J’ai fait la guerre à « Moi-même »

C’est marrant comme les combats de la vie, parfois, ne sont pas ceux que l’on imaginait…

Étant une fille depuis la naissance, je pensais que mes combats seraient ceux de tout le monde (boulot, couple, argent : des choses dans ce genre) avec cette petite pointe de «lutte pour la femme» qui donnerait du piment à tout ça. Donner de la voix pour qu’on n’oublie pas que j’étais égale en droit, en capacités, en compétences, en intelligence. Le tout enveloppé dans une plastique absolument charmante car celle d’une femme ( = nichons, fesses, cheveux qui brillent, regard espiègle, voix suave…).
Parfois même j’en parle ici : ce que c’est d’être une femme. Comment on se trompe parfois. Nous-mêmes, et les autres autour. Comment on pointe du doigt les faux combats et qu’on en oublie trop souvent, peut-être, de se défendre quand il le faudrait vraiment.

Et ces derniers temps j’ai fait l’expérience de deux combats auxquels je ne m’étais jamais attendue. Des combats qui me semblent universels. Deux luttes à mener contre un ennemi de taille : moi-même. Hommes, Femmes, riches, pauvres, noirs, marrons, roses, beiges, bruns, vieux, roux, jeunes… Comme nous avons tous un «moi-même», j’estime que nous avons tous l’occasion d’être confronté à cet adversaire redoutable plusieurs fois dans nos vies.

Et moi, je me suis beaucoup battue ces derniers mois. Une bataille longue, lente, vicieuse, éreintante, surprenante, perturbante. À un moment, j’ai cru que j’allais fléchir. Je n’en pouvais plus.

Attention : la suite pourrait s'avérer sanglante...

Attention : la suite pourrait s’avérer sanglante…

Je suis en plein tournant dans ma vie. Un tournant tellement important que, si je suis honnête, je dirais qu’il a commencé il y a deux ans (voire plus). Et qu’il ne sera pas terminé avant quelques mois (voire plus).
Je change tout (bon…je garde mon mari, mes enfants, ma famille et mes amis : eux, je les aime bien. Par contre, mes cheveux n’ont pas tenu dans la bataille).
Parce que je change de vie professionnelle. Parce que je vais avoir trente ans. Parce que je suis une mère de famille. Parce qu’on s’en va loin. Qu’on prend un nouveau départ. Qu’on revoit tous nos repères, les triant pour en jeter une partie à la poubelle et s’en créer des nouveaux.
Dans les premiers balbutiements de ce grand virage, j’étais presque émerveillée de constater qu’à 30 ans, on est encore capable de rêver comme à 20 ans. Voire 15 ans, et peut-être même 5 … (je ne manque pas d’audace, n’est-ce pas ?!)
À 30 ans, on sait qu’on ne sera probablement jamais une princesse, ni une rockstar. Enfin… On réalise, à 30 ans, qu’être une princesse ou une rockstar, ça pourrait être autre chose. Quelque chose qu’on n’avait pas vu. Le glamour et le rok’n roll qui étaient là et ne demandaient qu’à éclore. Comme si à 30 ans venait enfin l’âge de laisser exploser tout ça et de DÉ CHI RER comme jamais on ne se l’était autorisé.

J’ai avancé dans mes projets et de ce haut de vague, je suis redescendue tranquillement : là où on se remet en question. Là où on s’interroge. Là où on laisse sa place au doute. Rien que pour vérifier. Juste pour être sûre. C’était nécessaire.
Sauf que là, en bas, il n’y avait plus le rêve. Il y avait le pragmatique. La réalité avait alors toute sa place. Trop de place. La réalité pêchait par excès de réalisme. Elle me renvoyait les questions d’argent, les «qui va aller chercher les enfants ?», les «et si» et les «mais».

Je me suis engouffrée dans mon premier combat contre Moi-Même, cet ennemie que je n’avais pas vu venir. De toutes les personnes qui avaient essayé de me faire du mal ou de me décourager dans ma vie, j’avais enfin découvert celle qui avait le plus de talent pour le faire : moi.
Je me suis envoyé en pleine figure les «mais laisse tomber», les «tu peux pas», les «franchement t’es nulle» et les «arrêtes d’essayer ça vaudra mieux pour tout le monde».  Les insultes, les dénigrements. Mon ennemie a tout fait pour m’aplatir, pour mettre un terme à tous mes beaux projets.
Comment a-t-elle procédé ?
Elle a cessé de m’aimer. Simple, mais très efficace. Elle m’a lâché. Elle a arrêté de croire en moi, d’avoir confiance en ce que je suis capable d’accomplir. Pour m’asséner le coup de grâce, elle m’a susurré directement au creux de l’oreille que j’étais peut-être même très bête, finalement.

