De la survie de moi-même en milieu inconnu : les ateliers pour chômeurs

L’autre jour, j’ai eu la chance d’assister à un atelier obligatoire proposé par mon conseiller de chômage (Super Conseill’man, souvenir : j’en parlais déjà ici; il faut dire qu’on se voit souvent lui et moi…).
Mon bon ami conseiller m’avait présenté ça comme une formation sur «comment se présenter à l’oral», se déroulant de 14h à 17h.
C’était en fait un atelier sur le CV, la lettre de motivation ET la présentation de soi en 3 minutes. Ça s’est passé entre 14h15 et 17h45 (enfin moi j’étais en retard ; pour les cinq autres, ça a bien commencé à 14h). Bon…
J’arrivai donc en retard, puisque j’avais été retenue par un café accompagné d’une mignonnette chocolat-au-lait-caramel-au-beurre-salé que j’avais dégusté avec ma maman (non mais juste pour dire que j’avais de bonnes raisons de ne pas être tout à fait à l’heure ; en plus de la toute petite motivation que j’avais à me présenter à ce rendez-vous OBLIGATOIRE puisque j’ai déjà eu droit à une formation de pointe sur le CV et la lettre de motivation la dernière fois que j’étais au chômage. Ce qui ne remonte à pas si longtemps, puisque que je n’ai même pas 30 ans et qu’avant tout ça il a bien fallu faire des études. À ce stade, je tiens particulièrement à rappeler que le monde dans lequel on vit est bien cruel et que j’en suis déjà à mon 24e mois de chômage depuis le début de ma vie active).

Je m’installai donc à ma place, aux côtés d’un homme d’âge mûr à la forte odeur de transpiration, pendant que l’animatrice de l’atelier s’affairait dans tous les sens en répétant (5 fois) que j’étais en retard et que c’était tout de même très inopportun parce qu’elle devait photocopier mes documents pour les donner à tout le monde (et je rajoute en a parte : sur une imprimante qui ne marche pas, c’est vrai que c’est pas pratique…).

J’étais visiblement la plus jeune et, en deux minutes, on m’avait déjà appelé 6 fois « Mademoiselle ». J’ai donc vite compris que ces éléments conjugués (mon âge et mon retard, sans oublier ma plastique incroyable, bien entendu) donnaient à penser que j’étais une petite jeunette bien mignonne, arrivée là on ne sait pas trop comment.

NB : Tout ceci ravive en moi le houleux débat des Chiennes de garde sur l’appellation « Mademoiselle ». J’étais la première à clamer que ce combat était le plus con que la terre ait porté en son sein ; mais j’avoue que ce jour-là, j’ai eu comme l’impression que ce « Mademoiselle » là servait à me toiser plus qu’à me flatter sur mon apparente jeunesse (non, je n’ai VRAIMENT plus du tout l’air d’avoir 18 ans, faudra que je m’y fasse).

Le fait que je brandisse ce stylo-là au moment de signer la fiche d’émargement n’a pas spécialement joué en faveur de ma crédibilité.

Pouah ! C’est trop meugnon !

En même temps, sans lui je n’aurais pas pu faire ça :

Hey ! Mais ça ne serait pas le drapeau « Gay Friendly » ça ???

Lorsqu’à 14h29 nous vîmes débarquer une autre jeune femme plus en retard que moi et visiblement largement plus énervée, aussi (si tant est que ce fût encore possible à ce stade), je me sentis envahie d’une vague de chaleur où la satisfaction se mêlait à la mesquinerie.
NB : pourquoi «satisfaction» ? Pourquoi «mesquinerie» ? Pas de raison particulière, je trouvais juste que ça rajoutait au côté intense de mon récit. Au fond ça n’était qu’un atelier de chômeurs alors il faut bien que je romance un peu tout ça.

À 14h32, alors que l’animatrice croulait encore sous les polycopiés de CV barrés d’une grosse tâche noire et que mes «collègues» la regardaient, médusés, je commençais à sentir mes lèvres s’écarter en un sourire nerveux. Allait-on commencer à « travailler » ?
À 14H41, problème de photocopieuse, toujours. Animatrice en sueur, qui avait enlevé la pince qui lui tenait les cheveux puisque, à ce stade, elle ne servait plus à grand chose… Sans doute qu’à ce moment là tout le monde pouvait entendre le petit rire (mesquin, donc) qui sortait de ma bouche sans que je pus le retenir.

