Je serai là demain [Je ne suis pas une « bonne » entrepreneuse]

Qu’est-ce qui fait une bonne ou un bon quelque chose ?
Une bonne entrepreneuse, une bonne écrivaine, un bon parent, un bon manageur, une bonne patronne ?

À chaque fois que je me suis posé cette question, j’ai vite arrêté de me la poser.
Elle ne marche pas, cette question, dans la vraie vie.

Mais elle revient souvient : je crois que c’est parce que nous n’avons pas appris à être mauvais. Du coup, nous ne connaissons pas d’autre solution que d’être bons. Ça remonte à l’école, où il n’y a qu’une vraie bonne possibilité : celle d’être BONS. Le reste ? C’est  de l’ECHEC, des FAUTES, du TRAVAIL DÉCEVANT et du PEUT MIEUX FAIRE.

En gros ne pas être BON c’est la MORT.
(Ça va ? Je ménage bien mon effet avec toutes mes majuscules ou bien ?..)

Et on n’apprend pas à être mauvais. Encore moins à être de bons mauvais. C’est dommage. Parce que dans l’entrepreneuriat, et puis partout, d’ailleurs : savoir être mauvais, c’est ce qu’il y a de plus précieux.

Dans le monde de la vraie vie : il n’est pas question d’être bon.

Il est question de faire et de devenir. Savoir ça, c’est déjà commencer à arrêter de souffrir d’une peur de l’échec et du jugement qui nous poursuivent depuis l’enfance.

Savoir ça permet de commencer à construire, vraiment.
À créer, librement.

« Bon », on peut toujours le devenir. Si c’est vraiment si important que ça.
Le jour où vous êtes mauvais : revenez demain pour faire mieux. Ou faites autre chose.
Pourquoi se prendre la tête, franchement ? (Alors qu’on pourrait tous aller se baigner à la plage pendant ce temps-là)

Être bonne… l’important n’était pas là.
La réussite n’était tellement pas là.

La réussite, en tout, et c’est bête au fond… C’est que je serai là demain.

Être « bons » en soi, on s’en fiche : ce qui va compter, c’est d’être là, sur le pont, jour après jour. Pour continuer.

Si vous êtes « bons », revenez demain, pour continuer de l’être.
À part ça, revenez demain : pour continuer de vivre.

Je serai là demain. C’est ma meilleure réponse, c’est mon meilleur repère.

Je n’ai jamais su quoi répondre à la question : « Alors ? Tout va bien ? Ça marche pour toi ? ».
Non, tout ne va pas bien. Non tout ne marche pas toujours.

Mais je serai là demain. Ouf !

Je serai là demain, pour continuer de faire vivre et grandir ce que je veux construire.
Pour arrêter de faire ce qui ne fonctionne pas.
Pour améliorer ce qui peut l’être, pour remettre en question, pour agir.
Et pour envoyer à ma comptable les documents qu’elle attend depuis trois mois…

Mon objectif professionnel se calcule en longévité davantage qu’en euros : je veux être là demain.
Pour créer, et créer encore : pour que ce soit juste, pour que ce soit vrai, pour que cela serve à quelque chose et à quelqu’un.

Pour que cela soit ce que j’ai eu envie de créer : quelque chose qui compte, pour moi.

Est-ce que mon entreprise va bien ?

Je serai là demain.
Le jour où je ne reviens pas demain, inquiétez-vous pour moi.

Est-ce que mon roman est bien ? Est-ce qu’il sera un best seller ?
C’est drôle…
Ok, je réponds sans fard.
Vérité pour vérité je vous dis tout : ce roman, je l’ai écrit avec joie et amour. J’ai vibré à l’unisson avec lui, tout du long. Il est sorti de mon cœur, de ma tête et de mes dix doigts.

Ce roman, je lui souhaite le plus bel accueil possible, la plus belle histoire possible.
Mais ce n’est pas moi qui vais décider de ça.
C’est tout.
Ha oui, c’est vraiment tout.

Il est écrit, donc moi, j’ai déjà ce qu’il me fallait : écrire un vrai roman en entier.
Aujourd’hui, ce qui me paraît le plus vital pour moi, c’est d’être là demain.

Pour surtout, surtout : continuer à écrire !

Mon entreprise est créée, je n’ai aucune preuve à faire.

Avant je croyais que si. J’étais jeune, j’étais neuve, j’étais effrayée. C’est normal.

Et puis j’ai arrêté d’avoir peur et j’ai été perdue : pourquoi étais-je là ?
Vers quoi allais-je courir frénétiquement, si ce n’était plus après la reconnaissance et l’argent ?

En réalité, je ne courais plus.
Et au fond ça m’arrange bien (à quoi ça sert de courir, à part se faire du mal en tournant en rond autour d’un lac ou dans les bois ???).

La réussite, ce n’est pas une chose après laquelle on court.

D’ailleurs, « courir après » c’est pareil que « faire fuir », non ? (Testez avec votre chat, ou avec un bus : vous verrez)

La réussite, c’est quelque chose que l’on fait au jour le jour ; et sous des visages parfois très inattendus.

Je suis une entrepreneuse, une écrivaine.
Je ne saurais vous dire si je « réussis ». Tout ce que je sais, c’est que je suis ça, et que je le serai tant que je serai là demain.
C’est tout ce que j’ai besoin de savoir pour continuer.

Est-ce incertain ?
Oui. Vous avez connu des fois où la vie vous a parue certaine, vous ?
L’incertain est ma plus forte certitude.
Et c’est tant mieux, car en me séparant de tout besoin de certitude, j’ai enfin pu créer sans limites.

Et avec ma couronne en plastoc, peut-être. Avec mon sourire, je l’espère.
Avec tous mes rêves, certainement.

Je serai là demain.

 

Marie-Haude
Tomorrow never dies

 

[Crédit photo : studio La pieuvre à Brest – Cette photo a été prise en pleine session de travail. La couronne était facultative.]

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