Puisque toi aussi tu as la crève

Cher lectorat, sans doute le sais-tu déjà : je suis une femme de chiffres. Je suis une femme de mathématiques.
D’après les chiffres, tu es malade. Ou tu l’étais la semaine dernière. Ou le seras la semaine prochaine.
D’après mes chiffres, nous aurons tous été malades au moins une fois d’ici Noël.
D’après mes chiffres, d’ailleurs, j’aurais été malade une semaine sur deux depuis la rentrée de septembre.
Et si toi aussi tu as un goût prononcé pour le dépassement de soi, tu apprécieras ce record dans toute sa grandeur.

Hé oui, techniquement, cher lectorat, tu as la crève. Ou pas loin.

Et puisque toi aussi tu as la crève, alors voici ce qu’il te reste à faire.

1- Plains-toi. Sinon à quoi ça sert d’avoir la crève, hein ?

Appelle un proche. Tu verras, elle ou lui aussi a la crève. Ou pas loin. Ce sont mes chiffres qui me l’ont dit.
Plains-toi. Elle/il comprendra : puisqu’elle/il n’est pas mieux que toi.
Limite tes exigences quant à la qualité de la conversation, toutefois. Je vais être honnête avec toi : entre la toux, les mouchages, ta voix en cours d’extinction et les plongeons intempestifs en direction des toilettes, la communication ne sera pas bonne.
Lâche la pression sur le fond. Sois peu regardant sur la forme, qui risque d’être douteuse sous bien des aspects. L’avantage avec le téléphone, c’est que la personne n’aura pas de contact direct avec ta mine de cadavre, ton haleine corrompue et les divers liquides qui s’échappent de toi (et bien malgré toi. Ha oui… bien malgré toi, mon pauvre ami).

Prends cet instant comme une opportunité de partage, de connexion dans l’épreuve. De cohésion tacite entre 2 âmes à la dérive.

Tu verras, après, tu ne te sentiras pas mieux. Oui, dommage. Mais bon, ne rêve pas non plus : tu as la crève après tout.

Mais tu te sentiras moins seul. Et ça mon bichon, ça compte.
Notamment parce que tu as la crève, et que tu es donc : dépressif (-ve).

2 – Compose-toi un style de circonstances : habille la crève plus qu’elle ne t’habille, toi

Puisque tu as la crève, ou pas loin, tu as la chance de te situer dans un no man’s land du style pour encore quelques jours.

Tu as trop chaud, tu as trop froid, tu ne sens plus tes membres, ou au contraire, tu as mal partout. La crève t’habite. En réponse à quoi, tu habilles la crève.

Tout ce que tu vas porter devra donc être au moins 1,5 fois plus épais que tes vêtements habituels. Privilégie le coton, le pilou, la laine polaire. Et les couleurs moches, qui s’accorderont parfaitement avec ton humeur et ce qui dégouline de tes orifices. Pardon, mais oui, la science, c’est sale parfois. Ce billet est d’utilité publique alors ne nous arrêtons pas sur les détails sordides, s’il te plait. De toute manière, tu n’es plus à un détail près : puisque tu as la crève. Ou pas loin.

Adopte ton look de crève, donc. Cela t’aidera dans ton cheminement vers la guérison. Les gens ne te jugeront pas : de toute manière, une fois qu’ils auront vu ton visage verdâtre, un mécanisme inconscient du cerveau leur interdira de prêter attention au reste, de peur de poser le regard sur quelque chose de répugnant.

3 – Arrête d’essayer : tu as la crève

Tu aimes la vie, tu aimes l’action. Tu pense être invincible et résister à tout. D’ailleurs, tu le dis tout le temps : tu n’es jamais malade.
Sauf que là, tu as la crève. Ou pas loin.
Alors arrête d’essayer : tu fais n’importe quoi.

Au boulot il te faut 3 jours pour pondre ce que tu fais habituellement en une demie journée.
Tu veux préparer à manger mais tu jettes les œufs dans la poêle avec leur coquille, tu mixes ta soupe à l’aide de ton fer à friser, et tu mélanges le sucre du yahourt des enfants avec ton thermomètre. Stop. Arrête tout. C’est n’importe quoi.

Tu as la crève, tu es hors service pour les prochains jours, tu ne sers à rien.
Alors arrête d’essayer : puisque je te dis que tu as la crève. Ou pas loin.

Quand je suis malade, je fais des offrandes de miel à mon totem : Sainte Libérée Délivrée

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4 – Fractionne tes repas, quant tu as la crève

Réduis tes quantités jusqu’à ce que tu ailles mieux. Pourquoi ?
Ho ben tu sais très bien pourquoi !

Parce que, selon le mal dont tu souffres :

  • Grippe : tu ne peux respirer que par la bouche. Quand tu manges, tu monopolises ta voie d’aération. Tu étouffes. Je sais, tu as faim. Mais entre manger et vivre, il va falloir que tu choisisses la vie. Et tu mangeras quand ton nez aura repris du service
  • Gastro : ton estomac fait une déprime. Si tu lui en demandes trop, il fait grève, il proteste. Bref, il te renvoie ses arguments en pleine face (littéralement, la plupart du temps). Donne-lui du temps et de la distance. Il verra que tu es sensible à ses revendications. Se sentira reconnu, écouté, épaulé. Et dis-toi, en attendant, que les 3 kilos que tu vas perdre cette semaine te permettront de justifier les tonnes de nourriture que tu vas bâfrer pendant les fêtes.

