Ce que j’ai appris en 2015 et que j’avais rien demandé

Cher lectorat avide d’enseignements de la vie, me revoici, me revoilà.
Il y a un an à peu près, je t’avais proposé un inventaire de ces choses incroyables et non moins cruciales que j’avais apprises de la vie sans même l’avoir cherché (c’était dans ce billet, si tu veux apprendre des choses, toi aussi).

Sache, mon choupinet, que 2015 a été particulièrement généreuse en apprentissages de vie. Incroyable année.
J’ai volontairement été pêcher certains de ces enseignements. Hé bien oui, car j’aime apprendre, que veux-tu ?
Je te donne un exemple d’une chose que j’ai désiré apprendre cette année : est-il vrai qu’il faut refaire tout de suite du sport pour soulager les courbatures liées à un intense effort physique ?
Ma réponse, après test sur le terrain, est… mitigée : un jour que mon corps était particulièrement meurtri par les courbatures (je me suis mise au surf, tu sais), je me suis lancée dans une séance intensive de course à pieds. Je n’ai pas pu marcher pendant 3 jours.
Du coup, à la question « est-il vrai que pour se remettre d’une sévère gueule de bois il faut boire de l’alcool ? », j’ai préféré ne pas chercher de réponse et j’ai opté directement pour un thé vert et une grosse sieste.
J’ai donc cherché, et j’ai appris, au passage, que « soigner le mal par le mal » ne soigne rien du tout. « Soigner le mal par le mal », ça fait juste : encore plus mal.

Elle pourrait être longue, la liste des choses que j’ai apprises cette année parce que je l’avais bien cherché.
Mais ce que je souhaite retenir, pointer, glorifier aujourd’hui : ce sont ces enseignements magnifiques que je retiens de 2015 et que j’avais rien demandé, d’abord.

Un cambriolage est une expérience mystique d’accès à soi et à l’amour que l’on porte à l’intérieur de son petit cœur tout rose.
Avant, je pouvais aisément imaginer qu’un cambriolage était ressenti comme un viol de l’intimité, un piétinement du foyer et une indiscrétion fondamentalement condamnable.
Ce que j’ignorais, c’était combien perdre tous nos biens matériels les plus chers (en argent) revalorisait si intensément tous ce que nous avons de vraiment très cher (que l’argent ne peut acheter). J’ai réalisé qu’on pouvait tout me piquer (je dis bien TOUT, oui, même ma crème de jour) mais qu’on ne me volait rien tant qu’il me restait ma famille et la vie (pour eux, pour moi). J’ai compris, une fois qu’il ne me restait plus un seul bijou, que j’accordais beaucoup d’importance aux symboles, aux histoires de chacun d’entre eux. Mais qu’une fois qu’ils avaient disparu, tout ça demeurait et qu’en fait, c’était ça le plus précieux dans ces objets : mes souvenirs, mon histoire, et tout l’amour qu’il y avait eu là-dedans. Voilà, quelqu’un de chanceux (et dont le tour de doigt fait 51) porte aujourd’hui mon magnifique solitaire en diamant, certes. Mais elle (ou il, ne soyons pas sectaires) ne portera pas, ne connaîtra pas, l’histoire qui l’a accompagné et qui m’est si précieuse (et oui, en fait, c’est une consolation).

Le tiroir à petites culottes est une piètre cachette
J’ai appris, grâce à mon cambrioleur albanais prénommé Grokjî*, que tous les gens cachent leurs bijoux et leur argent dans leurs pulls, sous leurs matelas ou, à défaut, dans leurs tiroirs à culottes. J’ai appris ça parce que Grokjî a trouvé des bijoux particulièrement coûteux dans mon étagère à pulls, justement (et après avoir retourné mon tiroir à petites culottes et mon matelas). Je t’invite à retenir cet enseignement, et à cacher tes objets précieux dans des endroits originaux et créatifs (je n’ai pas d’idée et je n’en ai pas besoin car je n’ai plus d’objets précieux. Mais si tu as des suggestions, je t’en prie : fais-en nous part !).

