Tu sais, ma Terre

Souvent, les gens nous demandent «comment ça va, la vie à Brest ?».

Est-ce nous nous sentons bien ici. Est-ce que nous y sommes bien installés.
Est-ce que nous nous y faisons…
Comme ça n’était pas une punition, de base, s’y «faire» est la partie la plus simple.

Est-ce que ça va ?
Je ne sais pas quoi répondre.
J’ai l’impression qu’il faudrait une réponse pragmatique.
Je fournis une réponse pragmatique, je fais ce qu’on attend de moi : j’aime bien (mais pas trop souvent).

Je dis que la maison est chouette, que nous nous y sentons merveilleusement bien. Je parle des enfants, de leur bien être.
Je me souviens que pragmatique, c’est le travail, le concret, le palpable. Je dis que le boulot, ça va.
Que la ville est extra.
Je conclue généralement en disant, en répétant : «nous sommes très contents» (x3).
Avec un sourire, un air inspiré. Je ne feins pas. Le sourire est sincère. Ce sont les mots qui sont en trop : trop réalistes. Et puis trop réducteurs. Le concret, parfois, ça n’en dit pas assez.

www.mariegraindesel.fr_materre_2

Je ne peux pas répondre qu’en fait, je ne sais pas quoi répondre.
Je n’ai pas de réponse à «comment ça va, votre vie à Brest ?».
Mon coeur répond, mon âme aussi, mais en mots, je ne sais pas comment traduire.

À part que j’ai la tête pleine de chansons. Que j’ai les yeux pleins de ce que j’ai toujours rêvé de leur offrir, du réveil au coucher.

Et je redécouvre cette chanson… Grâce à mon cousin. Dans des circonstances pourtant dramatiques.
Dans le drame et la douleur, oui, j’entends ces mots magnifiques. Qui disent tout.
Qui me racontent le plus profond de moi-même.
Et pourtant, cette chanson, ce n’est pas mon histoire. Et en même temps, cette chanson c’est moi.

Cette chanson répond à la question.
Ici, c’est «Ma terre». Elle est «collée à ma peau» et depuis toujours je lui promettais, en pensées : «je viendrai vers toi de nouveau».

Cette chanson raconte bien davantage l’histoire d’autres personnes. Des gens que j’aime. Mes gens à moi, ils y sont, dans ces mots… Cette chanson, c’est eux.

Mais la musique, c’est l’irrationnel. On peut s’y reconnaitre parfaitement sans logique, sans preuve.

Quelqu’un que je connais a dit que des larmes versées pour de la musique, sans qu’on puisse les retenir, c’était l’une des choses les plus magnifiques… Pas besoin de savoir pourquoi, ni d’où c’est venu. C’est comme ça. Et c’est beau, oui, ce qu’on ressent dans ces moments-là. C’est très personnel. C’est unique.

Oui… Ma terre.

Là se trouve ma réponse. Il ne s’agit pas de savoir si ça va ou pas, je suis bien au-delà de ça… Et bien plus terre à terre… Ma terre et moi, nous sommes enfin au même endroit.

Et vous ? Si vous deviez le dire en chanson, ça donnerait quoi ?

Voilà la chanson, chantée par Les compagnons de la chanson : 

Et pour les paroles, c’est par ici :

Un matin on m’a dit «faut t’y faire»
Un matin on m’a dit «faut partir»
«C’est fini de rêvasser sur tes souvenirs
Va en ville c’est ça l’avenir»

Alors moi, je l’ai quitté, ma terre
Celle qui connue mes premiers pas
Elle était un peu aride je ne le nie pas
Mais c’était la terre de chez moi

Tu sais ma terre
Tu restes collée à ma peau
Bientôt ho ho ho
Je viendrai vers toi de nouveau

Pour sûr que c’était l’idée du Maire
De tout faire démolir par chez moi
Y-a quelqu’un qui en revient, paraît que là bas
Même les vieux sont d’accord pour ça