5 – Tout ce qui te reste à faire, c’est cuver ta crève devant les écrans

Dans ton petit jogging gris délavé, enroule-toi dans une grosse couette et dispose ta personne de tout son long sur le canapé. Ou mieux : dans ton lit.
Propulse une source d’énergie dans un dispositif à visionnage quelconque. En d’autres termes, branche ton ordinateur, ta télé, ta tablette.
Et visionne.
La TNT, la Freebox, ton lecteur DVD… tu as de quoi faire.
Et pour aller plus loin : télécharge PopCorn time. C’est une application qui te permet de visionner des milliards de films et de séries télévisées en streaming (oui, j’ai dit MILLIARDS : mais n’aie crainte, ta crève ne dureras pas si longtemps que ça).
PopCornTime, c’est comme Netflix mais en très exhaustif et gratuit.
Ceci dit, Netflix, c’est bien aussi.

6 – Mets un son guérisseur dans tes oreilles : pour adoucir la douleur de la crève

Concernant ce point, j’ai deux propositions à te faire.
Ni plus, ni moins.

Ha si, en fait, j’en ai trois.
Bon…
De toute manière, tu as la crève (ou pas loin) : n’essaye pas de réfléchir (cf. point n°3) et fais ce que je te dis. Dès que tu pourras utiliser à nouveau ton cerveau, tu pourras me proposer des musiques que tu aimes, toi aussi.
En attendant, voilà ce que j’ai à te proposer :
Tout d’abord, ressource-toi dans les sons de ce site : A soft Murmur. Tu peux y sélectionner des sons tels que les vagues, le crépitement du feu dans la cheminée, le cui-cui des oiseaux, etc. En choisissant leur intensité, en les mêlant. Des sons parfaits pour la méditation ou le désespoir. C’est pour toi.

Ensuite :
Lou Reed, Lou Reed, 1972.
Le premier Lou Reed, c’est le nom du mec.
Le second Lou Reed, c’est le titre de l’album que je te recommande.
1972, c’est sa date de sortie. Oui, parfois il faut aller chercher loin. Mais ça, c’est parce que je veux que tu guérisses.
Je t’en prie, tout le plaisir est pour moi.

Troisième choix, et c’est celui que je privilégie ces jours-ci : Brigitte.
Brigitte, ce n’est pas quelqu’un. Ce sont deux femmes.
Et il y a quelque chose de feutré dans le son de leur musique. Dans l’instrumentalisation où l’alliance de l’acoustique et de l’électrique a quelque chose de profondément sensuel, intime, et rebelle.
Et ça, mon cher ami, ça fait écho à ce qui ne demande qu’à s’exprimer, au fond de toi, perdu sous l’épaisse couche d’anéantissement grippal et/ou gastroentérique.

D’ailleurs, tu pourras t’appuyer sur les paroles des Brigitte pour redonner du sens à tes journées ennuagées.
Exemple :
Brigitte dit : « Encore un verre, Cupidon m’a mis la misère ».
Remplace « verre » par « Fervex », et « Cupidon » par « la Rhino » : et tu tiens LA citation phare de ta semaine de crève.

Il y a aussi « moi j’ai le cœur comme du chewing gum : tu me gouttes je te colle ».
Qui te rappellera combien le virus lui aussi, dès lors qu’il a croisé ton chemin, s’accroche à toi jusqu’à consommation complète de votre relation.

J’écoute Brigitte et Lou Reed (et tant d’autres) sur Spotify. Tu peux aussi les trouver sur ITunes, Deezer, et peut-être ailleurs, qui sait ? Tu sais, si tu as le courage, tu peux aussi aller à la Fnac dans tes gros vêtements moches. Mais est-ce le bon moment ? Après tout, tu as la crève. Ou pas loin.

 

Mon cher lectorat, puisque toi aussi tu as la crève, ou presque, voilà ce que j’ai eu envie de te dire aujourd’hui.

Tu n’es pas seul, bien au contraire (sauf si tu N’AS PAS la crève).

Alors surtout, prends soin de toi !

(et attend quelques jours avant d’acheter des cadeaux de Noël. CF. point n°3, encore)

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8 Comments

  1. Donc ne tuons pas les chiffres et les statistiques : j’ai la crève (aarrrrrrrgggggggggg). Les cadeaux de Noël attendront encore un peu… ahhh procrastination, mon amour 🙂 ! Encore un très bon billet !

  2. Au plaisir de te décevoir 😉 je suis en parfaite santé. Tout va bien, je vais bien ♥
    Cool PopCornTime connaissais pas. Une astuce streaming de +
    Côté son, je pensais que tu parlerais de sons qui agissent sur le corps positivement. ça se trouve sur youtube si tu cherches sons binauraux par exemple… j’aime beaucoup pour un coup de mou ou un mal de tête 😉

    Santé, Marie ! 😉

  3. Bon, je n’ai pas eu la crève depuis 3 ans. Ni la gastro depuis 20 ans. Mais j’ai eu une sciatique, ça compte? Popcorn time, c’est du Torrent (pas du streaming) et c’est toppp. En plus avec une chromecast, tu diffuses sur ta télé.
    Brigitte, je ne la comprends pas, va savoir.
    Lou Reed, j’aime.
    Moi je me fais une cure de musique classique. Pas mal de trompette.
    Et puis le Requiem de Mozart.
    Et le Gloria de Vivaldi, à fond.
    Peut-être que j’aurai la crève à Noël, et une gastro le jour de l’an, ça mettra de l’ambiance, va savoir

    • Hey mais t’es trop forte ! Je croyais que Torrent et stream c’était pareil 😉
      Je partage tes idées, le classique, très fort, et aussi Mozart, moi aussi j’aime bien !
      Ambiance ou pas ambiance je te souhaite de rester sur ta lignée de zéro maladies pour les fêtes 😉

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