ils sont sacrément bruyants). Parfois, elle part plus tôt parce que ses enfants sont malades. Je ne juge pas : ça ne lui arrive pas plus souvent qu’à moi.
Comme toutes mes patronnes précédentes, ma patronne m’a laissé entendre que ça ne serait pas pratique que je tombe enceinte tout de suite. Je lui ai répondu que ça n’était pas dans mes plans, comme à toutes mes précédentes patronnes.
Ma patronne a fait sa crise de la trentaine. Au lieu de s’acheter une Ferrari (trop couteux), ou une grosse montre sertie de diamants (trop voyant), ou de se taper un petit jeune (trop compliqué), elle a décidé de monter sa boîte. Et de fonder tous ses espoirs sur moi.
Elle est gentille : elle me laisse faire mon Leclerc Drive à mon bureau. Et pour compenser, elle me rappelle 50 fois par jour que tout l’avenir de la boîte repose sur mes épaules.
«Tu bosses, tu fous rien, je m’en fous, me dit-elle souvent. C’est juste que personne d’autre que toi ne pourra ramener de l’argent dans nos caisses donc, à choisir, je préfère que tu te bouges les fesses». Quand ma patronne me parle de mes fesses je le prends bien. Et ne porte jamais plainte pour harcèlement : je sais qu’elle n’a pas d’attirance particulière pour mes fesses, qu’elle ne voit qu’en de très rares occasions.
Et j’ai décidé de faire mes courses le soir ou le week-end, finalement…
Pareil pour mes vacances, que ma patronne me laissait planifier en pleine journée de travail parce qu’elle avait en tête de se joindre à nous…
Avant, ma patronne avait des principes forts sur le langage qu’elle voulait employer au quotidien. Elle disait : «on est en France, merde ! C’est quoi cette manie de mettre des mots anglais partout ?!».
Depuis, elle a vécu des trucs. Alors elle se permet de parler de challenges, de leadership, de team building. Elle s’est même récemment penchée sur la question du media training. Je lui ai dis que là, elle poussait le bouchon. «You push the bouchon», je lui ai dit. Elle a donc accepté de remplacer les «to do» par des listes de tâches.
Pour la nouvelle année, ma patronne a dit qu’elle allait m’assommer de travail. Elle m’a demandé quelles étaient mes bonnes résolutions. M’a vu commencer à réfléchir. M’a coupé la parole pour me dire : «moi je voudrais qu’à Noël dans un an, tu sois épuisée d’avoir tellement travaillé».
Je lui ai dit «d’accord» : je suis toujours d’accord avec ma patronne, parce que moi dans un an, ce que je veux c’est qu’elle me file tout son argent.
Ma nouvelle patronne, quand j’y pense, je ne sais pas si c’est la patronne de mes rêves…
Pas de journée cohésion d’équipe prévue à Disney pour l’instant (elle dit que nous ne sommes pas assez nombreux… je réponds que justement, c’est encore mieux !); et ma proposition d’entériner le CDVA (Ciné du Vendredi Aprem) est rejetée à chaque point hebdo du lundi matin. Et elle me donne tellement de travail que je n’ai plus le temps d’écrire ici…
Donc je ne dirais pas qu’elle est tout à fait parfaite, cette patronne.
Elle m’a dit que la prochaine fois que je déjeunerais en ville avec un homme (le mien), ça serait sur le compte de la boîte. J’ai trouvé que c’était quand même une vraie copine.
Elle râle et même parfois, elle se fâche. Souvent contre moi, mais aussi contre la terre entière (c’est plus marrant). Elle met souvent sa mauvaise humeur sur le dos des autres : la société, le chômage, les catholiques extrémistes, les chats sans poils, les gens qui disent «je vais au dentiste» ou «c’est le frère À Rolland»…
Quand elle est de bonne humeur, elle dit que la vie est belle et elle chante dans le bureau en buvant du thé (les vendredis, elle danse en chaussettes).
Ma patronne, je la connais déjà très bien. Et j’ai l’impression d’en apprendre davantage sur elle, semaine après semaine. Je ne pensais pas qu’elle serait capable de faire ce qu’elle fait. Et en même temps, je l’avais deviné il y a longtemps.
Parfois, j’ai envie de lui dire qu’il ne faut pas qu’elle minimise tout ça : qu’elle aussi, elle a le droit de réussir. Elle m’écoute mais souvent, elle doute encore. Alors, je l’envoie discuter avec ses amis ou je lui montre une photo de mes enfants : pour lui redonner la foi et pour l’attendrir (et qu’elle m’offre des biscuits aux pépites de chocolat pour mon goûter).