Ils veulent bâtir dessus, ma terre
Mais pour ça il faut paver le blé
A croire qu’ils ont oublié l’odeur de l’été
Quand le soir, le foin est rentré

Tu sais ma terre
Tu restes collée à ma peau
Bientôt ho ho ho
Je viendrai vers toi de nouveau

Ils veulent rejeter les vielles pierres
Et détourner le cours du ruisseau
A savoir s’ils n’iront pas chasser les oiseaux
Et cacher le ciel d’un rideau

Alors je vais revenir, ma terre
Car la ville n’a pas besoin de moi
Et crois bien si longtemps que je serai là
Ils ne pourront rien contre toi

Tu sais ma terre
Tu restes collée à ma peau
Bientôt ho ho ho
Nous serons heureux de nouveau.

Rendez-vous sur Hellocoton !
Partager cette lecture :
Share

8 Comments

  1. Moi je trouve que tu en parle très bien

  2. C’est une très jolie chose d’avoir une « terre », de se sentir à sa place en un endroit, une chose que je t’envie – je suis déracinée à trop avoir déménager enfant – et dont je pense qu’on la ressent encore plus fort quand près de cette terre, il y a « la mer », immuable, et pourtant toujours différente…

    • Oui, je suis d’accord avec toi ! La mer, éternelle et toujours surprenante.
      J’imagine oui, qu’avoir beaucoup déménagé change la donne. Les gens que je connais et qui ont vécu ça se sont attachés à un objet « fétiche ». Qu’ils ont pu gardé avec eux tout du long. Qui était leur élément immuable et rassurant, leur point de chute. Mais aussi, ce sont des gens qui me donnent l’impression d’être « de partout » : ils pourraient faire de n’importe quelle terre leur terre. Je trouve que c’est une force 😉

  3. Très beau billet. Même si ta chanson m’a complètement plombée (mais je comprends ce que ses mots disent).
    Je suis totalement dans le même cas qu’Anacoluthe, pour les mêmes raisons.
    Il y a des endroits où je me sens bien, un peu chez moi mais pas vraiment enracinée (à la façon de « Né quelque part » même si ce n’est pas l’endroit où je suis née mais celui où j’ai vécu de 5 à 14 ans).
    Pas de terre en particulier qui me colle vraiment à la peau, qui m’appelle. Parfois je trouve ça bon ce sentiment de n’appartenir à rien et à d’autres moments (quand je te lis par exemple !), j’ai le sentiment de louper quelque chose.
    Tout de même, la chanson qui me viendrait, pour répondre à ta question, c’est « Je viens du Sud » (même si je suis pas fan de l’interprète).

    • Merci beaucoup ! Je lis ton commentaire et je réalise que j’ai oublié une remarque dans mon billet : je crois que tout le monde a une « terre ». Parfois, c’est celle de nos origines familiales, ou celle où nous avons passé notre enfance. Parfois, c’est une terre dont on est tombé amoureux. Une terre sans cohérence avec nos origines ou l’endroit où nous sommes nés. Mais on y a posé le pied, ne serait-ce que 5 minutes. Et comme en amour, sans pouvoir l’expliquer, on sait que cette terre devient la notre. Celle de notre coeur. Elle est gravée en nous pour toujours et pour toujours, nous avançons le coeur tourné vers elle. L’espérant, la désirant, retenant notre souffle jusqu’à la prochaine fois qu’on pourra la retrouver. Tu vois, ya pas de logique, c’est de l’amour, c’est irrationnel 😉

      J’aime beaucoup la chanson de Chimene Badi moi aussi. Déjà parce que je trouve qu’elle a une voix splendide, mais aussi parce que la chanson parle d’origines et d’ancrage du coeur et de l’âme. Alors forcément 😉 Merci pour ton com !

  4. C’est bon de te lire, car j’aime la même terre…
    je te souhaite une douce année.
    Ici c’est la tempête, j’espère que 2014 sera plus calme

    prends soin de toi

Leave a Comment