Si ta mère est un boulet tape dans tes mains ! (Clap ! Clap !)

À chaque fois que je dis combien j’aimerais être une mère parfaite, on m’oppose que cela n’existe pas, les mères parfaites : que c’est une excuse inventée par Nestlé pour vendre du lait en poudre aux petits africains…

Soit. J’entends cet argument.

Je rectifie donc : j’aimerais être une mère mieux, donc moins nulle.
La mère de la catégorie BEST OF. Celle qui assure. Celle qui a trois enfants mais que ça ne lui fait même pas peur parce qu’on dirait qu’elle a 6 bras et 3 cerveaux.

À la place, j’ai deux mains gauche, les deux pieds dans le même sabot ; quant au cerveau… n’évoquons même pas cette idée saugrenue.

Il y a comme un truc qui coince chez moi : je suis un gros boulet.
Le genre incurable. C’est comme ça, je suis une quiche (hummm ! Quiiiiche ! Miaaaam !) ; c’est lamentable.

« Ne pas lâcher la petite dans la marmite !.. Ne pas lâcher la petite dans la marmite !.. Ne pas (…) »

Je vais donc distiller quelques exemples ici, histoire de me soulager d’un poids : faire enfin mon vrai venant dehors* de boulet. Ça me fera du bien.

Et puis quand même, pour être honnête, j’espère que ça en incitera d’autres à avouer que elles ou eux aussi, sont des nazes intégraux…
(Tu saisis ? Tout l’objet de ce billet c’est que vous veniez par milliers me dire : «haaaan mais moi aussi je griffe tout le temps mon fils avec le bouton de son pantalon !» ou «Mais ouiiiii ! Je sais pas ce qui m’arrive : à chaque fois que je dois signer le carnet de liaison je renverse mon chocolat chaud en plein sur le mot de la maîtresse !»)

NB : de toute manière je suis trop vieille pour le chocolat chaud ; si je commençais par là tout se mettrait peut être en place…

Tiens, en parlant de carnet de liaison… Je suis la mère qui remplit le tableau de la coopérative-d’appel-à-générosité-pour-acheter-plein-de-livres-culturels-zé-éducatifs aux petits… Mais pas dans les colonnes.
Après coup, je réalise que j’ai écrit à côté du tableau alors qu’il fallait écrire dedans.
J’écris donc dans le dedans du tableau, mais dans la ligne des titres… Au bic ineffaçable, bien entendu.
Je vois bien que ça fait bizarre (notamment quand j’aperçois, juste en dessous, les cases blanches avec pointillés, qui n’attendaient que d’être remplies par ma rondelette écriture au bic noir).
Bref, je suis la mère qui rend un carnet tout gribouillé avec trois signatures sur la même page, mais en trois endroits différents (même pas peur).

Le soir où j’ai enduis la poitrine de mon fils de cold cream à la place du baume pectoral, j’ai su que j’avais vraiment un grain (de sel ?..). Pour ma défense, cette marque propose des conditionnements identiques pour ces deux produits (cf Mustela). Ça en est troublant…

Je suis la mère qui veut couvrir la tête de ses petits (en été, le soleil tape, c’est dangereux ; l’hiver, le froid donne encore plus de rhume et d’otites, c’est dangereux… pour mes nerfs). Alors je leur achète de jolis petits couvre-chefs… Toujours trop petits, ou trop grands ; jamais à la bonne taille.
Le mieux, ça a été quand j’ai voulu en fabriquer un moi-même (comme toutes les mères Best Of) : premier modèle, trop petit ; second modèle, trop petit mais un peu plus grand que le précédent. Troisième modèle, conçu de travers mais à fait l’affaire pendant un mois.

Je suis la mère qui décide de garder son fils à la maison un jour de plus «au cas où», parce qu’il a l’air quand même encore un peu fatigué. Et puis c’est vendredi, on n’est pas à un jour près, surtout en petite section.
C’est vrai.
Sauf quand ça tombe justement le jour de la photo de classe.
Non non non : pas juste une photo de classe, comme ça.
La TOUTE PREMIÈRE photo de classe de sa vie. Celle qu’on aurait ressortie dans 25 ans en disant : «Ho t’as vu la tronche qu’elle avait celle-là, c’était la petite Oriane, ou Ariane, je sais plus. Mais siiiii ! Celle dont la maman avait cette horrible couleur orange vif !».
Celle qui s’accompagnait d’un portrait : son premier portrait de petit écolier, qui aurait dû être acheté en 15 exemplaires. Dix pour nous, et les cinq autres envoyés au grand-parents, aux oncles et tantes, etc.

