De la survie de moi-même en milieu inconnu : la kermesse

Dans la vie de parent, il y a un ante scholum et un post scholum.
Il y a être maman… Et être une maman d’élève : différence intéressante.
Avant l’entrée en petite section de ma progéniture, je croyais que c’était facile : la maternité d’élève. Que l’aisance de mes jours en serait même risible. Carrément.
Tu lâches l’enfant le matin, tu le récupères le soir. Tu demandes à la maîtresse s’il ne crache pas trop sur les copains. Tu lui demandes à lui si les copains ne lui disent pas trop de méchancetés. Tu te promets intérieurement de coller un chewingum dans les cheveux de la petite Lisa, qui lui a envoyé un coup de pied dans l’oreille (ils sont souples à cet âge-là). Tu demandes s’il a touché à son assiette de haricots verts filandreux, à la cantine. Et s’il a mangé du ketchup avec ses frites (pour faire un peu de légumes quand même, vu que non : il n’a pas touché aux haricots). Et le tour est joué.

En réalité, ça s’avère un peu plus complexe.
Moi-même, au crépuscule de ma première année de parent d’élève, je rame encore comme une débutante. Je commence seulement à comprendre avec émotion (et une certaine fatigue nerveuse) qu’il me faudra bien les 15 années de scolarité de mon enfant pour maîtriser les codes de la bonne maman d’élève.
Oui, cher lecteur : sur le terrain, les défis sont nombreux, et ne font qu’empirer à mesure que l’année passe. Ça commence avec des réunions à 9h le samedi matin, assis sur des chaises minuscules.
Et ça finit avec…

… (j’hésite à l’écrire parce que j’en tremble encore…)

LA KERMESSE.

La kermesse, sache-le, c’est la fête de l’école. Les parents les plus aguerris disent «Kermesse» (la gardienne de l’immeuble, elle, dit «nouba»… soit…). Mais au fond, tout ça, c’est la même chose.
Je te préviens tout de suite, la kermesse (je suis une maman = je dis kermesse), c’est un travail. Pour te situer, quand j’ai traversé cette épreuve je me suis dit que je serais bien mieux à la ludothèque un vendredi soir à 17h00… C’est dire…

Pour ma première kermesse en tant que maman (d’élève), c’est simple : j’ai cumulé les erreurs. Sur le moment, c’était désagréable. Mais avec le recul, je mesures combien l’expérience de cette année m’aura apporté un enseignement indispensable pour toutes les prochaines kermesses.
Et comme je suis plutôt sympa (la plupart du temps), je vais partager tout ça avec toi.
Avec ce que je m’en vais te livrer, ajouté aux bons conseils que j’ai eu bonheur à distiller tout au long de cette année scolaire, tu n’auras plus aucune excuse : tu seras le plus peinard des parents d’élèves (de rien, ça me fait plaisir).

Voilà...

Voilà…

1/ La préparation. Pour la kermesse, il y a une réunion un mois à l’avance qui sert à dire qui va faire quoi et comment ça va se passer.
N’y vas pas : tu vas en sortir affublé de la responsabilité d’un stand pour le jour J (et qui dit stand, dit «je reste ranger après la fête»). Donc ça, je te le dis tout de suite : c’est NIET. Ce soir-là, tu as yoga, piscine, ou quiche. Mais tu ne peux pas.
Je te rassure, je n’y ai pas été. Aller à la réunion pré-kermesse n’est pas au nombre de mes erreurs. J’avais flairé le traquenard (j’ai du potentiel).

2/ Le tableau de bouffe. Deux semaines avant la fête, les maîtresses dessinent un très grand tableau (= 18 feuilles A4 reliées par des scotchs collés droit. Parce que les maitresses collent les scotchs bien droit et ne débordent jamais avec la colle liquide. De la même manière qu’elles savent tracer des traits parfaitsà main levée. C’est un métier hein). C’est le tableau de répartition des choses qui se mangent. Tu dois y noter ton nom dans la colonne «sucré» ou dans la colonne «salé» en précisant ce que tu comptes préparer.
«Préparer»,  ça veut dire que c’est toi qui le fait avec tes dix doigts (et éventuellement, un robot de cuisine, pour les plus riches). Sur cet aspect de la chose, peu de place au doute : la maîtresse t’a fait signer un mot dans le carnet de liaison disant que les mangeailles toutes faites du supermarché du coin seront catégoriquement refusées.
Le truc que je te conseilles : n’écris rien dans le tableau. Jamais. Attends le vendredi soir, la veille de la fête, pour faire mine de t’intéresser à la question de l’alimentation kermessienne. À ce stade, il y a toujours un déséquilibre notable entre la colonne du sucré et celle du salé. Il ne te reste plus qu’à indiquer à la maitresse, par oral, que tu comptes faire un gâteau au yahourt (et que ça tombe bien justement, parce qu’il y avait trop de quiches et pas assez de gâteaux dis-donc… et que tu as un yahourt périmé à la maison, que tu ne te résous pas à donner au bébé).

3/ Le gâteau. Au cas où tu te poserais la question : réaliser le samedi matin à 9h00 qu’en fait, il n’y a plus de sucre à la maison, c’est vrai que ça n’est pas pratique. Je le confirme.
Concernant ton gâteau également, voici un conseil malin qui fera de toi le roi de la fête : tu coupes une tranche par membre de ta progéniture, tu te les emballes dans de l’alu et les gardes dans ta poche.
C’est bizarre ? Non, c’est malin j’ai dit.
Parce qu’arrivé à l’école, tu vas livrer ton gâteau à la communauté. Et si tu en veux une part, tu vas devoir payer.
Oui : tu vas devoir ACHETER une part de ton propre gâteau alors que tu auras passé 1/2 heure à faire fondre 3 poignées de morceaux de sucres dans un bol d’eau à 9h du matin pour le préparer. Crois-moi, tes parts «gratuites», tu les as bien méritées (c’est quand même relativement gratuit : c’est toi qui a payé la farine, les oeufs et le yahourt périmé, je te le rappelle).

