Province vs Paris : point sur le logement

Au début du mois de mai, j’ai profité des vacances scolaires pour passer quelques jours en Bretagne et chercher un nouveau logement. À Brest. (Je t’avais pas dit que j’allais vivre à Brest ? Comment ai-je pu omettre de partager une info aussi bouleversante ? Remarque, si tu regardes bien, j’en avais un peu parlé ici, c’est peut-être toi qui ne suit pas, finalement…).

Ce fut pour moi l’occasion de découvrir un monde nouveau, inconnu, enthousiasmant : l’immobilier de province.
Par certains aspects, en province, c’est comme en région parisienne. Peu d’offres, des biens qui partent en deux jours (ou en 2 heures, pour les moins pourris), et parfois même du temps perdu à visiter des taudis que tu quittes en pleurant… et épuisée d’avoir souri poliment en insistant sur la beauté des murs violet marbré et la classe incomparable de la cuisine rose…et verte.

Pour le reste, chercher un logement à Brest s’est avéré très différent de ma dernière chasse à l’appartement, il a 4 ans, lorsque j’étais enceinte de mon premier enfant (et en région parisienne).
Des visites d’appartements étriqués, miteux, avec vue de première catégorie sur des rails de RER, je suis passée à la visite de maisons aux jardins arborés. Enfin… Il y a eu aussi des maisons assez moches, puant la transpiration et le pipi de chat, avec vue VIP sur des routes et des KFC (désolée pour les admirateurs du KFC, loin de moi l’envie de vous froisser, mais admettez quand même que ça pue).
Mais dans l’ensemble, c’était tout de même autre chose.

Déjà, parce qu’à Brest, je n’ai fait que visiter des maisons.
Oui, je dis bien «Maison», comme dans «grande bâtisse familiale à étage(s), généralement entourée d’herbe» (tuyau pour les débutants : on appelle ça un jardin).

Petite maison standard de province, pour débuter dans la vie

Petite maison standard de province, pour débuter dans la vie

Ensuite, à Brest, quand on te fait visiter des maisons, on s’excuse. On s’excuse pour des choses invisibles, ou presque, à l’oeil nu du parisien.

Attends que je te raconte :

