Processus d’amélioration : en cours

En ce moment j’essaye de m’améliorer.
Il ne reste que quelques semaines avant mes 30 ans et je voudrais m’en servir comme excuse pour devenir quelqu’un de mieux.

J’ai cherché les défaut sur lesquels agir. Je ne vais pas mentir : ça n’a pas été facile. C’est même plutôt compliqué.
J’ai tenté plusieurs choses : être une bonne mère, faire le ménage (au moins une fois par mois, par exemple), cuisiner…
Mais bon… des bisous et des câlins, c’est déjà la base de la maternité exemplaire. Je maitrise. « Le mieux est l’ennemi du bien », il est important de s’en souvenir.
Et puis, comme chacun sait, ma générosité me pousse naturellement aux excès d’altruisme et je sais combien M. Grain de Sel aime passer l’aspirateur alors ça me dérangeait de lui voler l’un de ses rares passe-temps.
Mais c’est tout de même grâce à cette quête que j’ai découvert que le Fenouil était comestible également pour les adultes (surprenant). Mais on se lasse vite du Fenouil (et des courgettes, rajoute M.Grain de sel). Et puis ce qui est très contraignant, je trouve, c’est qu’il faut manger TOUS LES JOURS. Et c’est là où, vraiment, la barre était trop haute pour moi. Encore une fois, j’ai laissé un peu de champs à M. Grain de Sel et à son talent incontesté pour la cuisine. Et je ne suis pas de celles qui étouffent leurs conjoints, bien au contraire. Je trouve important, dans un couple, de laisser l’autre déployer ses ailes.

Je me suis donc trouvée bien bête. Coincée dans mes défauts. Ne décelant aucune possibilité d’amélioration chez moi.
Non contente d’être imparfaite, je me découvrais non perfectible.
Le drame.
J’étais foutue.

C'était pourtant simple...

C’était pourtant simple…

Et puis j’ai trouvé : il ne fallait pas chercher à m’améliorer, mais à combattre.  Oui, carrément : déclarer une guerre sans merci. Un combat contre moi-même d’ailleurs. Quelque chose de si puissant que j’ai failli en faire un groupe facebook.

Mon plus grand facteur de médiocrité, mon défaut tellement atroce qu’il fait passer tous les autres pour des qualités exceptionnelles : la PROCRASTINATION.
Au passage, cela me permet de vous montrer que je connais des mots compliqués : avec plein de syllabes et qui en imposent lourdement lorsque vous les balancez en plein dîner mondain (ou, dans mon cas : au square, le soir, à 17h).

La procrastination, c’est un problème.
Que dis-je, « un problème » ? C’est un fléau !
C’est grave, c’est sournois, c’est vicieux.
La procrastination est un défaut qui s’installe, prend racine, pousse comme de la mauvaise herbe.
Pire : c’est un défaut visible et encombrant.

La procrastination, c’est la poubelle de déchets recyclables tellement pleine qu’on a dû la compléter de 5 autres sacs eux-mêmes pleins à craquer et jonchant le sol de la cuisine. Chaque matin, toisant le tas de déchets, je promets à qui veut m’entendre (= personne, car ils n’y croient plus): « ce soir, je les descends à la cave ». Puis, quand vient le soir, je dis : « demain matin je les descends à la cave ». Au matin, vous pensez bien, je déclare me garder la tâche pour le soir, etc. etc. Je peux vous garantir qu’au bout d’une semaine ça devient critique. Au bout de deux semaines, c’est au-delà du supportable. Passé trois semaines, on croirait vivre dans un bidon ville. Ça craint.
Et quand vous êtes obligés d’utiliser les gros sacs bleus Ikéa ou une valise pour descendre vos déchets recyclables à la cave, il faut le prendre comme un signal d’alarme très fort. C’est souvent signe, en effet, que la limite a été piétinée et outrageusement dépassée.

