Hier matin en me réveillant, j’ai réalisé qu’on était le dimanche de Pâques.
Déjà Pâques…
«Les Pâques se succèdent et ne se ressemblent pas», je me suis dit.
À Pâques l’année dernière, nous étions 4 en 3.
À Pâques, il y a un an, je fléchissais. Ça pesait lourd. Son poids, le mien, ce ventre, mon dos.
Le grand, qui n’était encore que le seul. Qui était encore « le petit ». Qu’il fallait encore porter, souvent. Qui était d’accord pour dire «mais pas trop longtemps Maman, parce que tu as mal au ventre».
L’attente, les questions, les réveils en se disant «c’est peut-être pour aujourd’hui». Sans savoir. La petite soeur, le petit frère. Bélier ou taureau. Ce prénom-là ou celui-ci. Je voulais savoir qui c’était. Même si je savais l’essentiel. C’était juste mon enfant, que j’attendais depuis longtemps. Que je portais depuis toujours.
À Pâques l’année dernière, le compte était bon. 38 semaines cochées sur le calendrier. Elle pouvait arriver n’importe quand. Quand elle serait prête à se faire connaître.
Je rêvais que ce fût pour Pâques.
Je me disais : «ça fera des choses à lui raconter.»
On lui aurait dit qu’on avait un déjeuner de famille, prévu de longue date. Qu’il était très rare de réunir toutes ces personnes. Et qu’il aurait fallu laisser tout le monde sur sa faim pour filer à la maternité. Qu’elle aurait tout chamboulé avec le bout de son nez. Que personne n’aurait vu personne, finalement. Qu’en guise de chasse aux oeufs, on aurait chassé l’anesthésiste. Qu’à la place du gigot, on aurait eu du réchauffé.
On a eu notre déjeuner de Pâques. Tout le monde a pu venir. Fière, j’ai brandi mon ventre. J’ai guetté l’interruption ; la sortie théâtrale. Les «j’ai perdu les eaux», les «on vous tient au courant», les «je crois que cette fois-ci c’est la bonne».
À la place elle est arrivée un vendredi 13.
Ça nous fera des choses à lui raconter.
On lui dira comment elle nous a porté bonheur. Que chez nous, ça n’était pas un trèfle, mais une fleur.
Qu’en fait on devait déjà en avoir un, de porte bonheur : parce que c’est elle qui est arrivée. Et qu’elle est parfaite.
À Pâques l’année dernière, tous ce chocolat, ça tombait bien.
Je les ai tous mangés. Les miens, et une partie de ceux du petit. Qui est devenu le grand, une semaine plus tard.
Cette année, pour me faire pardonner, je lui laisse sa part, et peut-être même un peu de la mienne. Parce qu’il est encore petit, finalement.
À Pâques, l’année dernière, il ne s’est rien passé.
Rien, à par Pâques.
Mais c’était un moment important, finalement. Parce que c’était la fin. On arrivait au bout. La rencontre était là, à portée de mes mains. C’était juste avant.
Aujourd’hui c’est loin, mais c’est comme hier.
Oui : Pâques, c’était hier. Aujourd’hui c’est une autre vie.
L’«avant elle» c’était ce jour-là. Aujourd’hui, ça n’existe plus.
À Pâques, cette année, nous étions tous les 4 et ça m’épate encore.
BRAVO POUR CE MAGNIFIQUE BILLET…..
Tu voulais agiter mes glandes lacrymales de bon matin?
MERCI ! Haha « agiter les glandes lacrymales »… Ça me fait une drôle d’image mentale 😉
Oh, c’est mimi… <3
Merci 😉
Très beau ! Joyeuses Pâques !
Merci beaucoup !
Un joli billet a lire pour finir ma journée ça fait du bien
Merci Zaza ! J’espère que tu as passé un bon week end de Pâques !
Très beau !
L’année dernière le dimanche de Pâques je sortais de la maternité avec le plus beau des oeufs… Finalement ta fleur n’a que 7 jours de moins que mon trèfle (parce que, même s’il n’est pas né un 13, il nous apporte beaucoup de bonheur aussi).
Hooo ! J’étais tellement certaine d’accoucher à Pâques ! Ils ont quasiment le même âge oui 😉