Je suis la mère qui achète, le coeur dégoulinant de générosité et d’amour, le gâteau et les jus de fruits pour le goûter d’anniversaire de son fils à l’école.
Goûter dont il se languit depuis la rentrée. Auquel il repense le soir, avant de s’endormir en ne rêvant que d’une seule chose : qu’arrive vite le jour où ça sera à lui de souffler les bougies devant tous ses camarades.
Les bougies, c’est donc le clou du spectacle pour lui.
Sauf que je suis la mère qui les oublie, les bougies… Le seul jour de toute l’année où c’est à moi de les apporter.

Je suis la mère qui, après 3 ans, n’a toujours pas compris à quoi servait le Liniment Oléo-Calcaire (mais je mets les majuscules quand même, par respect); mais qui en possède tout de même pour rester dans le coup.

Je suis la mère qui décide d’aller voir ce que vaut la Ludothèque de sa ville, un vendredi soir (et qui n’ira plus jamais, jamais, jamais).
Qui s’en va un peu fatiguée (…), installe chaque enfant à sa place dans la voiture, démarre, fait le tour de la ville au lieu de prendre le chemin le plus court pour rentrer à la maison ; et s’aperçoit, une fois garée dans le parking, que la poussette, elle, est restée sur le trottoir… de la ludothèque, oui, bien entendu (sinon ça ne serait pas aussi poilant). Certes, il valait mieux oublier la poussette que le bébé… sur le trottoir… C’est certain…
J’aurais tendance à dire qu’il valait mieux ne rien oublier du tout, personnellement.

Je suis la mère qui passe 5 jours à raconter à tout le monde que son fils a «une otite cérique, tu comprends, c’est terrible : il est sourd le pauvre enfant»… Alors qu’en fait, il s’agit d’une otite «céreuse».
Presque aussi ridicule que la fois où j’expliquais à tout le monde combien j’étais rassurée d’accoucher dans une clinique dotée d’une service de «Néonatalité»… J’aurais dû me contenter de dire «néonat’» comme tout le monde… (parce qu’en fait, c’est NéonataLOGIE, qu’il faut dire, mais je ne l’ai su que trop tard).

Enfin, je suis la mère qui crie un peu (mais un peu, chez moi, ça ressemble à quand Céline Dion chante All By Myself… C’est tout meutch, ostie d’caribou).
Parce qu’elle n’arrive pas à remettre la main sur cette fichue clé de voiture alors que tout le monde est déjà harnaché dedans, prêts à partir chez la pédiatre.
Qui essaye d’accuser son fils («allez avoue, tu l’as avalée ? Je te préviens si tu l’as avalée ça va te faire très mal quand tu vas faire caca. Ça sera bien fait pour toi !»).
Qui sort, en cinq minutes tous les jurons qu’elle connait.
Dont la tirade est entrecoupée de «Maman je crois que tu as dit un gros mot. Maman tu as le droit de dire des gros mots ? Maman, « dingue », on a le droit de le dire?».
Qui se fout à plat ventre dans la rue (par un jour de pluie, c’est tout mouillé) pour voir si cette petite entourloupeuse de clé ne se serait pas glissée sous une roue.
Qui finit par s’apercevoir qu’elle avait posé la clé au fond du siège de son fils AVANT d’y poser les petites fesses de ce dernier (pourquoi ? Comment ? Aucune idée).

Je pourrais donner tellement plus d’exemples !
Mais non. Parce que je n’en ai pas l’air comme ça, mais j’ai honte et ça m’énerve.
J’ai essayé de me concentrer, de me ressaisir.
Mais en vain.

Si toi aussi tu as mouché ton enfant avec son body parce que tu étais mal réveillé (ou volontairement).
Si tu l’as engueulé pour avoir cassé ton tube de rouge à lèvres alors que c’est toi qui a fait tomber ton sac à mains, comme toujours.
Si tu n’as pas d’enfants, mais que tu es déjà le Pierre Richard de ton quartier.
Si t’es la nana qui éclate de rire en plein premier rendez-vous… Sauf que t’es en train de manger un fondant au chocolat, et que ce machin-là, ça colle beaucoup aux dents (c’est parce que c’est gras et plein de beurre ; c’est d’ailleurs pour ça que tu l’aimes, ton fondant).

