En général, je me tiens à l’écart des débats qui agitent notre société. Ils ne sont que colère et incitation à la haine. Si j’y prends part, le malaise monte, je le sens. Mes joues rougissent, mes narines se dilatent et je me mets à postillonner à grandes eaux. L’horreur.
En général, donc, je me tiens à l’écart des débats.
Sauf que… Récemment, des mots ont effleuré mes oreilles. Des mots qui ont retenu toute mon attention : « Tous à poils ». Les poils j’aime, et puis aussi, je n’aime pas. Au début je fais « hihi » et puis après je me souviens que les poils j’en ai partout là où je n’en veux pas. Alors je râle.
J’en ai donc déduis que ce débat-là était éligible à mon Grain de sel.
Pour autant, je n’ai pas tout suivi, parce que Jean-François Copé a dit que ce livre encourageait l’irrespect envers les enseignants. Or je me souviens avoir chanté, enfant : « Haut les mains, peau d’lapin, la maitresse en maillot de bain !». Les maitresses on su rester sourdes à mes injonctions (et vêtues). Ce qui a donc eu pour effet direct de renforcer mon respect à leur égard, finalement.
Mais pourquoi pas, ai-je pensé. Et si, au lieu de dénoncer, c’était l’occasion de mettre en avant les livres propices à l’épanouissement de nos enfants : à leur accès à la condition d’adulte responsable et respectable ?
Et c’est là que j’interviens.
Dénoncer, au fond, ce n’est pas moi. J’aime tout et tout le monde (sauf les poils). Je préfère prendre du recul par rapport au désordre social ambiant ; développer une approche constructive. Et positive.
Et vous proposer ma sélection des histoires qu’il faut absolument raconter à nos enfants.
En m’appuyant sur des arguments solides, que je vous invite à reprendre à votre compte afin de briller en société.
1/ Le Petit Poucet : apologie du système D
L’histoire : un bucheron et sa bucheronne n’ont plus un rond. Et en plus, ils vivent au Moyen Âge, ce qui n’arrange rien. Ils ont sept fils. Or les garçons, ça mange beaucoup (et les filles, c’est doux et docile… Sauf dans Tomboy). Doués pour les maths, les bucherons déduisent, à l’issue d’une équation à 5 inconnues et 4 nombres premiers, qu’il faut qu’ils se débarrassent de toute leur portée, qu’ils ne peuvent plus nourrir de toute manière.
Le dernier de leur fils, qui est tout petit mais très malin, sauve ses frères par trois fois. Provocant par effet collatéral la mort de 7 petites ogresses, il trouve des bottes magiques grâce auxquelles il ramasse un max de fric. Peu rancunier, il délivre ses précieux deniers à ses parents, qui décident d’acheter un gros gigot et de récupérer tous leurs fils pour fêter ça.
Pourquoi c’est bien : parce que quand il n’y a pas d’emploi, pas d’argent et pas de gigot… et que l’Etat ne fait rien pour arranger les choses, il faut trouver des solutions « maison ». Et la morale de l’histoire est là. Est-ce que la solution réside dans l’abandon d’enfants (en se gardant la totalité des allocs) ? À moins que ça ne soit dans le travail des enfants, qui finissent par rapporter l’argent à la maison. Quoi qu’il en soit, le bucheron et la bucheronne sont récompensés pour leur audace et leur sens de la démerde, puisqu’ils finissent riches.
2/ La petite sirène : rien que du bon sens
L’histoire : Ariel (oui je vais faire simple : ma référence, c’est Disney). Ariel, donc, vient d’avoir 16 ans et quelque chose la titille au niveau des hormones. Elle a des seins tous neufs, qu’elle range dans deux coquillages violets qui cliquètent lorsqu’elle danse la biguine. Elle veut tester l’effet de sa voix de cristal et de sa crinière rousse bourrée de phéromones sur les sujets de sexe masculin. Assez vite, elle tombe sous le charme du prince Eric et décide de faire changer sa queue de sirène en jambes d’humaine pour multiplier ses chances de le séduire.
Pourquoi c’est bien : les bénéfices éducatifs de cette histoire sont si nombreux que je ne saurais par lequel commencer…
D’une part, Ariel va faire ce que l’on fait à 16 ans : choisir pile poil le mec que papa ne peut pas blairer. Et je trouve qu’il n’est jamais inutile de rappeler, aux parents comme aux enfants, que c’est justement tout l’intérêt de l’affaire.
Ensuite, Ariel opte pour un changement d’anatomie, que je qualifierais de radical. C’est déjà, pour les plus petits, un message d’optimisme et un voile levé sur une solution à bien des problèmes : la chirurgie esthétique.
Enfin, j’ai gardé le meilleur pour la fin. Cette histoire valorise la gent féminine à travers cet exemple flagrant d’intelligence. Il n’a pas fallu plus de 2 secondes à Ariel pour comprendre que, pour se taper Eric, elle aurait besoin de se débarrasser de sa nageoire au profit de vraies jambes et donc : d’un vagin.
Et je rajouterai, au nombre des enseignements positifs de cette histoire : cet inspirant exemple de dépassement de soi. Ariel ne choisit pas de se donner au premier boutonneux venu : elle vise directement le prince. Et c’est beau, ce que ça dit : les filles, rien n’est trop beau pour vous. Qui a envie de rouler des pelles à la grenouille pauvre et moche, alors qu’un prince beau et riche est à portée de nageoire ?