La procrastination, c’est plier au fond de son sac à mains (= froisser) la fiche d’inscription au centre de loisirs pour les vacances scolaires. Se sentir rassurée de la savoir là, si près, bien au chaud. Se dire qu’il faut quand même la remplir hein, mais que rien ne presse. Puis la sortir enfin, un dimanche matin, dans le rayon de soleil qui chauffe le salon à travers la vitre (sale). Se présenter à la mairie dès le lundi avec son petit papier scrupuleusement rempli. Le relire une dernière fois avant de le déposer aux « affaires scolaires »: pour vérifier que tout est correct. Et réaliser que la date limite de dépos était il y a 3 semaines. Et qu’au-delà de ce délais, bien entendu, aucune fiche ne sera acceptée…
Dans la même catégorie, la procrastination, c’est repousser au maximum la date de paiement de la cantine scolaire au point de la dépasser amplement… Et de recevoir, deux mois plus tard, un courrier des Finances Publiques qui s’appelle « Mise en demeure ». C’est très impressionnant. Et un peu gênant, même.

Mais, au sommet de la pyramide dramatique de la procrastination il y a : la PILE.

Nous avons tous une pile (ne me dites pas «non, je n’ai pas de pile», je ne vous croirai pas… Non…? Vous n’avez pas de pile, vous ? Ne me dites pas ça, je vais pleurer).

Chaaaargeeeez !!! (fais gaffe à toi, la pile)

Chaaaargeeeez !!! (fais gaffe à toi, la pile)

La pile est, comme l’indique le dictionnaire de l’Académie Française (édition de 1694) : un «Amas de plusieurs choses entassées avec quelque ordre». À travers les âges, cette définition n’a pas changé. Jusqu’en 1835, où l’«amas de choses entassées» est devenu «amas de corps entassés» (ho les cochons… la Monarchie de Juillet, cette haute période de volupté…). Ce que les académiciens avaient oublié de rajouter, c’est que la pile pousse et repousse. La pile est inéluctable. La pile est fourbe.

Aujourd’hui, si on me demandait mon avis (ce qui n’est pas le cas mais je vais quand même le donner), je dirais que la pile est : «un entassement fortement exponentiel de papiers divers où les ordonnances, feuilles de soin, quittances et autres factures et gribouillis d’enfants fricotent dans une entente cordiale suivant le schéma du millefeuille (oui, la pâtisserie). L’érection (hihihihihihihi… pardon) de l’amas sus-nommé n’a de limite que le point d’effondrement qu’il convient de palier en le dissimulant avec soin dans l’abri sûr et pudique d’un placard doté de portes opaques (importantes, les portes opaques : vous n’avez pas envie que la pile soit visible, surtout à ce stade)».
Le problème, une fois que «l’amas des choses entassées» est caché dans le placard du salon, c’est qu’il en pousse un autre sur la table de la salle à manger. Qui ira trouver sa place dans l’armoire de la chambre, lorsque le besoin s’en fera sentir. La prochaine pile pourra donc aller, au choix, dans la commode des enfants ou dans le meuble de la salle de bains… À la cave, éventuellement, pour les plus conventionnels. Ça ne s’arrête jamais.

ET BIEN STOP !
Non mais…
J’ai pulvérisé ma pile. Pas violemment : mais avec efficacité. J’ai trié mes papiers. Tous. Un par un. Je les ai rangés à leurs places respectives. J’ai mis sous plis (et envoyé) les courriers.
J’ai combattu. Et j’ai vaincu. J’ai même éprouvé le bonheur de retrouver une ordonnance dont j’avais vraiment besoin (et parfois on retrouve des chèques qu’on avait oublié d’encaisser, mais ça reste rare : bizarrement, les chèques ne font pas long feu dans la pile, contrairement aux factures et «mises en demeure»…).