  • S’il n’y a qu’une seule salle de bains, on te demande pardon. On ajoute, la voix ramollie par la désolation : «bon, vos enfants sont encore petits, ça va encore de partager une salle de bain pour toute la famille» (NDLR : avec baignoire ET douche, la salle de bain). Toi (enfin moi), tu pouffes, parce que tu hésites entre amusement et surexcitation : à Paris, tu as toujours compté une seule salle de bain (par appartement, parfois même, par étage de l’immeuble… mais non, là je romance, t’inquiète). Et qu’en plus, elle abritait également les WC (uniques, eux aussi) de ton logement.
  • Si le jardin est petit, on te ressort exactement le même laïus coupable. Et qu’on est bien désolé, et qu’heureusement que les enfants sont petits (mais bruyants, je rajoute, pour qu’on arrête de faire comme si c’était pratique tout ça parce qu’ils sont petits), que ça devrait suffire pour un début… Quant à toi, à peine as-tu foulé ledit jardin du bout de la ballerine que monte déjà l’envie de te rouler dans l’herbe fraiche en émettant un rire guttural (en bavant un peu au passage). À Paris (et sa région), les jardins, ça va avec les maisons. Et la maison à Paris (et sa région) est un truc dont tu rêves comme de devenir la prochaine égérie Lancôme : ne cherche pas, ça n’arrivera jamais, sauf par un extraordinaire tournant du sort (si tu es Marion Cotillard, par exemple).
  • S’il n’y a qu’un seul WC, la tension est forte. La culpabilité en face est intensément perceptible. Forcément, qui dit étage(s) dit : un WC par niveau. C’est logique, c’est pratique. Mais toi tu te dis qu’à Paris, les WC sont dans les salles de bains (cf plus haut) et parfois même sur le pallier. Non, là par contre, je ne romance pas du tout. Et toi tu glousses bêtement, parce qu’à choisir entre descendre au rez-de-chaussée ou croiser ton voisin à moitié nue en pleine nuit parce que tu as envie de faire pipi, tu sais déjà ce que tu préfères. Et c’est le rez-de-chaussée.
  • Si la rue est bruyante, on te demande pardon mais on rattrape le coup en te disant qu’au moins, c’est vivant. Et toi, tu ris de plus en plus fort. Parce qu’à Paris, les rues sont bruyantes, les gens qui marchent dedans aussi. Et puis à Paris, tu as l’ultime accessoire anti-silence : le voisin. Ton voisin, tu sais ce qu’il regarde à la télé, parce que tu entends les dialogues de Scènes de Ménage comme si tu étais assise à côté de lui sur le canapé du salon. Ton voisin, tu sais ce qu’il mange, rien qu’au bruit que ça fait (et que tu entends) quand il mâche. Ton voisin, tu sais quand il n’est pas content, parce que tu l’entends se disputer avec Madame. Mais, encore plus sympa, tu sais quand ils se réconcilient (si tu vois ce que je veux dire… Disons que Madame sait AUSSI exprimer sa satisfaction, Hin hin hin !). Alors apprendre qu’il y aura un peu de circulation dans ta nouvelle rue le dimanche, à 10h puis à 12h, à cause de la messe, oui : ça te fait rire (de bonheur).
  • En province comme partout, vient le moment de parler argent. On t’annonce qu’il faut gagner 3 fois le loyer. Et on s’excuse, une fois de plus, en te disant avec une moue navrée, que «c’est la règle, qu’on n’y peut rien». Toi, au contraire, tu trouves que ça tombe bien, parce que le loyer de la maison que tu lorgnes fait la moitié de celui que tu payais à Paris. Par contre la maison est deux fois plus grande que ton ancien appartement (là, je ne peux pas t’expliquer : je suis assez mauvaise avec les chiffres). Sans oublier qu’à Paris, on t’a refusé des appartements parce que tu ne justifiais pas d’un salaire équivalent à 4 fois le loyer (et non pas 3), que ton mec avait une tête d’arabe (ou de noir), ou pire, qu’il avait un nom arabe (ou roumain)…
  • Enfin, s’il n’y a pas de buanderie et que tu es obligé de mettre tes machines dans le garage, on t’embrasse presque pour se faire pardonner. Finalement, c’est toi qui embrasse ton interlocuteur : à Paris, tu n’as pas «des machines». Tu as UNE machine à laver le linge (qui, lorsque tu es bourgeois comme moi, fais aussi sèche-linge). Elle est dans ta cuisine et te sert même de dessous de plats… Donc…

Donc tu signes le bail fissa, et tu repars, le coeur léger.

Alors si on me demande mon avis, logement à Paris vs logement en Province : 1 point pour Brest.

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24 Comments

  1. Bin moi je suis une mauvaise élève qui n’avait pas suivi que tu déménageais mais j’en suis ravie un toi !!! Je comprends très bien ce que tu dis.
    Je n’ai jamais vécu à Paris, juste parce que j’imaginais assez bien, sans l’avoir vécu, ce que tu racontes (sans parler du reste, qui ne me fait pas rêver) mais je me souviens combien on était heureux, quand on a signé les plans de la maison, de se dire qu’on entendrait plus non plus les voisins qui se « réconcilient » tous les matins à 7h pétantes (les malades!!), le chien laissé seul dans l’appart qui aboie TOUTE la journée jusqu’au retour de son maître ou les ambulances qui passent, les travaux tardifs, etc…
    C’est clair que tu vas revivre et rien qu’une petite bande d’herbe fraîche derrière chez soi, ça fait un bien fou fou fou !!! (Ne serait-ce que pour aérer les petits-mais-bruyants sans avoir à sortir l’armada!)

    • Ha tes voisins faisaient ça à 7h du mat ? Les miens c’était plutôt 21h35 (la précision est le ciment du couple). Oui, les enfants iront crier dans le jardin. Les larmes de joie me roulent sur les joues rien que d’y penser 😀

  2. LN

    Je suis contente pour toi! Vive le jardin!
    Ma découverte de l’immobilier de province a été pour ma part bcp + désenchantée… Pas si donné que ça ici les loyers 🙁

  3. elsa

    si tu as la chance d’habiter dans une ville en province +1 , en revanche si tu habites dans un village à 30 km de la 1ere grande ville …. prévois 250 km de route les mercredi/samedi pour emmener tes enfants aux activités ou sport en tout genre (parce que comme ils n’ont pas le meme age ni le meme sexe ils choisissent forcement des trucs différents a 1000 km l’un de l’autre etc etc …
    Quand ils grandissent prévoir le budget ciné (1 place de ciné+ transport+fin vers 23h =25 euros environs) à paris un ciné c’est 10 euros point !
    Départ en vacance de province tu évites les embouteillages mais si tu pars en avion ou en train v’la la galère (obligé de passer par paris la plupart du temps !)
    etc etc etc
    signé : une ancienne parisienne qui adore sa maison de 250m2 en province au prix d’un f2 parisien mais qui en chie grave depuis 10 ans !