Les compagnies d’assurance assurent tout sauf votre protection (mais elles doivent avoir d’autres talents, hein)
J’ai appris, du même coup, que les compagnies d’assurance n’avaient pas la même notion du principe « d’assurance » que nous. Ca tombait mal, pour le coup.
En effet, quand une compagnie d’assurance vous dit « on vous envoie quelqu’un d’urgence pour sécuriser votre fenêtre cassée » le 8 janvier, ça veut dire : « nous ne vous enverrons personne, vous pouvez crever, mais pensez tout de même à payer votre facture mensuelle. En vous remerciaaaaaant ! ».

J’étais prête à m’en tenir à cet enseignement que je n’avais pas souhaité, lorsque survint mon deuxième vol de l’année.
C’était la semaine dernière. Et combien ne fus-je surprise de constater que ma valise avait disparu du train, sans moi, alors que je me rendais en Suisse pour travailler !

Mais c’est tant mieux, car il me restait deux ou trois choses à apprendre sur le vol. Même si, de base, je n’avais pas demandé à les apprendre, je le rappelle.

Un vol, de base, c’est surtout et avant tout : de votre faute.
Mon assurance personnelle couvre les sinistres qui ont lieu dans ma maison uniquement. A choisir, il aurait mieux valu que je m’en tienne au traditionnel cambriolage du gang albanais du Finistère (le fameux), comme en janvier.
Mon assurance professionnelle couvre uniquement les sinistres qui se déroulent sur un lieu de travail : le mien, ou celui des clients chez qui je me déplace. Encore une fois : pas de chance.

Fâchée de devoir dépenser un mois de salaire dans le réassort auquel je me voyais forcée, je décidai de me tourner vers l’assurance de mon ordinateur. Celle-là, c’était la mieux de toutes. Ha oui, parce que mon ordinateur était dans la valise, bien entendu.  Sinon le problème se serait résumé au vol de mes petites culottes, de mes marqueurs à tableau blanc, et, une fois de plus, de ma crème de jour : ce qui est déjà suffisamment dramatique, en soi.
Je suis couverte, en cas de vol de mon ordinateur, et dans un train, à ces conditions très précises : l’ordinateur devait être été rangé dans un bagage à mains, sous ma surveillance, et le vol doit avoir eu lieur sans altercations ni effractions.
Je traduis pour vous : admettons que je suis dans le train. J’ai mon ordinateur dans mon sac à mains (oui, j’insiste sur ce point, qui n’est pas un détail à prendre à la légère). J’attends donc patiemment, mon sac à mains logé sur mes genoux, mon arrivée à Montparnasse, admirant au passage les fabuleux paysages verdoyants de notre belle France.
Quand soudain, une personne mal intentionnée, prenant l’air de se diriger nonchalamment vers le bar (en voiture 14), se penche avec sollicitude vers mon sac à mains.
Restant coite face à tant d’aplomb, j’entrouvre mon sac et en présente le contenu au malotru qui, avec souplesse et fierté, s’empare de mon ordinateur. Encore dans l’expectative face à l’originalité du geste, je le laisse poursuivre sa route jusqu’à la porte du train, et descendre en toute discrétion (et sans moi) en gare du Mans.

Dans ce cas UNIQUEMENT, mesdames et messieurs : l’assurance me donne un coup de main pour remplacer l’ordinateur. Saluant au passage l’absence totale d’esprit belliqueux chez moi, qui ait laissé le voleur voler sans faire preuve de violence, ni physique, ni verbale, à son égard (et vous le savez, c’est possible : je suis tellement pleine d’amour).
Pour tout autre scenario, le vol, c’est rien que de ma faute parce que je n’avais pas mon ordinateur sur les genoux. Alors l’assurance ne prend pas en charge le remplacement de mon matériel. Mon ordinateur neuf, que j’ai acheté en janvier, puisque Grokjî avait pris celui d’avant.

J’ai donc appris cette année, une chose essentielle : il est très important d’être assuré, dans la vie. La raison d’être de l’assureur étant : le sinistre. Vous passez plusieurs années au calme, à cotiser régulièrement (car si vous oubliez de payer, l’assureur vous gronde, voire même : il vous punit). Puis un jour, le sinistre a enfin lieu. Le spectacle peut commencer : l’assureur entre en scène, brillant de mille feux, puisant dans la réserve de dizaines d’années de vos cotisations, pour vous porter secours tel un chevalier invincible (et riche).
Hé bien que nenni. S’il est une chose qu’une compagnie d’assurance assure très mal, c’est le sinistre. J’ai donc appris cette année, à 2 reprises, que mes cotisations d’assurance multi risques servaient à donner de l’argent à mon assureur, et puis c’est tout. M’enfin, il faut bien faire tourner les entreprises.

