La petite philosophie du mardi

Bonjour, bonjour !

Aujourd’hui, je vous propose une petite leçon de philosophie simple, rapide, gratuite et délicieusement enfantine.

Par un grelottant soir d’hiver, je me promenais avec mes enfants. En pleine nuit : à 16h30. Mon fils, cet aventurier, marchait sur le rebord d’un muret. Enfin… un « muret »… Vous m’imaginez laissant mon fils marcher seul sur un muret ? Ha Ha (je ris). C’était un bourrelet, un rebord, sur le trottoir.
Un monticule de 10 cm de haut (une falaise, quoi).
Je ne pouvais pas lui tenir la main parce que je tenais la poussette.
Alors je lui ai dit « fais attention ! ». Même s’il ne faut JAMAIS faire ça, apparemment, parce que dire «attention» dès qu’un gamin fait quelque chose, c’est lui imprimer notre peur. Mais bon, je l’ai dit quand même (parce que merde).

Il m’a répondu :

Non, je vais pas tomber maman. Il faut regarder droit devant sans se retourner comme ça on reste en équilibre*

Il y a eu un blanc : c’était moi, impressionnée par mon enfant. J’étais si admirative que j’en avais les narines tremblantes d’émotion (presque).

… Non ?.. Vous ne voyez pas ?

Mais siii ! C’est comme dans la vie pardi !

Je vous explique (vous allez voir : c’est le cadeau du mardi, c’est unique et magnifique et surtout, c’est gratuit).

Et c'est là qu'il m'a dit : "Cogito ergo sum, môman !"...

Et c’est là qu’il m’a dit : « Cogito ergo sum, môman ! »…

Dans la vie : toi, l’adulte, tu réfléchis, tu fais tes choix, tu mets le cap sur des objectifs, tu bâtis…
Tu avances, comme sur une poutre (ou une falaise de trottoir). Tu sais que la vie ne te fera pas de cadeaux, comme ça, juste parce que tu as été gentil et que tu débarrassais volontiers la table quand tu étais petit (lèche-botte vas).
Non : dans l’ensemble, tu vas avancer au bord de précipices. Tu vas risquer la chute à maintes reprises. Tu vas glisser, te reprendre. Repartir de plus belle.
Quoi qu’il arrive, tu vas devoir garder l’équilibre. Sinon tu n’iras nulle part. Au mieux, tu stagneras.
Au pire, tu reculeras.
Au bien pire, tu tomberas pour de bon.
Mais si tu regardes trop tes pieds (ou ton nombril), si tu doutes, si tu te retournes : c’est sûr, ça ne marchera pas.
Tu seras québlo, quoi.

Dans la vie, comme dit mon fils (punaise je cite mon fils de 3 ans, je me retiens de pleurer parce que M. Grain de Sel va encore se moquer de moi) : «il faut regarder droit devant sans se retourner comme ça on reste en équilibre» (bordel).

La maman de Forest Gump lui apprenait la vie à coup de boîtes de chocolats ; mon fils me refile du trottoir (mais, maintenant que j’y pense, je serais très intéressée de savoir ce qu’il a à dire sur les chocolats…).

Depuis qu’il m’a dit ça, sa phrase tourne dans ma tête. Je suis ivre (je théâtralise total, là) de l’innocence et de la simplicité avec laquelle il l’a dite.
Je suis amusée de l’écho qu’elle a eu en moi : en effet, c’est moi qui en ai fait un exploit philosophique… mon fils, il voulait juste me montrer qu’il savait marcher sur son rebord sans tomber.

Samedi, j’ai été frappée de constater que la folie, voir même la connerie totale de nos projets actuels (les miens, les nôtres) me paraissait totalement insignifiante. Presque risible. Toute petite.
J’ai compris que j’avançais, le visage haut, le regard pointé sur mes objectifs.
Chaque jour je réalise combien je suis certaine de n’avoir aucune certitude. Mais je tiens en équilibre, je ne tombe pas. J’avance.
C’est vachement sympa comme sensation, je vous le recommande (d’ailleurs, pour vous entrainer, vous pouvez commencer par marcher sur une poutre hein…).

Ouais les mecs : dans la vie, il faut avancer en regardant droit devant sans se retourner. C’est mon fils qui me l’a dit. C’est mystique…

PS : On m’objectera que c’est sa grand mère qui lui a appris ça. Certes. Il a quand même 3 ans et moi je ne suis pas encore complètement lobotomifisée (mais donnez-moi encore une ou deux grossesse et ça sera bon). Il ne l’aurait pas trouvé tout seul.
C’est ma maman qui le lui a appris. Ouèpe… Mais vous savez combien de choses (très intelligentes) de la vie je lui dicte chaque semaine sans qu’il les écoute ni ne les retienne ?..

* bien évidemment, j’ai rajouté un ou deux articles que j’ai accordé correctement hein…

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9 Comments

  1. Salut Marie! J’aime bien cet article que tu as écris, il est plein d’espoir, et d’enthousiasme, en tout cas on partage la même vision de la vie! 😉

  2. Je me sens souvent toute petite devant les réflexions de mon fils et parfois je me dis que ce que je vois comme essentiel n’est au fond que superficiel

  3. Que c’est profond. Mon fils est plutôt du genre à philosopher comme ça : « je marche avec les jambes en canard sinon mon zizi il colle »… ON a les enfants qu’on mérite

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  1. Il m'a dit : "Marie, il faut qu'on parle..."

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