Lorsque tout le monde a eu sous ses yeux les CV et lettres de motivation de chacun, nous avons commencé par un rapide tour de table pour se présenter en quelques mots.
Et c’est là que j’ai fait (inconsciemment, je précise) le geste de langage corporel le plus révélateur : lorsque j’ai pris la parole, j’ai immédiatement ramassé mes bras sous la table, il n’y avaient que mes épaules et ma tête qui dépassaient. Si ça ne veut pas dire «je ne veux rien vous dévoiler, vous n’êtes pas mes potes» alors qu’on me jette une mignonnette au caramel !!!
Il faut dire que, dans ces réunions, si on ne me demandait pas systématiquement de répondre à des questions auxquelles la réponse est «RIEN», ça serait plus facile pour moi : «qu’attendez-vous de cet atelier ?», «que recherchez vous professionnellement ?», etc.

Au final, cette rencontre m’a permis de croiser deux personnes qui avaient commencé leur carrière l’année de ma naissance.
(je vous la remets juste pour le plaisir)

1983 powa les mecs !

Il y avait aussi trois autres personnes de mon âge (dont la jeune femme énervée, qui est finalement devenue ma complice ; haaa mais qu’est-ce qu’on a ri !).
Ainsi qu’un monsieur qui venait de passer 12 années dans la même entreprise ; et on a tous bien ri lorsque ma copine a cru que c’était une faute de frappe sur son CV parce qu’il avait écrit « 2000-2012 ». Alors, en lui donnant du « Mademoiselle » à la louche, l’animatrice lui a expliqué qu’on pouvait encore trouver des gens qui passent douze années dans la même boîte. Un peu comme on explique aux enfants d’aujourd’hui qu’il existe encore, même s’ils sont rares, des personnes ayant vécu la deuxième guerre mondiale.

Le fait est que sur les 6 participants de l’atelier, nous étions cinq à avoir passé moins de 5 ans dans notre dernière entreprise (et avoir été licenciés économiques, donc… mais dois-je le rappeler ?).

Et ils, enfin «nous» étions tous là : au chômage, à refaire notre CV.

Mais je ne voudrais pas avoir l’air complètement négative. Si je suis honnête (et si, si, ça m’arrive de temps à autres), je dois admettre que cet atelier nous a permis de travailler sur la présentation de soi en 3 minutes. Un exercice délicat, souvent difficile (parler de soi, mettre en avant ses qualités et tout et tout…). C’est, parait-il, LE truc qui te fait trouver un travail (si tu maitrises un peu les règles).

Mais j’en parlerai la prochaine fois (ça n’est pas pour le plaisir de créer un suspens insoutenable : j’ai vraiment juste la flemme là, tout de suite. En plus j’ai du boulot, enfin bref, je ne vais pas m’étendre trop trop, mais bon, je vais me faire un café… et je prépare un petit truc sur la Présentation Minute pour qu’on rigole un peu tout en apprenant. Dieu que cette parenthèse est longue… et un peu inutile non?…).

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5 Comments

  1. J’ai bien souri en lisant tes articles 😉 Dans le même cas que toi actuellement, et née la même année, je me heurte également aux ateliers de pôle emploi (comme je suis faible mon conseiller a réussi à me « vendre » leur formation « objectif emploi »…). Cette semaine, premier rendez-vous « administratif » (qui ne servait à rien à part remplir son dossier), et notre « assistante-coach-conseillère » me sort déjà par les yeux. La semaine prochaine, on attaque le CV, autant te dire que je suis ultra-impatiente…
    Mais je pense que la palme d’or reviendra à mon conseiller pôle emploi qui m’a dit en me regardant droit dans les yeux: « honnêtement, vous avez plus de chance de retrouver un travail grâce à votre réseau ». Ha, ok, super, qu’est-ce que je fais là déjà ?
    Sinon nous avons regardé ensemble les offres d’emploi, et il a fallu que je mette un hola pour éviter d’aller travailler dans le 9-3 ou dans des banlieux parisiennes pas super safe. Je sens que ça va être dur…et long…!

  2. J’ai trouvé une astuce (qui ne marchera peut être pas à tous les coups) mais qui m’a permis d’échapper à 1 atelier :
    arriver avec mon Lutin sous le bras, pensant que c’est un rdv individuel alors que c’est un atelier. 14 personnes pour seulement 12 places assises.
    Donc le conseiller en question (qui n’est pas le même que d’habitude et qui est bien plus cool), me regarde et me dit : « bon, ben aujourd’hui c’est un atelier sur la recherche d’emploi. Vous pensez que ça peut vous servir ?  » Moi : « ben… Non ». Lui : « Ben je vous laisse signer la feuille d’émargement, et on se revoit la semaine prochaine ».
    Certe, je me suis déplacée pour rien, mais au moins, je ne suis pas restée bloquée 3 heures !

    • Hihi ! « un atelier sur la recherche d’emploi ça peut vous servir? » … « ben…non »; j’aurais pu l’avoir ce dialogue 😉 Faut que j’essaye d’échapper au prochain en effet. Je garde ta technique sous le coude au cas où …

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  1. Présentation minute : dis-moi qui tu es !

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