Mais heureusement, j’ai appris au passage que oui, on peut rire des choses pas drôles, et même beaucoup. Et que ça sauve pas mal de situations pourries.
Fort heureusement, face à l’audace des voleurs, à l’approche démissionnaire des assureurs, j’ai appris que l’arme la plus efficace (pour mes nerfs), restait l’humour. J’étais dans le train, je me dirigeais vers la Suisse où j’allais passer 3 jours loin de chez moi, de ceux que j’aime, et à travailler dur. Il était donc indispensable que je ne cédasse ni à la colère, ni à la panique, encore moins au désespoir. Il ne me restait donc qu’un choix : le rire. Alors j’ai ri. J’ai ri avec mes voisins de train. J’ai ri avec mes amis sur facebook à travers un statut les invitant à rire avec moi du vol de ma valise, de mon ordinateur, et de mes petites culottes. Avant, je n’imaginais pas combien l’irrespect problématique et révoltant qui anime certaines personnes pût être la source d’autant de rigolade. Je notai au passage l’humour sans borne de mes amis, en matière de vol de valises et de petites culottes. Oui, j’ai ri, et je vais garder cet enseignement, qui a été le plus précieux de 2015 : on peut tout, on essaye tout, l’important est de se souvenir, tout le temps, de rire. Sinon on est foutus.

Si vous avez d’autres choses à m’apprendre sur votre compagnie d’assurance, les cambriolages, les petites culottes et le gang des albanais, je suis preneuse : je ne souffrirai pas d’autre vol, même si j’y apprends beaucoup. Parce que j’en ai marre.

 

*Nous avons préféré changer le prénom du connard pour ne pas faire entrave au travail mené de front par les autorités policières du Finistère

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20 Comments

  1. Ha oui.. en fait tu as cumulé !!!
    Sinon juste en cachette pas mal, un endroit totalement inhabituel style avec les serviettes hygiéniques ou dans un pot de yaourt vide au frigo, dans une poche d’un blouson miteux… Moi je note les pièces de la maison, je tire au dé (donc fruit du hasard) et je cache dans cette piece. Sinon pour tout ce qui est papier, l’enveloppe scotchée sous le tiroir, ou au dessus d’un meuble a la con (dans la cuisine).. bon c’est clair que si tu veux t’en servir c’est pas top mais bon…

  2. Ma pauvre. Je n’ai pas ri à lire ton billet. Je pars toujours avec mes bijoux en vacances bien que je ne sois pas à l’abri de me faire braquer sur la route ou d’avoir un accident. J’espère que les vols sont terminés pour toi. Bises

  3. Le jour où le gang des abrutis m’a volé mon sac à main au second jour de mes vacances seule avec mes 4 enfants à 1200 km de mes bases, j’ai dit à la police que c’était vraiment dégueulasse, il y avait le chapeau de soleil de ma fille dedans, et un petit mot de sa marraine auquel je tenais très fort. La policière a opiné du chef, et a demandé si on voulait aller voir l’assistance sociale, rapport à ce qu’on allait bien pouvoir manger, avec les 15€ d’argent de poche de mon aînée qui nous restaient pour les deux semaines, mais j’ai dit non merci, l’assistance sociale n’est sûrement pas douée en petits mots gentils qui aident à avancer dans la vie.

    Le gang des abrutis, si, par contre. Il m’ont appris qu’on s’en sort toujours, tant qu’on est vivants. Et à cacher les papiers de la voiture dans le four, au cas où (attention, ne pas prévoir de pizza – ou laisser un post-it sur le four, mais c’est moins efficace).

    Ma mère cache ses bijoux à la banque, et sinon à la cave, dans un fourbi de vieilles casseroles. Mais elle ne me pardonnerait pas de l’avoir dévoilé ici. Tente le tiroir à légumes du frigo peut-être?

    Quant aux assureurs, je crois qu’ils font eux-mêmes partie d’un gang, celui des racketteurs. No comment.