  4. Voilà voilà voilà, c’est exactement ça ! C’est ce que je me dis pour me consoler quand je rends visite à mes copines-sardines parisiennes, moi l’ex-parisienne exilée à Lille. Dans une maison. Avec jardin, cabane de jardin, pelouse, arbres et même option chien…

    Bon, il y a d’autres domaines où Paris mène largement le score, mais il faut les oublier vite sous peine de déprime !!

    • Oui, il y aura toujours des choses mieux d’un côté comme de l’autre. On choisit 😉 Pour aller au Louvre sur un coup de tête c’est sûr que ça va s’avérer plus difficile !

    • Carmen

      Bonjour,

      Je me permets de vous contacter car votre expérience m’intéresse.

      Le passage de Paris à Lille vous a-t-il convenu ?
      Viviez-vous intramuros (locataire, je suppose, alors qu’à Lille, il est possible d’être propriétaire) ? La vie culturelle (nettement moins dense à Lille qu’à Paris) ne vous manque pas ?

      Bref, pourriez-vous faire une liste des pour et des contre ? Et si c’était à refaire ?

      Carmen

  5. Tu as bien fait de signer alors 😉

  6. Je suis vraiment contente pour toi 🙂
    N’empêche que là comme ça tu viens de révéler sur ton blog, à tes millions de lectrices, l’un des secrets les mieux gardés par les provinciaux : oui, la vie en province est douce.
    Voilà, ça y est, je l’ai dit.
    Non, on n’a pas le Louvre ni Bercy ici, mais on est pénards dans notre jardin. Et même que l’été, on y fait des barbecues. (nananère)

  7. Clara

    Et bien moi, je comprends bien cet enthousiasme pour la province… Après de longues annés hors de France, on revient au pays et on ne sait pas encore où. J’ai la trouille de revenir en région parisienne car j’ai le malheur d’avoir 4 enfants (pour le domaine de l’immobilier parisien, c’est un malheur)…. et je rêve de ne pas être entassée…. Donc vive la province !

  8. Ho! J’ai connu la même chose il y a quoi… deux ans maintenant! Ouch ça file vite! Bon moi Brest on y passe tout nos étés, j’aurais ADORER! Mais on a atterri ailleurs 😉 Mais bon sang, le bonheur… pour TOUT! Je n’ai pas déchanté comme on dit!

    Alors félicitations!!! Pour cette nouvelle vie 🙂

    • Merci pour ce commentaire hyper positif !!! Si tu savais le nombre de gens qui nous regardent comme des extra-terrestres, l’air perplexe, quand on parle de notre déménagement. MARRE ! j’ai besoin qu’on se réjouisse avec moi. Alors MERCI infiniment !

  9. Tu m’en voit RAVIE! Je me dis que je devrais écrire sur ce sujet! Et parler des avantages de la province 😉 En tout cas, j’espère que l’on se croisera là-bas!!! Je serais a l’Aber Wrac’h de mi juillet a mi aout 🙂

  10. NAN!!!! Tu les a fêtés où??? Si tu connais bien, tu vois la petite plage? Avec la maison aux volet mauve/violet? 😀

    • J’ai été me faire masser à l’hôtel Baie des Anges et après j’ai mangé des moules frittes juste à côté 😉
      Non, je ne connais pas si bien, mais j’irai regarder quand j’y passerai !!!

  11. Oui oui oui de l’hôtel tu vois la maison 🙂

  12. Bon, faut que te dise la vérité, moi j’habite en province province province. Et on a deux étages dans notre maison MAIS pas de WC au rez de chaussée. Et les premiers WC sont au premier étage… dans la salle de bain! Purée j’ai une maison de ville!

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