Bref, vous boulets de France et même d’ailleurs : manifestez-vous. Aidez-moi à me sentir moins seule. Faites-moi signe c’est Noël ! (non pas aujourd’hui. Mais vous savez, comme on dit : «Noël un jour, Noël toujours !», donc…).

 

* Se dit également « coming out » en français courant

Rendez-vous sur Hellocoton !
Partager cette lecture :
Share

27 Comments

  1. Je suis une maman boulet de Province et je lève mon doigt haut, bien haut !

  2. Je suis un boulet aussi mais, qu’elle mère ne l’a jamais été… Au moins ça fait des choses à raconter et c’est plutôt drole 🙂

  3. Agat

    Allez je suis aussi un boulet, haut niveau par contre.
    A Noel, ma fille vient me voir car elle a soif, plus de jus d’orange dans son verre, la flemme de me lever, je lui tend mon verre de coca disant : c’est la fête fait toi plaisir!
    La petite boit bien, qu’elle soif ! Mon mari hurle !! Je tilt !!!
    30 min avant, moi qui ne boit jamais d’alcool j’avais accepter après 50 demandes de mon beau frère d’ajouter du whisky dans mon coca.
    A 2 ans 1/2, j’ai donner de l’alcool à ma fille… LA HONTE!

  4. Je ne suis pas maman, simplement étudiante, mais quelle texte brillant d’humour et de simplicité, vite la lecture des suivants 😀

  5. hahahahahahah ! J’ai bien ri sur ce coup, un de tes meilleurs billets Marie ! Je lève à moitié mon doigt car depuis que je suis papa, je suis (un peu) un boulet, moi qui fut le roi de l’organisation, du laisse rien au hasard… J’ai ainsi paniqué avant d’entrer dans un avion pendant 5 minutes persuadé d’avoir perdu les passeports… qui étaient en fait dans ma poche. La clé de voiture sur le siège à coté de bébé ? Un classique chez moi. Le portable dans la voiture où il passera la nuit d’hiver ? Une récurrence à ce stade. Bref, je suis dans ton club Marie !

  6. O2tigrou

    Excellent billet qui me permet de me sentir un peu moins seule, je suis un boulet de première catégorie et j’ai fais bien pire que toi mais j’ai bien trop honte pour en parler…

  7. Nathaly

    Je suis désolée, je ne suis pas un boulet, mais une mère parfaite !
    Ou alors, j’ai (volontairement) oublié toutes les fois où j’ai été une mère boulet pour mes 3 filles… #binettequisifflotte
    Me souviens de la fois où elles (mes jumelles qui devaient avoir 8 ans) sont restées plantées sur le parking de retour de colo… j’avais zappé l’heure de retour, j’ai eu un coup de fil des animateurs, bien 1/2 après que tous les autres enfants soient repartis avec leurs parents… Ce souvenir me colle encore la chair de poule, alors que mes filles, elles, ont sans doute oublié… (enfin j’espère… !!!)

    • Nathaly, sans vouloir vous faire peur, la seule fois où mes parents m’ont fait le coup, j’ai pleuré toutes les larmes de mon corps, me sentant franchement abandonnée face à ces autres enfants dont les parents étaient une demi-heure à l’avance en train de sagement attendre le car. Je n’ai jamais oublié, mais je ne leur en tient plus rigueur. Dix ans après, il valait mieux Haha 🙂

      • Bon… effectivement, Dounia n’a pas tort… Moi-même je fus oubliée plusieurs fois à l’école par ma maman et je m’en souviens encore… Mais parc contre ça ne m’a pas fait souffrir sur le moment. Ça m’a bien fait chier : le soir après l’école j’aimais regarder Sauvé par le Gong ou la Fête à la Maison (NB : faut être vieux pour connaitre) et les fois où ma mère m’a oubliée je n’ai pas pu… c’était rude…

    • Ma pauvre : tu as dû exploser ton quota de culpabilité maternelle ! Je suis sure que ça se tord encore dans ton ventre quand tu y penses !

  8. tu n’as rien à envier à cette maman blonde multifonctions. elle a une coiffure parfaitement ridicule.

    • Comment as-tu su qu’elle était blonde ? Moi-même, il y a un an, j’étais blonde et donc parfaite. Et puis je n’ai plus fait mon balayage depuis mars dernier et du coup, je suis de pire en pire (et en plus on voit davantage mes cheveux blancs)… En fait c’était une question de cheveux et on ne nous a rien dit !!!!