    • Marie Grain de Sel

      Haha le post-it sur le four avec écrit : « attention, les bijoux précieux sont dans ce four », c’est pas mal 😉
      Les bijoux à la banque, c’est le conseil qu’on m’a donné. Mais après je les mets quand moi, les bijoux ? C’est efficace mais trop triste !(les casseroles par contre, je note)

  4. oops

    Et oui, c’est aussi un truc que j’ai appris au sujet des assurances, après nous être fait rentré dedans juste devant chez nous, dans la voiture qu’on avait acheté d’occasion peu de temps auparavant, et juste après avoir changé l’embrayage (ouille le coup du lapin et ouille le porte-feuille).
    Les assurances fonctionnent comme les mutuelles et les banques. Prêtes à vous tendre un parapluie quand il fait beau, et à le reprendre quand il pleut.
    Bon.
    J’ai donc tout mes documents important on line, et je ne ferme plus la porte à clé : ce serait ballot de devoir repayer une porte ou une fenêtre !
    Et j’ai trouvé une voiture à 250€, et une autre gratos (juste des réparations à faire dessus).
    Comme quoi…
    Rions et ayons confiance : la solidarité existe !

  5. Mais Marie, j’aime votre regard sur la vie !
    Et votre style.

    Oui, 100 fois oui, les objets sont attachants pour les souvenirs et l’histoire qu’ils portent. C’est à dire le beaucoup d’amour qu’il y a dedans.

    Comme me l’a écrit mon amie Bernadette dans le très beau poème composé pour notre mariage : « Et si Brel était là pour chanter « Quand on a que l’amour », il dirait qu’on a tout ! ».

    Salutations salées

    • Marie Grain de Sel

      Oui tu vois finalement, l’amour c’est tout. Et ça, personne n’a encore trouvé comment me le piquer. Je croise les doigts 😉 Bisous bretons !

  6. Polypocket

    Rire de tout, rire quoi qu’il arrive, mes racines ritales ne peuvent qu’approuver ! Et aux gangs de connards qui sévissent dans les trains et sous nos combles « Va fare napoli » …

  7. Emilie

    Eh bien je t’admire (oui, je le dis) d’être capable de rire de tout cela. Je ne crois pas que j’en aurais été capable si vite. Dans le fond, je sais bien que tu as raison, mais… Et tu vas revenir en Suisse un de ces 4 ?

    • Marie Grain de Sel

      J’ai aussi passé un certain temps à ne pas rire avec cette histoire. Mais au final, c’est plus confortable de rire (et puis j’ai trop peur que me fâcher me donne des rides, tu comprends). Oui je travaille souvent en Suisse, j’aime beaucoup !

  8. Emilie

    Si un jour tu es du côté de Genève et tu disposes d’un peu de temps pour prendre un café, fais-moi signe !

  9. Fanchette

    Bonjour,
    Je viens de chez WonderfulBzh et je découvre quelques unes de vos archives.
    J’aime beaucoup votre « ecriture de merde » (heu référence à l’article du dessus et à votre humour, ne le prenez pas mal).
    Je suis moi même en conflit (avec avocat assignation et frais d’expertise judiciaire par dizaine de milliers d’euros) contre l’assurance qui ne m’a pas assurée lors d’un sinistre sinistre. Ça fait 2 ans que ça dure et donc beaucoup d’argent d’ores et déjà perdu.

    J’ai du mal à en rire mais c’est vrai que ça va mieux quand j’arrive à en rire. CCL : ne pas oublier d’en rire… même le jour ou je paye la cotisation d’assurance.

    Mais je viens d’apprendre que quand on est propriétaire on n’est pas obligé d’assurer son habitation – c’est plus risqué avec une auto car on a plus de chance de causer des nuisances à autrui avec une auto qu’avec une maison.

    PS : j’ai aussi eu le plaisir d’être cambriolée il y a quelques années et de rencontrer le cambrioleur en pleine défonce dans mon canapé. « Bonjour » que je lui ai dit 😉

    • Marie Grain de Sel

      Parfois c’est plus difficile de rire, ça demande un gros effort (mais du coup, ça remplace une séance de sport : c’est tout bénef). Excellent le coup du cambrioleur en défonce dans ton salon… on aura tout vu !

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  1. Donner du merci - Marie Grain de Sel

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