3/ Cendrillon, Blanche Neige, Ansel & Gretel : le cas de la belle-mère
Les histoires : ces héros-là ont le point commun d’avoir vu un jour leurs pères épouser une autre femme, qui n’est pas leur mère… Qui est donc : leur belle-mère.
Celle-ci tient absolument à se faire appeler « Maman » et leur offre un IpadAir pour acheter leur amour. Mais elle se sent vite éclipsée par la beauté exceptionnelle de sa belle-fille ou embarrassée par un beau-fils dont elle ne sait que faire parce qu’elle n’aime pas les garçons (les garçons sont turbulents et transpirent alors que les filles jouent calmement à se coiffer mutuellement les cheveux… Sauf dans Tomboy).
Belle-mère n°1 séquestre Cendrillon dans son grenier. Belle-mère n°2 demande au chasseur de tuer Blanche Neige et de lui ramener son cœur sanguinolent, qu’il aura au préalable arraché à mains nues et à même le poitrail de la pauvre pucelle. Or ce couillon, ébloui par la fraicheur de la jeune fille, se dégonfle. Alors la vilaine belle-doche est obligée d’empoisonner Blanche Neige à l’aide d’une pomme aux OGM.
Pendant ce temps, belle-mère n°3 abandonne Ansel et Gretel dans la forêt, où ils se font repêcher par une sorcière qui veut les dévorer alors qu’elle a déjà largement de quoi manger, vu qu’elle vit dans une maison en bonbons.
Pourquoi c’est bien : parce qu’on se trouve ici en présence de femmes de caractère, qui savent ce qu’elles veulent et comment l’obtenir. Dans le combat qu’elles livrent afin de constituer une famille recomposée solidement ancrée dans la reconstruction, elles font preuve d’une admirable capacité à utiliser toutes les ressources à leur disposition. Allant jusqu’à user du bon vieux filon de l’abandon d’enfant en plein bois, qui a déjà fait ses preuves (cf. plus haut). S’érigeant en véritables Mères-Courage, elles font largement mentir l’idée reçue qui suggère que les belles-mères sont des connasses.
4/ Mention spéciale : Aladdin, ou ne pas juger sur les apparences
L’histoire : Aladdin vit dans la majestueuse cité d’Agrabah. Contrée fictive du Moyen Orient où murissent des fruits gorgés de soleil, proposés en abondance sur les étals des souks qui jalonnent les rues au sol en terre battue.
C’est chouette, sauf qu’Aladdin est pauvre, et que ça commence à le miner sérieusement.
Il décide donc d’utiliser son bagou, son physique de surfeur et son charme. Se déguise en prince, s’auto baptise Ali Ababouah, et séduit la fille du Sultan. Bingo.
La jeune fille veut immédiatement épouser ce prince qui l’emmène au septième ciel dès le premier rendez-vous, à grands renforts de tapis volant et de Génie de la Lampe.
Lorsqu’elle apprend qu’Aladdin est pauvre, orphelin, et qu’il ne souhaite pas se débarrasser de son singe lorsqu’il emménagera avec elle, Jasmine (la princesse) à un peu les boules. Mais Jafar, le méchant de l’histoire, menace de tuer le Sultan son papa, ce qui finit de précipiter Jasmine dans les bras d’Aladdin : en effet, c’est lorsqu’on frôle le pire que l’on voit ce qui compte vraiment.
Pourquoi c’est bien : à mi chemin entre Christophe Rocancourt et Kate Middleton, Aladdin nous montre qu’on peut tout avec un peu de charme et d’audace. Il manque de tout perdre : sa princesse, l’argent, les palais. Mais au final, il se met tout ça dans la poche, grâce à un beau-père un peu gâteux et à l’amour, qui finit toujours par triompher. Et c’est beau.
Je pourrais continuer des heures, ainsi. Vous parler de la Petite Taupe à qui on avait fait sur la tête : où, sans jamais lâcher le mot « caca », on découvre que tous les animaux ont un format de crotte qui leur est tout personnel.
Ou encore Sim le Souriceau : où comment ce brave souriceau, malgré son pied bot, réussi à nouer une amitié sincère avec un corbeau, une grenouille, une taupe myope et même un bébé hérisson très peureux. Comme quoi, même quand on est handicapé, quand on veut, on peut.
Je m’arrête là pour aujourd’hui. J’ai failli vous parler de Mulan, qui se déguise en homme pour partir à la guerre à la place de son papa, bien trop faible (et vieux) pour combattre. Mais ce serait faire l’éloge des garçons manqués.
Or ma maman m’a toujours dit : « garçon manqué, fille réussie ».
Il n’y a donc pas de débat.
À tous, bonnes lectures, et bons DVD !
LOL
Et outre le côté éducatif, c’est bien d’encourager la lecture chez les enfants: ça éveille l’esprit, la réflexion… et c’est souvent moins riche en programmations négatives que la télé.
Moi j’aimais beaucoup Martine 🙂 et les contes avec audio!
Hihihi, t’es tarée !!!
J’adore le « garçon manqué, fille réussie ». Je connaissais pas, ça veut tout dire. 🙂