Et si j’avais fait une grosse connerie ?!

Depuis que j’ai décidé de créer mon entreprise, je suis morte de trouille en permanence. D’ailleurs, je suis tellement constamment effrayée que je n’y prête plus attention et donc : ça fait comme si je n’avais pas peur du tout (magie).
Et puis parfois, comme ça : je panique. En général, ce sont les jour où je fais ma comptabilité, ceux où je parle à mon comptable, ceux où mon comptable m’envoie mon bilan, ceux où je consulte mon compte en banque personnel, et ceux où je n’ai plus de chocolat à la maison.
Et là, soudain, je me demande :
« Et si j’avais fait une grosse connerie ? » (sauf pour le chocolat : quand il n’y en a plus, j’en rachète. Facile).

Cette question, j’ai remarqué, les gens se la posent souvent lorsqu’ils créent leur entreprise. Ou lorsqu’ils attendent un enfant, lorsque leur enfant naît, ou lorsqu’ils changent de vie… Ou lorsqu’ils s’engagent à aller déjeuner chez leur belle-mère tous les dimanches.
Moi je n’ai pas paniqué lorsque j’ai eu des enfants, parce que je suis globalement assez inconsciente dans la vie (et donc j’ai également créé une entreprise). Et ma belle-mère habite tellement loin que certains dimanches, j’aimerais bien déjeuner avec elle.
Mais depuis que j’ai quitté Paris pour Brest et surtout, depuis que j’ai créé mon entreprise : je vis des épisodes réguliers de panique passagère. Alors j’ai pensé à toi. Peut-être que toi aussi tu te la poses, ou peut-être te la poseras-tu un jour, cette question.

Lorsque tu vivras ces moments de panique, trois choix s’offriront à toi :

  • souffler dans un sac pour retrouver ton calme, comme dans les très bons feuilletons américains (quand Sandy, qui est enceinte de Josh, réalise qu’elle est tombée amoureuse de Tommy : son meilleur ami homosexuel)

ou

  • rester assis, hagard, et attendre la mort

ou

  • lire ce qui suit

A quoi ça t’avance de te poser ce genre de questions, franchement ?
Dans la structure de la question « Et si j’avais fait une grosse connerie ? » tout indique que la connerie est engagée. Autrement dit, quelqu’un qui se pose cette question (toi ou moi, par exemple) est déjà plus ou moins dans le caca.
Mais, bonne nouvelle : pour beaucoup de conneries, un retour en arrière est toujours possible. Tu peux tout arrêter et revenir au salariat. Tu peux dire à ta belle-mère que tous les dimanches, ça fait beaucoup, et que dans le but de préserver la qualité de votre relation, tu préfères réduire la fréquence de vos rencontres.

Pour ma part, j’ai toujours pensé à ce droit à l’échec. Au droit de retour à ma réalité professionnelle d’avant : et je trouve rassurant de savoir que je me donne cette permission. Du coup, même dans la pire des paniques, j’ai pour l’instant toujours été certaine que je préférais continuer ma grosse connerie plutôt que d’abandonner.

En plus, puisque le seul moyen de savoir si ta connerie était vraiment une connerie est d’aller jusqu’au bout de la connerie : à quoi ça te sert de te poser ce genre de question à 4h du matin et de ne pas dormir de la nuit ? Ca te donne mauvaise mine, ça te vieillit. Mais ça ne sert à rien.

Alors, est –ce que tu as fait une grosse connerie ?
Oui.
Probablement que créer ton entreprise était une énorme connerie. Peut-être même qu’avoir des enfants, te marier, et emprunter sur 35 ans pour t’acheter cette maison étaient aussi des conneries. En fait, la vie est une énorme succession de conneries. Puisque nous venons d’établir cette vérité cruelle mais limpide, je te propose, au choix :

  • D’aller t’enrouler dans une grosse couette et d’attendre la mort
  • De lire la suite de ce billet

Parfois, t’essayes d’être rationnel : et ben tu devrais éviter (mais tu le sais déjà, je crois)
Tu pourras toujours trouver les angles depuis lesquels ton rêve est en fait, une énorme connerie. Un rêve c’est irrationnel. Il suffit donc de l’analyser suivant des paramètres rationnels, et le rêve ne ressemble plus à rien. Je te montre ?

Quelle idée, franchement, d’avoir décidé de repartir de zéro alors que tu avais construit une carrière solide et prometteuse pendant 10 années de dur labeur ?
Tu ne trouves pas ça un peu bête d’avoir décidé de créer ton entreprise et d’être pauvre pendant des années alors que sur le marché du travail, tu valais un vrai beau (et gros) salaire ?
C’est pas un peu con de quitter la région où tu as tous tes amis et contacts professionnels pour aller là où tu ne connais personne et commencer un métier auquel tu ne connais rien ? Hein ? Hein ?!