À l’heure où j’écris ces lignes, je me suis améliorée : enfin.
Oui, je peux vous confirmer qu’en cet instant magique, je suis l’heureuse propriétaire d’un mobilier entièrement dépourvu de piles.

Dans ma guerre contre la procrastination, c’est un combat de gagné pour moi.
Mais pas n’importe quel combat : le VERDUN de la procrastination. La PILE étant la plus ardue des batailles dans cette guerre de longue haleine, tout le reste devrait se faire aisément. Et je confirme : mon linge est lavé et plié (mais pas encore rangé, j’essaie de ne pas trop en faire d’un coup, je risquerais de m’essouffler. Et il faut que je garde mes forces : le combat sera long et semé d’embuches).
Prochaine campagne : la poubelle de couches (qui se remplit vraiment trop vite), une certaine mise à jour qui m’attend dans mon téléphone depuis au moins un mois, le panier de linge sale qui est encore plein (?), un rendez-vous chez le dentiste noté dans ma liste de « choses à faire » depuis 3 ans…

Avançons. Levons le poing. Haussons le ton, marchons droit et sans pitié contre la procrastination !

NON ! NON ! NON ! À LA PROCRASTINATION !

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21 Comments

  1. ah la procrastination…art dans lequel j’excelle aussi…. un peu trop , hélàs…..

    bravo pour ta pile !! ici il y en a quelques unes à trier 😉

  2. Aaaaaaaaaah les piles ! (oui, moi, j’en ai plusieurs : sur le bar de la cuisine, sur une chaise de la salle à manger, plusieurs sur mon bureau (que je ne peux plus utiliser comme tel depuis belle lurette), etc)
    Sortir le sac du recyclage, c’est galère ici aussi et toujours une fois qu’il a bien débordé et qu’il faut prendre le sac dans une main et coincer tous les autres objets (boites en carton, conserves, bouteilles, etc) qui n’y tiennent plus sous l’autre bras : pratique ! comment ouvre-t-on ensuite la porte pour aller jusqu’à la poubelle extérieure, hein ??!
    Et puis le linge, mais LE LINGE !!! Ca, je fais pas exprès, vraiment. C’est juste que « la vie est une question de priorités » : et moi, je prioritaire de manger et d’aller me coucher tôt. Voilà.
    Je suis sûre que c’est pareil pour toi. Tu ne procrastines nullement, tu PRI-O-RI-SES. Hein ? 😉

    • Toi t’es l’impératrice de la pile dis donc ! Et puis oui, tu fais bien de souligner tous les soucis logistiques qui vont avec le sac recyclage… C’est un sport quoi !
      Par contre le linge, d’après mes sources, pousserait depuis le fond du panier à linge, ainsi que sur le sol des chambres (et même parfois dans le salon)… le linge, c’est le mal.
      T’as raison, en fait on n’est pas des flemmardes : nous sommes des femmes à priorités 😉

  3. Tu ne pouvais pas tomber plus juste ! Il y a quelques jours, j’ai écrit un article intitulé « Procrastination quand tu me tiens », alors quand j’ai commencé à te lire je me suis sentie moins seule. Et puis là c’est le drame tu nous annonces la pulvérisation de ta pile alos que la/les mienne/s est/sont encore bien là. Traîtresse va !

  4. Ma procrastination actuelle c’est mon jardin, avant ça c’était aussi la pile qui datait de 6 mois… depuis j’essaye de faire mieux!
    Par contre il y a des choses pour lesquelles Monsieur est bien plus rapide que moi, donc autant procrastiner… hé hé!
    Pour le reste je ne considère même plus ça comme de la procrastination mais un choix : ex le repassage puis que nous n’avons plus de fer à repasser.

  5. Bravo Marie! Fuck la procrastination, je me suis tellement fait violence que c’en est devenu naturel de ne plus procrastiner, du coup je ne supportes plus les gens qui le font!