4/ Le jour J, niveau 1 : tu gères ton emploi du temps. Pour bien faire, tu vas à la kermesse dès le début : à 10h. Les enfants se défoulent en courant sur des poutres en bois, ils grignotent leur part de gâteau et boivent un verre de jus de pomme à 5€ (le verre). À 11h00, chacun a eu tout son soûl de pêche à la ligne et de «chamboule-tout»; tu peux donc rapatrier tout ce petit monde à la maison.
La sieste de la petite dernière à 9h30, tu oublies : c’est justement ce jour-là qu’elle va dormir jusqu’à 11h30. C’est comme les mercredis où tu as rendez-vous chez la pédiatre à 16h45 et que, pour la première fois de sa vie, le bébé dort 3 heures au lieu du royal quart d’heure de sieste auquel il t’avait habituée… J’appelle ça la «Loi de Murphy parentale».
Si tu es moi, tu laisses la petite faire une sieste à 9h30, bien sûr… Et tu ne décolles pas avant 11h45. Pas génial.

5/ Le jour J, niveau 2 : il vaut mieux être bien accompagné (par un autre adulte) que seul (avec les enfants). Je ne suis pas certaine qu’allez à la fête de l’école avec l’entièreté de tes enfants sans autre parent à tes côtés pour partager cette épreuve soit très sage. Par exemple, une femme souhaite généralement être épaulée lors de son accouchement (par un papa, voire même une sage-femme, si possible). La kermesse étant presque aussi pénible nerveusement et physiquement qu’un accouchement (ils mettent la musique très très fort et il y a beaucoup d’enfants partout), il me semble aberrant d’y aller seule.
Et pourtant, je le fis. C’était bien bête.
Parce qu’il est difficile de donner à manger à la petite pendant que le grand joue aux jeux. Qu’il n’a voulu jouer à rien, de toute manière, parce que Gabriel était déjà reparti (= parents malins). Qu’elle a balancé son yahourt par terre de toute manière, parce que Daft Punk à fond dans les hauts parleurs, ça l’avait rendue un peu hystérique. Que j’ai quand même dû débourser 5€ pour acheter un sandwich au grand, histoire de dire qu’on n’était pas venus pour rien (et puisque, une chose en amenant une autre, c’était l’heure du déjeuner, n’est-ce pas…). Qu’il a fait tomber son jambon par terre à côté du yahourt…Que pour aller le ramasser, j’ai marché dans le yahourt, ce qui a attiré mon regard vers mes pieds… et m’a permis de réaliser que j’étais venue en tongs-chaussons : les tongs tellement pourries qu’elles servent de chaussons, «l’été» (je mets des guillemets à été quand même, tu remarqueras…).

6/ Pas la maitresse. Pour finir, un dernier conseil très important. Ton enfant va te supplier de le mener jusqu’à sa maitresse, pour lui dire bonjour. Fuis. Aussi vite que tu le peux, fuis.
Parce qu’une fois que le petit lui aura dit bonjour et lui aura montré fièrement son sandwich au jambon sans jambon (souviens-toi : la tranche est à terre, à 2 cm au nord-nord ouest du yahourt de sa soeur), il n’aura plus rien à lui dire. Et il te reviendra, à TOI, de faire la conversation. Et qu’à part lui demander si la petite Lisa a arrêté de planter des fourchettes dans les joues de ses camarades de cantine, tu ne sais pas trop quoi lui dire, à la maitresse.

Voici donc mon enseignement au sujet de la kermesse, que je m’en vais suivre moi-même à l’avenir puisque je me suis posée en contre-exemple cette année. Mai c’était rien que pour aider hein…

PS : pour les plus désireux d’apprendre, de grandir, d’enrichir leur parentalité du grand savoir-faire de scholum, les chapitres précédents pourraient vous aider :

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10 Comments

  1. Ah, je me sens moins seule! J’ai aussi zappé la réunion (ah bon c’était ouvert à tous les parents?), oublié le gâteau (avec la fête un vendredi soir faut pas pousser hein) par contre j’ai obligé Mr à y aller avec nous et on n’était pas de trop.
    Nous nous sommes subtilement éclipsés avant le repas, que nous n’aurions pas pu prendre puisqu’il fallait le commander à l’avance. Vraiment dommage.

  2. Je me suis inscrite pour amener gâteau et boisson mais pas plus, je suis pas dingue non plus. Et puis cette année, j’aurais eu du mal pour la course en sac !

  3. C’est bien vu ! Pareil, pas de réunion (je connais deux parents qui y sont allés, ils sont repartis « responsables des jeux » et en prime trésoriers de l’association des parents d’élèves. Trop dangereux !), un gâteau (par contre, l’histoire de garder des parts de côté, j’y penserai pour l’année prochaine), et venir avec le père (parce que avec quatre enfants…). Et puis aussi un parapluie, tiens, histoire de ne pas se faire tremper devant le chamboule-tout.

  4. Ah ah perso, je compte bien mettre tout le gâteau tout dans l’alu tout dans ma poche !

  5. Je note pour plus tard. (En attendant je ris et compatis)

    • Mon tuyau pour plus tard : est-ce bien utile d’aller à la première kermesse, au fond ? Il a 3 ans et demi, il ne s’est rendu compte de rien. je lui aurais fait un sandwich à manger sur le canapé ça aurait été encore plus festif et extraordinaire pour lui…

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