Tout ça sur fond de crise économique, de réchauffement climatique et de menace terroriste. Franchement mon pauvre ami : as-tu seulement réfléchi ?
Non. Parce qu’un rêve ça se rêve, ça ne se réfléchit pas. Et bim !

À connerie, connerie et demie
Une fois parti dans le rationnel, tu feras des calculs. Quoi de plus rationnel qu’un calcul ?
Les chiffres ne mentent pas… Ou alors ils sont de très bons menteurs…
Tu vas essayer de te prouver à toi-même, chiffres à l’appui, que tu as fait une grosse connerie.
Tu vas calculer la valeur de ta tête sur le marché du travail si tu étais resté salarié (sauf qu’il n’y a pas de travail sur le marché du travail).
Tu vas calculer combien doit gagner ton entreprise pour que tu puisses espérer te rémunérer un jour (et là tu vas vraiment te faire de la peine).

Plus tu verras les chiffres défiler dans ta tête, plus ton corps s’immobilisera. Tu auras froid, tu auras envie de rester assis, hagard, et d’attendre la mort.
Sois sans crainte, cette réaction est courante.

Si comme moi tu en arrives à de tels extrêmes, la clé sera : d’appeler un ami (NB : dans ces cas-là, souviens-toi toujours que ton comptable et ton banquier sont LES personnes à n’appeler sous aucun prétexte), ou de t’enrouler dans une grosse couette.

… Ou de continuer la lecture de ce billet.

Ton problème dans la vie, c’est qu’en cas de panique, tu n’es plus capable de penser clairement. Et c’est comme ça que tu te racontes des idioties. Du style : « pourquoi avoir quitté une carrière florissante pour tout reprendre à zéro ? ».
Souviens-toi deux secondes de ta « carrière florissante » : étais-tu heureux ? Ok, tu avais un salaire, mais est-ce que tes journées te paraissaient pleines de sens ? Est-ce que tu avais l’impression de faire quelque chose qui comptait pour l’avenir de l’humanité ? T’arrivait-il de pleurer le dimanche soir ou le lundi matin, en pensant à ton travail ?
Ok aujourd’hui, tu aurais un poste à 45 000 euros par an. Mais le ferais-tu ? Fais comme moi : vas lire les descriptions de « ton » poste sur les annonces d’emploi et au bout de 2 lignes, tu auras probablement la nausée.

Un jour, tout risquer et tout remettre en question t’a paru moins grave que de rester là où tu étais : je crois que ça veut tout dire… C’est de ça qu’il faudra te souvenir les jours de panique.

Qu’entends-tu par « connerie », au juste ?
Il n’y a qu’une lettre qui change entre « con » et « bon ».
Coïncidence ?
Je ne crois pas.

Le problème avec le rêve, c’est que c’est impalpable. Enfin je dis « problème » … C’est justement ça le meilleur.
L’impalpable ne se mesure pas, ne s’explique pas. On ne peut même pas le justifier, ni l’attraper (puisqu’il est impalpable).
Et l’impalpable, c’est le cœur de tout. C’est tout ce qui fait que non, ton entreprise, ton projet, ton idée, ton grand saut : non, non, non ce n’était pas une grosse connerie.

L’impalpable, c’est te rappeler la dernière fois qu’une personne qui a consommé ton produit s’en est servi pour faire un travail unique, personnel, riche et puissant, et qu’il t’a dit : « je n’aurais jamais pu faire ça sans le travail qu’on a fait ensemble ».
L’impalpable, ce sont tous les gens autour de toi qui poussent des « ho » et des « ha » lorsque tu leur parles de ton projet : parce qu’ils sont impressionnés, admiratifs, impatients d’en savoir davantage. Parce qu’ils sont émerveillés à l’idée que des personnes comme toi donnent leur cœur, leur cerveau et leurs trippes pour développer une idée qui, à une certaine échelle, va changer le monde.
Enfin, l’impalpable puissance de ta grosse connerie s’illustrera tous les matins où, face aux protestations d’un enfant ébouriffé et encore marqué à la joue par le pli de son oreiller, tu pourras dire : « un jour, comme moi, tu seras fou de joie d’aller travailler, parce que tu feras un travail que tu aimes VRAIMENT. Pour ce jour-là, tu verras, ça aura valu le coup de te faire suer à l’école pendant toutes ces années ».

Bien entendu, l’enfant ne comprendra rien à cette phrase. Mais pour toi, rien que de le dire, ça sera vraiment trop con… euh, trop bon.

Souviens-toi du pourquoi du comment !
Dans mon métier d’aujourd’hui, je fréquente 3 types de gens : ceux qui ont créé leur entreprise, ceux qui dirigent une entreprise, et ceux qui ont envie de contribuer intensément à la réussite de l’entreprise qui les embauche.