    Félicitations par tes démarches 🙂

  6. Manifestement, tu combats ta procrastination à dose de dérision; c’est rafraichissant et en plus… ça marche! Bravo Marie 😉
    Moi j’adore faire le vide, j’ai publié récemment à ce sujet sur mon blog avec quelques astuces, mais j’ai quand-même des piles aussi. Enfin, je vois au-dessus, c’est pas trop grave 😉

    • C’est marrant que tu m’aies laissé ce commentaire parce que je n’ai pas vraiment décidé de lutter contre la procrastination pour mon passage à la trentaine. En fait, c’est dans une vraie démarche de développement personnel que je le fais : j’essaie d’avancer, alors pour y arriver je lâche du leste. Je vire tout ce qui pèse, ce qui encombre (en très résumé hein). Mais très proche des choses dont tu parles sur ton blog 😉
      Et oui : tant qu’on voit par dessus la pile, c’est que c’est encore potable. Si on peut jouer à cache-cache derrière la pile, j’ai deux conseils : d’abord, jouer à cache-cache, ensuite, vraiment PULVÉRISER LA PILE !!! 😉 merci d’être passée 😉

      • Tant mieux que ce soit dans une démarche plus globale visant à ton épanouissement 🙂 Ainsi tu touches plusieurs choses à la fois, et tu ne peux aller que de l’avant (même si ça ne veut pas toujours dire tout droit)
        En te lisant avec pulvériser, j’imagine le personnage de fiction kamikaze qui t’éclate la pile lol
        à+ & bon développement 😉

  7. Je procrastine tellement que je n’ai toujours pas rappelé la caf pour savoir quel papier il manque pour que je touche les allocations du congé parental de 6 mois (ma fille a 10 mois), que je dois avoir une vingtaine de feuilles de soins à envoyer depuis 5 mois, que je n’ai toujours pas fait la rééducation du périnée… Bref, je ne compte plus les piles cachées (mon cher mari en attaqué une ce matin et entre les factures à payer, il a retrouvé un billet de 20€ dans une enveloppe m’appartenant visiblement !), j’ai un vrai problème.

  8. Mère Blabla

    Mais tu vis chez moi Marie ou bien??
    A l’heure où je t’écris ma pile est sur ma gauche bien visible. J’en ai une autre ( ou deux je ne sais plus bien) sur la table de la salle à manger et une autre dans le salon. Je dois bien avoir trois bacs de linge propre attendant d’être rangé et l’équivalent de 5 lessives à faire (et pourtant nous ne sommes que 4) (mais j’attends de ne plus avoir de petites culottes pour me lancer) (et j’ai beaucoup de petites culottes) (parfois la procrastination m’empêche encore de lancer une lessive à ce stade) (alors je pique les slips de mon mari) (il en a vraiment beaucoup) (faut dire que sa mère lui en offre à tous le noëls) (je porte donc parfois des slips pour homme achetés par ma belle-mère) (achevez moi)

    En tout cas respect pour ta pile.

    • Hahahaha ! Moi je pique les chaussettes de mon mari dans mes moments de désespoir ! Le linge, il y en a trop : il nous faudrait des vêtements jetables… Ha mais ça grossirait le lot de déchets recyclables, pas pratique…

  9. Charlotte

    J’ai l’impression de me lire en miroir dans mon écran d’ordi 😉 Je suis la reine de la procrastination (et en plus j’aime ça !!). Mais vivre avec un mec qui est juste l’inverse, d’abord ça fout la honte (bouhhh moi j’ai pas de pile et toi la tienne elle fait 3 m de haut) et puis après, quand la honte ne t’a pas tué, ben tu t’améliores lentement… Aujourd’hui j’ai toujours une pile mais elle ne fait plus que 50 cm ! Youhou ! Par contre j’ai exigé de pouvoir conserver une pile de vêtement « entre-deux » (ni propre ni sale). Ben oui quoi, je vais quand même pas tout abandonner !

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  1. Et si c'était possible ?

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