La femme sans histoire

Les amis, ça ne vous dérange pas que je vous fasse le coup de la panne ?

Je me disais, vous et moi… Ça fait longtemps.
Un peu plus d’un an. Le genre qui commence à compter.

Donc, intimes comme nous le sommes… Je vous fait le coup de la panne.
Oui ? C’est bon pour vous ?

C’est pas encore un de mes trucs de voiture. Ma voiture et moi, nous vivons des choses intenses. Le genre de relation passionnelle, vous savez ? Je l’ai vue sur un écran d’ordinateur, un samedi après-midi de janvier 2011. Et dès le premier regard, je l’ai désirée. Ardemment, je l’ai voulue. Je voulais y mettre mes fesses, y installer tout ce que j’avais de plus précieux dans de jolis fauteuils molletonnés. Bref, ça devient cochon, je m’arrête là. Ne retenons que l’essentiel : entre elle et moi c’est fort. Mais du coup, aussi, c’est houleux. La passion, vous savez, c’est à double tranchant. Pas plus tard que ce matin, par exemple, elle m’a envoyé un coup de portière dans le genoux. Pas grave : je lui avais foutu un tas d’épines de sapin sur la banquette arrière, juste avant. Nous sommes quittes.

Non, les amis. Je vous fais le coup de la panne, et ça n’a rien à voir avec ma voiture, pour une fois.

Je ne savais pas comment illustrer ce billet. Finalement, j'ai choisi cette image de quand Ariel la Petite Sirène se retrouve à poil : ça cadrait avec le principe du coup de la panne...

Je ne savais pas comment illustrer ce billet. Finalement, j’ai choisi cette image de quand Ariel la Petite Sirène se retrouve à poils : quand on ne sait pas, il faut mettre des femmes nues, c’est ça qui marche…

Je vous fais le coup de la panne, je vous coince avec moi.

Je suis coincée et j’ai envie de compagnie.

Ça n’est pas comme si les mots ne venaient plus… ça n’est pas le genre de problème qui me guète vous savez. Les mots, j’en aurai toujours.

En ce moment, j’en ai plus que jamais.

Ils sont là, partout. Ils tourbillonnent dans ma tête. Il y en a dans tous les sens. Parfois, je perds l’équilibre. Ils habitent mon coeur. Ils investissent mon corps.

Les mots sont partout. Me font vibrer comme une adolescente qui découvre la vie, qui découvre l’amour.

Les mots brûlent, les mots vivent. Les mots, les mots, les mots.

Je n’ai que ça à la bouche, et pourtant, quand il revient à mes doigts de vous les livrer : rien.

Je me suis souvenue de cette maxime qui m’a toujours intriguée autant qu’elle me frappait par la manière dont elle se confirmait dans la vraie vie : «Les gens heureux n’ont pas d’histoire». Impossible de me souvenir de son auteur. Je savais que c’était vieux. J’avais gardé en tête qu’elle venait d’une femme d’un autre siècle. Mais rien… (dis, Google, va falloir te décider entre Stendhal et Beauvoir, hein…).

Oui, moi, quand je suis heureuse, il n’y a plus rien qui sort. Et pourtant, tout sort. Tout explose, tout est là. Livré au monde, porté par l’amour. Oui, pourtant : c’est dans le bonheur qu’est toute l’histoire, non ?

Je constate simplement que j’étais plus marrante quand j’étais complètement paumée. Avec un peu de chance, je vais avoir une baisse de moral un de ces quatre : on va pouvoir de nouveau se marrer par ici.

Et pourtant elle est là, l’envie d’écrire. Si profondément accrochée à mon coeur. Parce que c’est par écrit que je livre tout, moi. C’est là que je mets toute ma fragilité, toutes mes tripes. À l’oral, je parle beaucoup, je ne vous l’ai jamais caché. Mais à l’écrit, les amis, ça déménage… Si un jour je devais vous écrire une lettre d’amour, vous verriez : de l’authentique sauté de tripes rôties au feu de bois et baignées à l’eau de rose. J’aime bien.

Je voulais vous faire le coup de la panne, je l’ai fait exprès. J’ai le rire facile, l’amusement débridé, la blague habile…. N’allez pas croire… Mais je le vis, ces temps-ci, plus que je ne l’écris.

Je respire à m’en faire péter les poumons. Mes yeux voient tout, mes oreilles sont gourmandes, en veulent toujours davantage. Pour le partager avec mon coeur, qui entend tout. À qui rien n’échappe.

Tout ça, comment l’écrire ? Je cherche. Je trouve, en pensée. Et puis mes doigts veulent tout retenir. Je ne sais pas quelle pudeur, quelle timidité, se cachent derrière leur blocage.

Je cherche encore.

En attendant, je vous fais le coup de la panne, comme pour vous retenir avec moi dans cet instant si bon.

Et comprendre avec moi que parfois, quand la vie va bien, nous n’avons pas d’histoire à raconter parce que nous sommes trop occupés à la vivre.

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10 Comments

  1. Aurélie

    Et ben quand ça veut pas, ça veut pas pi c’est tout! Et en dehors d’ici, il y a peut-être d’autres projets d’écriture à creuser… Bon courage et surtout continue d’être bien occupée à vivre!

  2. ♥ parfois, quand la vie va bien, nous n’avons pas d’histoire à raconter parce que nous sommes trop occupés à la vivre. ♥

    That’s the spirit! Go girl!

  3. OK pour le coup de la panne… 🙂 Sois heureuse.

  4. Idem, très occupée a la vivre. Frustrée de ne rien écrire mais en même temps, je ne m’étais pas sentie aussi vivante depuis longtemps !
    Continue a faire la gourmande et à savourer 🙂

  5. Tacha

    Vivre pleinement sa vie, la savourer et en être consciente, c’est le Graal !
    Alors profite à fond, c’est le plus beau coup de la panne qu’on m’ait jamais fait ! 🙂

    Et comme dirait un certain Jack Kerouac: Be in love with your life. Every minute of it.

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