crer son projet marie-haude meriguet

Comment savoir si tu peux créer ?

La semaine dernière j’étais invitée dans une école primaire de Brest pour rencontrer des enfants de CM2. Le programme : rencontre avec une vraie écrivaine, en chair, en os. Moi.
Moi qui conseille toujours aux gens de parler de leurs projets : et que c’est comme ça qu’on les fait vivre, et que c’est ainsi qu’on les fait grandir, etc.
Mieux encore : parlez-en à des enfants !
Les enfants, c’est vivifiant.
Peut-être parce qu’ils ont une manière d’être vivants qui a cessé d’être la nôtre, je ne sais plus quand. Je les trouve très forts pour donner le relief. Ça fait du bien.

Ils avaient préparé leurs questions la veille avec leurs enseignants.
Ils en avaient beaucoup. Non mais : beaucoup, beaucoup.
Moi j’avais prévenu pourtant : mon livre, c’est même pas pour les enfants. Faudrait vraiment pas qu’ils lisent ça.
Pas pour eux.
Je sais pas écrire des Harry Potter.
En tout cas, j’ai pas essayé. L’idée est déjà prise de toute manière.
J’écris des trucs pour adultes qui sont pas drôles, mais où j’essaye de faire rire les gens quand-même.

Peu importait visiblement.
Et me voilà un matin, face à une soixantaine de bras qui n’arrêtaient pas de se lever. Ils me disaient « tu », il bafouillaient « vous », ils avaient plein de choses à me demander.
C’était génial.

Quand soudain…
L’un d’entre eux, un certain A., me demande ceci :
« Est-ce que tu croies qu’un enfant peut écrire un livre ? »

Alors je pense : « BAH ! Bien sûr, tu crois quoi ?! ».
Et puis…
a- Si moi j’ai pu écrire un livre, n’importe quel enfant le peut.
b- Si t’es capable de jouer trois heures d’affilée à Fornite, tu es capable d’écrire un livre.
c- Fais comme moi : écris plein de mots à la suite et au bout d’un moment ça fera plein de pages, et PAF, un bouquin !
d- Oui.
e – Réponses a,b,c, et d

Dans ma tête, les réponses se sont bousculées. J’ai fait le tri.
Et j’ai dit à A. ce que je pense, sincèrement.
Zètes prêts.es ?

Voilà ce que je pense :
N’importe quel être humain peut écrire un livre à mon avis.

J’ai rajouté que tout le monde n’en avait peut-être pas envie. Alors il nous restait quoi ? Qu’à mon avis, n’importe qui souhaitant écrire peut écrire.
Surtout les enfants, qui savent mieux rêver encore que les adultes.
Au fond, les enfants devraient écrire des livres pour les donner aux adultes, si on pousse mon bouchon un peu plus loin.

– Un livre en entier ? me demande A.
– Un livre en entier, que je réponds.

Je vois sa tête, je flaire un truc.
Finaude, j’ajoute, plantant mon regard droit dans celui de A. :
– Donc techniquement toi, par exemple, si c’est ce que tu veux vraiment, tu peux écrire un livre. Et même plusieurs.

J’aurais bien ajouté « Plutôt que de jouer à Fortnite », mais je n’avais pas le temps de lancer ce débat, et mes opposants étant en surnombre, j’avoue : j’ai craint.

Vous auriez vu le visage de l’intéressé… Soudain c’était « Et que la lumière soit » sur sa face.
Magnifique.
J’avais touché juste.

En aparté à la sortie de notre rencontre, A. m’a confié qu’il écrivait un livre (tiens donc !) et qu’il l’avait « laissé un peu reposer » pendant l’été. Mignon.
Il venait juste de décider d’en reprendre la rédaction le soir-même.
Le reste, je le garde pour moi : entre auteurs on se confie des choses, mes lèvres sont scellées. Je préfère vous laisser avoir la surprise lorsque le roman de A. sera publié.

Elle m’a marquée, la lumière sur le visage de A. J’y pense depuis l’autre jour.
C’était ravissant.
Cette lumière qui irradie directement depuis le rêve qui nous anime dès lors que l’on entend ces mots magiques : « C’est ce que tu veux ? Alors oui, tu le peux ».

Tu le peux.

Je crois que nous avons toutes et tous besoin, sur notre chemin, de personnes qui nous déposeront le cadeau de ces 8 lettres magiques.
C’est con, mais ça compte.
C’est bête, mais ça ne coûte rien.
Ça ne veut pas dire : « ce sera super réussi », ni « tu vas nous pondre un best seller mon coco », pas même « je suis sûr que ce sera bien ».
On s’en fout, mais alors qu’est-ce qu’on s’en fout !
« Tu le peux », ça veut dire « Vis-le ».
Point.
Et c’est tout le principe. Et c’est toute la beauté.
C’est pour ça que c’est si bon, de se lancer.

D’où l’irradiante joie sur le visage de A.

Dès lors que la parole est lancée : tu le peux.

J’ai pensé à A. souvent depuis ce jour-là. J’ai pensé à nous autres. À tout le monde à vrai dire.
Et je me suis dit : « Dingue quand même, ce que ces quelques mots ont dû ouvrir pour lui… comme ils l’ont fait pour moi si souvent… Tu peux ».

Et j’ai réalisé qu’il valait mieux nous les donner nous-même, ces quelques lettres.
Car créer c’est une décision.
Ce n’est rien d’autre qu’une décision.
Tu décides si tu le fais, tu décides si tu ne le fais pas.
Si tu veux le faire, vraiment, décide que tu le peux. Et dis-le toi tous les jours.
D’autres le diront aussi, tant mieux. J’avoue, c’est agréable.
Mais d’autres aussi diront l’inverse. Pas drôles. Ignorer.
Non. Le plus simple, c’est de nous le dire nous-même.
Car je vous assure, je commence à comprendre. Quelle que soit cette idée, quelle que soit cette envie, je le sais : oui, n’importe qui peut.

A. en était la preuve, me demandant à moi s’il le pouvait, alors qu’il avait déjà commencé… Ben donc… Il le pouvait et n’avait pas attendu que je le lui dise pour le faire.
Souvent, nous savons avant tout le monde.

Je ne sais pas sur quoi vous êtes en ce moment, mais je crois que la création est la fibre de l’être humain. Elle est affaire de nature.

Alors pensez (pensons) à le dire, à le redire, à roulez ces lettres jour après jour : Je peux.

** Ce qui m’amène directement à la suite de ce courrier : j’entame un cycle de conférences pour parler création.
J’ai imaginé des rencontres mensuelles, spécialement pour les gens qui créent (d’ailleurs, le projet s’appelle « Les gens qui créent ». Simple) ou pour celles et ceux qui veulent s’y mettre.
Pour les gens qui osent et veulent continuer, pour les gens qui aimeraient bien commencer à oser.
Pour celles et ceux qui souhaitent pouvoir se lever le matin en pensant : « Tu peux », ces rencontres sont pour vous.

La première soirée est le 3 octobre à Brest.
Il y en aura une dizaine, d’ici l’été prochain.
Je relayerai tout ici et sur les réseaux de l’Internet.

Pour accéder aux informations concernant cette rencontre, cliquez ici.

Si vous voulez attraper ce « tu peux » et en faire votre devise, venez : nous avons des choses à nous raconter 😉

En attendant, notez ceci :
Si tu dis que tu peux, c’est que tu peux.

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