J’allais partir en vacances, et même, j’étais très contente.
Oui. Parce qu’en Juin j’y pensais déjà tous les jours, à mes vacances.
Et quand Juillet est arrivé, tout est devenu encore plus pénible. Plus lourd.
Je commençais sérieusement à accuser le coup.
Le coup de trop, voyez-vous ?
Le coup de l’articulation estivale entre les deux étapes d’une course éreintante : la trêve entre le janvier-juin et le septembre-décembre. Ce moment où j’ai enfin levé le nez de mon écran pour réaliser qu’en fait nous y étions : c’était l’été. Cette découverte déconcertante fut doublée d’une seconde sensation qui m’a fait l’effet d’une gifle : j’étais à bout.
Oui : c’est l’été, c’est juillet, et donc, je n’en peux plus. Comme tous les ans.
Mes paupières étaient lourdes, mes épaules tombantes. J’étais tellement fatiguée que j’ai même envisagé le No-Poo : cette tendance américaine qui consiste à ne PLUS JAMAIS se laver les cheveux (PLUS JAMAIS). Monsieur Grain de Sel m’a dit « ça va puer », je lui ai répondu que je savais de source sûre (Twitter) que même pas vrai.
Pourquoi est-ce si difficile, Juillet ?
Parce que ça n’est pas fini. Loin de là. C’est bientôt la pause, mais c’est pas fini.
Boucler ceci et cela avant de partir en vacances. Regarder dans le détail tout ce qui n’est pas abouti, préparer les enfants, les départs, les retours, les arrivées et les affaires, qui devront rouler avant et après, parce qu’il le faut bien.
Tout ça avec, en fond de gosier, le goût amer de l’inachevé. Qui s’installe et fatigue encore davantage. Et l’idée, vicieuse, qu’il ne faut pas trop se poser non plus : parce qu’il en restera tant à faire d’ici la fin de l’année.
Alors je ne me suis pas laissé faire. J’ai voulu lisser mon front plissé d’angoisse, j’ai posé la question : quand arrive Juillet, qu’est-ce qui est fait ?
Et si, trop occupée à penser déjà aux défis d’après-été, j’en oubliais que je n’ai pas rien fait depuis janvier. Même, quand j’y pense, j’ai fait le contraire de rien.
Alors j’ai voulu faire une liste. Pour voir en face tout ce qui a déjà été fait.
Tous ces gens que j’ai vus : j’ai compté nos visites, nos soirées. J’ai réalisé qu’il y en avait eu. Beaucoup pour certains, un peu moins pour d’autres. Mais il y en a eu.
Ces objectifs professionnels que je m’étais fixés. Qu’ai-je fait pour les atteindre ? Je ne parle pas de les réaliser : certains objectifs portent sur plusieurs mois, voire même plusieurs années. Mais pour y arriver, j’ai dû en faire, des choses ! Et paf : sur la liste !
Et là, toute à ma liste de choses chouettes faites (à prononcer la bouche pleine de chips, c’est plus drôle), quelle ne fut pas ma surprise lorsque j’ai compris qu’en fait, j’avais même atteint certains de mes objectifs !
Et moi qui partais en vacances sans avoir pris le temps de voir que j’avais FAIT ! Sans toucher du doigt le chemin que j’ai déjà parcouru. Qui n’est pas fini, tant mieux. Et qui est plein de bonnes raisons de me satisfaire.
J’allais partir, lourde du poids de ces 6 mois épuisants sur tous les plans… Sans songer à me laisser alléger par le plaisir de voir en quoi cette année 2014 est déjà pleine de belles choses, de bons moments, de réussites, de rencontres, de joies.
J’ai trouvé ça injuste. Et dangereux.
J’ai senti le risque de minimiser ce qui a été fait. TOUT ce que j’ai fait. De le laisser de côté comme des riens, ou comme si c’était normal.
J’ai décidé de me rebeller contre les « c’est rien, c’est normal ».
Rien n’est rien. Rien n’est normal. Je ne suis pas restée au lit pendant 6 mois. Je n’ai pas rien fait ; au contraire, je n’ai cessé de faire. Parfois ça n’y ressemble pas, et pourtant, c’est bien là : c’est fait.
Oui, bien sûr, elle est aussi pleine de détails beaucoup moins charmants, cette année 2014. Vais-je consacrer du temps à me concentrer dessus encore ? Non, je passe. Je suis sur le pont de juillet, entre l’avant et l’après. Je laisse à l’avant ce qui me parasite. Je récupère et goutte plus en profondeur à ce qui a été bon. Et le garde comme socle pour l’après.
Et notant sur un papier tous ces éléments, je m’en suis de nouveau réjouie. J’ai ressenti une seconde fois la satisfaction de ce qu’ils ont été, de la part que j’y ai prise, de la fierté que je peux y mettre.
Je me suis sentie légère. Début 2014 était inscrit là : avec tout ce qui en faisait un bon début d’année. Avec tout ce qui indiquait qu’en effet, il était grand temps de partir en vacances.
Je me suis dit que c’était sans doute un bon exercice : comme un régime détoxifiant pour l’esprit, de manière à le laisser dans les meilleures dispositions possibles pour les vacances d’été.
Noter tout le chemin : les petites, moyennes, grandes choses. Ce que nous avons fait. Ce qui était bien : bien fait, bien pensé, bien dit, bien vécu.
Et comme ça, une fois que j’ai donné toute sa place à mon début d’année, j’a pu partir et de dénouer le temps de quelques semaines les liens du quotidien.
M’éloigner de la vraie vie, et vivre pour de vrai.
Pour passer de bonnes vacances, pour me sentir bien, pour aborder le retour avec le sourire, j’ai demandé à 2014 de me montrer ce qu’elle avait dans le ventre.
Je me suis réjouie encore et encore à mesure que ma main offrait au papier les richesses d’un semestre.
Et je suis partie.
Très bel été à vous tous !
PS : d’ici mon retour je reste présente sur Instagram pour partager avec vous mes plus beaux couchers de soleil, à l’occasion. Vous vous joignez à moi ? On pourrait appeler ça : « j’te montre le mien, tu me montres le tien ».
On dirait que c’est coquin, comme ça, mais par pitié, tenez-vous en à du non censurable ! Instagram se veut pudibond
C’est vraiment une excellent idée que tu as eu, je peux le faire aussi ?
(Tongs gazon , pour de bon ? Mdr)
Vas-y ! C’est libérateur !!!
Ah le coup de la liste avec les choses réalisées pour se rendre compte qu’on n’a pas foutu que dalle ! Perso, c’est mon mec qui, fatigué de me voir fatiguée, m’a dit « Prends une semaine de vacances ailleurs (il bosse et moi je travaille à la maison) et avant, liste tout ce que tu as fait depuis le début de l’année. Tu MERITES tes vacances ».
C’est juste histoire d’être bienveillant avec soi et de se montrer positif.
Alors toi aussi, tu MERITES tes vacances et profite bien.
Laure
Bien utile cette liste quand on a l’impression de ne jamais en faire assez… Belles vacances bien méritées (bien que j’arrive sûrement un peu tard…)