Plus jamais sans toi, carnet

Mon cher carnet,
souvent, j’ai douté de toi.
Combien de fois ai-je hésité à te glisser dans mon (bordel) sac à mains ? Combien de fois t’ai-je abandonné sur une table, un chevet, un lavabo, mon tiroir à culottes…?
Que ne t’ai-je méprisé et traité comme un vulgaire agglomérat de papier recyclé ?!!
Il faut croire que j’attendais un signe, un déclic, le petit grain de sable dans le rouage parfait (bordel encore) de mes journées.
Que n’ai-je été punie pour l’odieuse désaffection dont j’ai fait preuve à ton égard !

Je t’écris pour te dire que désormais je ne doute plus. Je n’hésiterai plus. Tu ne me quitteras plus.

Plus, plus, plus, mais alors plus du tout !

Toi et moi, c’est du solide, mon choupinet !

Mais je m’en vais te conter quelle épreuve abominable a insufflé la raison dans ma petite tête d’indécise.

J’avançais fringante, de mon pas leste de mère en retard pour la sortie d’école, lorsque cela s’est produit.
Rien ne devait entraver mon parcours et je guidais ma poussette avec une telle agilité que j’avais l’impression de voler.
Rien, pas même les rayons de soleil pointant sournoisement dans mes yeux ainsi que dans ceux de Miss Numérobis, ne pouvait nous arrêter.

Lorsqu’il apparut.
Un fourbe fourgon blanc (mais sale, d’abord). Il était là, garé à 46,7 cm du mur, ses grossières roues en travers du trottoir.
Cette espèce de mammouth en ferraille m’a forcé à ralentir, et même pire : à stopper net ma course débridée vers l’école, qui n’était alors plus qu’à quelques mètres…
Agrippée à ma poussette, je me suis débattue contre ses roues boueuses. J’ai poussé, reculé, pivoté, soulevé (et, bizarrement, lorsque vous soulevez l’arrière d’une poussette, le bébé qui se trouve à l’intérieur est projeté vers l’avant. Vraiment, je ne recommande pas).
À peine avais-je réussi à nous extirper de l’affreuse entrave que je plongeais furieusement dans mon sac à main pour te trouver. J’avais déjà en tête l’image de moi-même arrachant rageusement le feuillet sur lequel j’aurais inscrit ma protestation et le glissant sous l’un des essuie-glace du fourgon.

Un feuillet sur lequel j’aurais pu écrire :

Cher gros abruti de merde,
la prochaine fois, tu pourrais te garer encore plus près du mur de manière à ce que nous ayons l’indéniable certitude que je rayasse ton immonde tas de merde du bout des poignées de ma poussette.

Mais rien. Mes doigts courroucés avaient beau fourrager, tu n’y étais pas.
Et je me suis souvenu. Je me suis revue, sortant en vitesse de l’appartement, te jetant un coup d’oeil plein d’incertitude et, finalement, décidant de te laisser là, seul, sur la table du salon.

Quelle frustration ! Tu n’imagines pas quelle sourde colère j’ai nourri à mon propre égard en cet instant sombre et accablant !
Hier soir, cher carnet, tu m’as manqué éperdument. Que cela me serve de leçon.
Maintenant je ne doute plus. Je sais. J’ai eu la preuve que tu m’es indispensable et plus jamais je ne sortirai sans toi.
Mon blog m’en est témoin.

 

PS : je remercie tout spécialement le site Conjugue ta Mère, sans lequel je n’aurais pas su conjuguer le verbe « rayer » à l’imparfait du subjonctif …

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4 Comments

  1. T’avais quà le graver avec la clé de la bagnole, direct, tout du long pour lui apprendre à ce gros con.

    #jesuisdetenduelevendredi

  2. Haha ! Mais carrément ! Il est d’ailleurs fort étrange qu’avec un esprit aussi violent et belliqueux que le mien je n’y ai pas pensé une seconde…

  3. Maggie Bzh

    Aaaaah, le bonheur des véhicules qui se garent sur les trottoirs de peur qu’un autre véhicule ne vienne faire bobo à leurs rétroviseurs…
    Z’ont juste oublié un détail les conducteurs des dits véhicules: les mamans conductrices de poussettes…. Ca se retourne vachement bien un rétro côté trottoir, en fait…! 🙂

    • Hahaha ! Non mais surtout : je pense qu’une maman armée d’une poussette est bien plus dangereuse que n’importe quel autre véhicule. Moi je suis hystérique dans ces cas-là, faut pas me chercher !

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