Et dès que j’ai l’impression qu’on avance, dès qu’on décroche un rendez-vous, je lui dis qu’il faut fêter ça. Dans l’espoir qu’elle me paye le champagne, certes. Mais surtout pour qu’elle se détente un peu et qu’elle savoure les bons moments. Qu’elle vive dans l’instant, qu’elle fasse gaffe parce qu’elle a tendance à se faire des cheveux blancs (ça la vieillit, et je sais qu’elle n’aime pas ça, ma patronne).
Elle m’a dit que nous n’aurions pas d’alcool au bureau (pas chic), mais pour le chocolat, elle est d’accord (ouf).
Ma nouvelle patronne mise tout sur moi. Je mise tout sur ma nouvelle patronne. Sans elle, je n’irai nulle part, et vice versa.
Ma nouvelle patronne, c’est moi.
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On a la même patronne !!
Si si je te jure. La mienne m’a dit pareil pour la grossesse et elle est cool aussi pour les enfants malades – tellement cool qu’elle l’a pas trop mal vécu de pas me voir du tout la semaine dernière ! (moi, moins, je me serais bien échappée 1 jour ou 2 de la maison quand même !)
Et puis surtout, elle me répète la même chose que toi : « Parfois, j’ai envie de lui dire qu’il ne faut pas qu’elle minimise tout ça : qu’elle aussi, elle a le droit de réussir. Elle m’écoute mais souvent, elle doute encore. »
Et last but not least, elle a dit que bientôt, elle te ferait un mail ! Peut-être même cet après-midi tiens ^_^
(c’était super bien écrit et rigolo… j’en ai bien besoin en ce moment !)
Hey !!!! Ta patronne ne m’a pas envoyé de mail ! C’est une menteuse (comme la mienne, qui ment très souvent, cette idiote).
Je me doutais que nos patronnes se ressemblaient. Un jour on leur arrange un rdv pour qu’elles aillent boire un café !
(qui sait, ma patronne pourrait très bien passer à Lyon)
Félicitations pour ta crise de la trentaine (enfin celle de ta patronne) !
C’est une chouette aventure et je te souhaite d’être bien bien fatiguée à la fin de l’année ! (Et d’avoir plein de sous)
Merci ! Oui, beaucoup de fatigue et du fric, du fric !
Ah tu m’as eu jusqu’au bout 😀
Parfaite patronne !! Enjoy 😉
Héhé ! Je me demandais si l’effet suspens marcherait, super !!!
Mais c’est trop bien ! Bravo nouvelle patronne !
Merci ! Ben ouais c’est trop bien, champaaagne ! (ha non c’est vrai, la patronne a dit non… connasse…)
Bravo à cette nouvelle patronne !
Concrètement, puis-je demander à cette nouvelle patronne en quoi consiste son travail, celui dont elle va s’assommer?
Merci !
Oui, la patronne m’a dit d’en parler bientôt (enfin un jour quoi). Indice : ça reste dans la sphère de la communication? Ce n’est ni une agence, ni du community management, ni de la rédaction.
La suite au prochain numéro 😉
ça donnerait presque envie de l’avoir aussi comme patronne ;).
Félicitations comme on dit ^^
Ben ouais elle est chouette cette patronne : parfois elle me paye même un jap’ pour le déjeuner 😉
Super billet !!
Et ta patronne, elle est pas un fainéante quand il fait froid et qu’il pleut beaucoup dehors ?
Parce que la mienne, dans ces conditions, elle a du mal à se bouger !
Si ma patronne s’arrange pour me faire bosser sur des trucs qui ne nécessitent aucun déplacement les jours où le temps est pourri. M’enfin parfois il faut se résoudre à affronter les éléments déchainés (et en ce moment à Brest, c’est la teuf…).
Elle a vraiment l’air cool. J’espère que vous allez continuer à former un beau duo.
(je connais quelqu’un de très bien qui traite les gens parlant d’eux à la troisième personne)
(j’y vais une fois tous les quinze jours)
😉
Hahaha ! Pourquoi, c’est pas bien de parler de soi à la 3e personne ?
(le fait même que je pose la question justifie que je consulte, peut-être…)
Bravo à ta patronne pour cette nouvelle vie , et pleine réussite dans vos aventures à toutes les deux.
La mienne est du même acabit, un bonheur !