Alors ?
Hé bien alors je lui ai pété la gueule.

Je ne vais pas essayer d’adoucir le tableau et je m’excuse pour ma grossièreté. Mais ça été sanglant, intense. Quel travail !
Parce que la seule personne à pouvoir vraiment me casser c’est Moi-Même. Oui, elle (moi quoi). La personne la plus à même de m’empêcher de réaliser tout ce que j’ai à réaliser maintenant, dans 2 ans, dans 10 ans, pour toujours : c’est moi.
Si on n’est même plus capable de croire soi-même que l’on vaut quelque chose, qu’on y arrivera, que «possible» existe, alors on est mal barré, parole de Grain de Sel.
Dans la vie, je le crois, la terre entière pourrait vous aimer et vous aduler, si vous employez toute votre énergie à vous détester, rien ne fonctionnera.
Comme le dit le chanteur Keb’Mo dans une de ses chansons : «if nobody loves you, and you’re feeling like dust on an empty shelf… You can love yourself».
On pourrait développer ce principe pendant des heures… Mais oui, parfois, rien qu’en croyant en nous-même, on peut tout accomplir.

Mais pour ça il faut garder ses sens en éveil, rester vigilant, et mener le deuxième combat contre soi-même : rêver.
Il est dur, ce combat. Ce duel contre un cerveau d’adulte qui s’est construit sur de solides bases réalistes et complètement rabat-joie. Le concret, le faisable, le « sans vagues ». Et pire : LE RAISONNABLE… J’en ai des noeuds dans l’estomac, rien que d’y penser.
Quel dur combat que celui de se souvenir qu’un jour on a rêvé. Qu’on a cru en des choses plus grandes que nous, plus larges que les cages dans lesquelles on a pris soin de s’enfermer années après années, pour devenir des grands. Des adultes responsables.
Je dois dire que «Moi-même» a été très très forte pour me mettre face à chacun de mes rêves, des plus vieux au plus récents, et pour les déglinguer les uns après les autres. À coup de peur, de dénégation, d’angoisse, de culpabilité, «Moi-même» a fait tout ce qu’elle pouvait pour me prouver que ces rêves devaient être relégués au rang de lubies risibles…

Alors ?
Alors ça n’a pas été de gaité de coeur, mais j’ai dû agir. Je lui ai donc, de nouveau, pété la gueule.

Une fois qu’elle a été au tapis, je lui ai arraché les clés de la cage dans laquelle elle avait enfermé tous mes rêves. Je les ai consolés, leur ai demandé pardon, et les ai emmenés en lieu sûr.

Ouais. Je t’ai bien niqué la face, «Moi-même». Fais gaffe à toi parce que je t’ai à l’oeil. Tu as plutôt intérêt à obtempérer. Sinon, tu sais ce qui t’attend. Mais laisse-moi te prévenir : ça ne va pas être joli. Car, de nous deux, je compte bien être la plus forte. Foi de Grain de Sel.

Un jour, j’aurai grand plaisir à partager ici un billet sur la manière dont j’ai fait de la place pour mes rêves.

En attendant, si vous voulez partager des techniques de guerre et des armes pour se battre contre soi-même, n’hésitez pas !

(Marie Grain de Sel : blog garanti 100% violent…)

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16 Comments

  1. Je n’ai pas de techniques de guerre mais tu ne peux pas t’imaginer comme ton article du jour a été un miroir de mon état actuel.
    J’en suis là, licenciement oblige (même si la remise en question avait commencé y’a environ 2 ans aussi, après l’arrivée de mon premier bébé). Je remets tout à plat, je cogite à mon avenir chaque jour, 7j/7. Je n’ai pas encore les réponses. J’ai commencé à avoir des idées. Puis je me suis rappelée à l’ordre, je me suis rappelée au principe de réalité, aux finances, toussa… Et c’est vrai que mon pire ennemi est moi-même parce que même mon Mr Sioux dit qu’il faut avant tout que je me « fasse plaisir » maintenant, que ça serait bien que je trouve un boulot dans lequel je me plaise vraiment.
    Et moi de lui rétorquer, plus ou moins, que les rêves, ça ne paye pas les factures…
    Et puis une autre personne m’a fait remarqué que tout de même, parmi mes différents projets, l’un d’entre eux semblait m’habiter plus que l’autre, me rendait plus « vivante » quand j’en parlais.
    Oui MAIS…
    Mais rien n’est sûr, ça va demander du temps et de l’énergie.
    ET SI ?
    Et si je finissais par me lasser de ça comme du reste ???
    ET ALORS ?
    Quoi de pire que de ne pas essayer ?