      • Tites crapules

        moi je suis blonde et je confirme ça ne m’empeche pas d’être un boulet ! je suis la maman qui oublie CHAQUE fois le bib du bébé quand on part en balade… qui oublie sa couche de rechange après la piscine (celle la je l’ai faite deux fois) et plein de choses encore !
        sinon je viens de tomber sur ton blog par l’intermédiaire de cranemou et c’est vachement sympa !

  9. Moi je suis pas maman, mais heureusement, car niveau boulet, je veux pas me vanter, mais je survole la compétition (facile !).
    Un exemple : hier après-midi, je pars au ciné avec mon chéri. Sur le trajet entre la porte de la maison et la voiture, je m’autocongratule copieusement (oui ça m’arrive assez rarement, mais j’étais de bonne humeur, que veux-tu) : j’admire mon nouveau vernis à ongles fraîchement posé, je regarde avec amour la jolie petite robe que j’ai enfilée ce matin là, je m’extasie devant le fait que mes collants ne sont pas encore filés (exploit !)…
    Et une fois arrivée à la voiture, je m’arrête une seconde et je dis à mon chéri hilare « euh… je file-moi tes clefs, je crois que je vais retourner à la maison pour mettre des chaussures… ».
    Ben quoi, dans « Le Hobbit » les personnages sont pieds nus pendant tout le film, alors qu’est-ce que ça aurait changé si j’y étais allée en chaussons ?

    • Hahahaha ! Toi t’es unique ! T’as raison, tu explose tout. Et donc le Hobbit, c’était bien ?

    • Tites crapules

      moi avant d’être maman un jour d’été je suis allée au boulot en tongs ! ben oui les tongs étaient mes chaussons du coup je suis partie comme ça ! la je me concentre j’ai reçu des chaussons chaussettes on est tellement bien dedans qu’on a tendance à les oublier…

  10. aurelie_gabriel

    Ah là là Marie!!!!
    Il faut que tu arrêtes de t’auto-flageller, t’es dure avec toi… Bref c’est peut être cette sincérité que j’apprécie aussi. Excellent billet d’ailleurs!
    Aller une petite (honte) de ma part, je ne suis pas certaine que ça me fasse du bien mais bon…
    L’année dernière pour mardi gras le thème était libre! Quelle horreur! Moi qui adore montrer que je suis une super maman qui déchire et passe des semaines entières à trouver les accessoires pour un costume quand-tu-le-vois-tu-pleure-de-honte tellement j’me la donne (hop un peu d’auto-estime, si si ça se dit je crois), là je n’ai rien à me mettre sous la dent…
    Bof du coup pas de motivation, j’en oublie presque le carnaval. Fort heureusement le cahier de liaison sert parfois à quelque chose et la maîtresse à l’extrême amabilité de nous redonner des conseils la veille… Oups.
    Mon fils réclame son costume de spiderman, ouais si tu veux (d’façon cette année je m’en fiche), je fouille dans les sacs de déguisements et trouve le costume criard (et vulgaire avec les faux pectoraux dessus), je le fiche en boule dans le sac pour le lendemain, la consigne étant de ne pas costumer ton lardon dès le matin, le carnaval c’est l’après-midi. Comme je bosse à plein temps il sera habillé par les animateurs à 13h.
    Le lendemain matin, R.A.S, je le dépose à la garderie, bisous, bonne journée… Je pars au boulot.
    Le soir, j’arrive à la garderie, les enfants sont encore costumés, j’identifie rapidement le mien, malgré la trentaine (ou à peu près ça) d’autres spiderman, et là je me décompose, je blêmis, je voudrais disparaître!!!!!
    son costume est 10 fois trop petit, le bas, qui devrait selon toute logique lui couvrir les chevilles, lui arrive à mi-mollet, les bras pareil, les animateurs n’ont pas réussi à fermer le costume derrière et pour couronner le tout le costume est complètement décousu devant!!!
    Alors là mon ego en prend un sacré coup, mais le pire fût d’imaginer mon pauvre petit garçon ridicule toute l’après-midi, ça m’a fendu le coeur…
    Si j’avais daigné jeter un vrai coup d’oeil au costume la veille on aurait évité la cata…
    Des comme ça j’en ai d’autres, on verra, en commentaire d’un autre billet peut-être 😉

    • Hahaha ! Enooorme !!!
      Je pourrais en raconter de belles sur le costume de carnaval mais… « heureusement », mon fils à eu la varicelle pile à ce moment-là cette année (ce qui lui a évité d’y aller déguisé en Fraise, quand même…)

Leave a Reply to MarieGraindeSel Cancel Reply