    Voilà. Je tergiverse aussi beaucoup avec moi-même et c’est marrant parce qu’avant de lire cet article, je voulais justement t’écrire pour discuter boulot… Je le fais bientôt.

    • Hé bien ça me ferait très plaisir d’en parler !!! Je vais aussi préparer des billets qui complèteront celui-ci. Tu y puiseras peut-être de l’inspiration 😉 Dans ta situation toute inspiration est bonne à prendre. Après, tu feras ton chemin avec tout ce dont tu seras nourrie (je parle de nourriture de l’esprit, bien sûr, mais si tu veux manger de bonnes choses tu peux hein…). On en reparle par mail ? 😉

  2. Inutile de te dire que tes mots résonnent en moi et que je n’ai pas encore trouvé le moyen ultime de me casser la gueule pour de bon

    • Haaaaa ! Hé bien déjà, je crois que c’est parce qu’on ne pourra jamais se casser la gueule pour de bon. Je ne l’ai pas précisé, mais j’ai vraiment l’impression que la guerre durera toute ma vie. J’évoluerai, je serai peut-être plus forte et donc moins perméable aux attaques de « Moi-même »… Mais il faudra toujours rester vigilante. Ne jamais oublier de se battre, la mettre au tapis à chaque fois qu’elle pointera le bout de son pessimisme 😉 (je commence à avoir un sentiment de dédoublement de la personnalité… bientôt c’est un psy qu’il va falloir que je fréquente…) Courage Zaza ! Long sera le chemin : entre toi et toi-même, c’est pour la vie !

  3. Ah, ce fameux combat. Je suis aussi en train de le vivre, ce combat contre mes vieux démons, et pour l’instant, mon énergie me fait un peu défaut donc je me sens encore du côté de la « victime ». Mais j’essaie de ne pas désespérer et avec le printemps et le soleil qui revient, reprendre des forces et lutter plus efficacement !
    En tout cas, joli post qui m’a bien interpellé !

    • Oui… ça demande beaucoup, beaucoup d’énergie. Il faut s’accorder des poses 😉 Non, il ne faut pas désespérer : parfois on se trouve à des points morts. On est épuisés. On a besoin de tout stopper pour mieux asséner le prochain coup 😉 Merci !

  4. Moi aussi moi aussi moi aussi !!! Je fais mon cv ce soir, j’en peux plus de ce que je fais et j’ai enfin convaincu moi-même que j’étais capable de faire autre, d’apprendre à faire autre chose. J’ai souvent eu peur de me tromper, encore. Et puis moi aussi je me suis dit : »et alors ? ». Alors on verra bien…
    En revanche, j’ai repoussé les rêves avec de trop gros risques financiers. Je veux bien péter la gueule du moi-même qui croit que je suis pas cap mais le moi-même raisonnable n’est pas facile à envoyer au tapis.

    • Ben ouais, « et alors ? ». Vaut mieux essayer et se tromper ou ne jamais rien essayer et le regretter amèrement ? J’ai ENFIN accepté de me tromper. Pas facile. Pour les risques financiers, c’est sûr qu’il faut être honnête et ne pas se mettre en danger hein ! C’est juste qu’avant de décider que les choses ne sont pas faisables, financièrement, il faut tout essayer, tout passer en revue (si le projet te tient vraiment à coeur).

  5. C’est poignant ce texte, parce que si tout le monde à ce « moi-même » on est aussi bcp à s’en faire une ennemie…
    Je n’ai que 25 ans, jamais encore mené cette bataille (pourtant nécessaire) j’apprends déjà à contrer les attaques extérieures. Je combats les « tu n’y arriveras jamais » et les « tu es nulle » par des sourires. Ça les fout en l’air, et ça m’atteins moins.
    Merci pour ton texte qui fait du bien et bravo ! 🙂

    • Ce « toi-même », c’est parfois ta meilleure amie, parfois ta pire ennemie. C’est vicieux 😉 Mais comme tu le dis, être capable, déjà, d’être forte face aux attaques extérieures, c’est énorme ! Après, n’oublie pas de te méfier de toi-même, s’il te vient l’idée de te dire « tu ne peux pas » ou « t’es nulle ». Fais pareil : un sourire et un « vas te faire foutre » 😉

  6. Il faudrait bien que je lui casse la gueule aussi a cette salope qui est en passe de réussi son coup, elle m’a tellement blasé ces dernières années et je n’ai rien vu venir. Mais merde tu as raison, faut pas que je me laisse faire! Rock´n’roll !

  7. Ouais t’as raison, déglingues-lui sa tête à cette toi-même ! « J’irai au bout de mes rêves » power !!! (c’est l’homme en or qui l’a dit)

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  1. Et si c'était possible ?

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