J’ai remarqué qu’il y a un dénominateur commun entre tous ces gens, notamment ceux qui créent et/ou dirigent une entreprise : ils oeuvrent pour apporter du bon et du mieux dans le monde. Les moyens diffèrent : ça sera par le biais d’un service innovant, d’une idée révolutionnaire, en construisant des maisons, de l’accompagnement, etc. Moi, j’ai décidé de créer une entreprise où la communication serait un vecteur de réussite. C’est-à-dire : je délivre des formations et du conseil en communication stratégique et relationnelle, pour entrainer les gens à rendre le monde meilleur à partir de tout ce qu’ils sont, de tout ce qu’ils ont. Et ce faisant, je compte rendre le monde meilleur moi aussi.

Fais-le !

Non, ne crée pas ta boîte de formation…
Mais fais ce que je viens de faire et rappelle-toi pourquoi tu en es arrivé là aujourd’hui. Pourquoi ce rêve, pourquoi ces choix qui n’étaient pas si évidents, pourquoi était-ce important pour toi ?

Alors, c’est de la connerie, ça ?

Aucune connerie n’aura jamais une si belle étincelle que TA connerie à TOI
À chaque fois que je me dis que j’ai fait une énorme connerie, je repense à toutes mes missions des derniers mois. Je revois les gens, les anecdotes, les rires. Je vois les visages qui s’éclairent, les lendemains plus sereins de ces professionnels qui ont découvert avec moi qu’ils avaient de quoi faire des merveilles. Si je n’avais pas fait ma grosse connerie, rien de tout ça ne se serait passé comme ça.
Fais comme moi : raccroche-toi à l’étincelle dans le regard.
Non, pas dans le regard des autres. Enfin si, pourquoi pas : si les gens ont une étincelle dans le regard quand tu leur parles de ton projet, tu as de la chance, et savoure ces moments.

Mais je parlais de ton étincelle à toi. Celle qui brille dans TON regard lorsque tu parles de TON projet. Cette étincelle-là, elle fait tout. C’est sur cette étincelle que tu as tout construit jusqu’à maintenant. Sur cette lueur des gens fous mais heureux, tu bâtis la vie que tu voyais en rêves. Et à ta manière, tu changes la donne ; tu bouges les pions dans l’ordre des choses et le monde grandit avec le bout de flamme que tu y fais briller.

Et puis tant que cette étincelle brillera dans ton regard, dis-toi bien que tu seras toujours un chiffre en moins dans les statistiques du chômage : la France te doit au moins ça.

Et puisque tu as décidé de lire ce billet au lieu de rester assis, hagard, en attendant la mort : vas-y ! Provoque un maximum d’occasions où brillera l’étincelle. Des rendez-vous commerciaux, des rencontres mondaines, ton banquier à qui tu demanderas un prêt, tes amis, ton blog.
Puisque nous avons convenu très vite toi et moi que cette histoire est une sombre connerie de A à Z, passons directement à l’essentiel : attiser la flamme.

Peu importe que toi ou moi ayons fait une énorme connerie.
Le sujet n’était pas que ça soit con (parce que ça l’était), mais que ça soit bon (pour toi et pour un maximum de gens autour de toi).

Et ces moments de panique (qui reviendront, je te rassure tout de suite) sont l’un des prix à payer pour la vie fascinante que tu as décidé de te construire.

 

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19 Comments

  1. C’est marrant (ou pas d’ailleurs) mais cette étincelle est magique… mais, oui parce qu’il y a un mais. Lorsque je parle de ce qui me passionne avec certaines personnes qui m’entourent, une impression revient souvent, celle qu’ils n’en ont rien à carrer de ce que je raconte… du coup l’étincelle faibli parfois.
    Heureusement d’autres sont là pour inverser la tendance et la faire briller de plus belle, mais j’avoue avoir un peu de mal avec ça parfois…
    Te lire est vraiment agréable.
    Et les plus belles conneries sont celles qu’on réalise non ? 😉

    • Marie Grain de Sel

      D’après mes observations : plus tu entretiens ton étincelle à toi, plus elle est contagieuse. Alors vas-y, fais péter : plein pot sur l’étincelle ! Et prends bien du plaisir : parce que oui, faire des conneries, c’est quand même supra jouasse !

  2. nard29

    la passion est personnelle – rarement à plusieurs ( ils peuvent se rejoindre sur un sujet ) – Comme c’est une passion pour soi c’est souvent une connerie pour les autres qui ne comprennent pas et comme écrit Crevette d’Douce l’étincelle faiblit parfois . Mais de cela on s’en fout aussi . Et quant la passion / connerie sera finie ; on sera si c’était ou pas une connerie ; pas avant .

    • Marie Grain de Sel

      Oui et puis c’est trop compliqué/risqué d’attendre l’enthousiasme des autres. Tout est dans l’étincelle personnelle 😉

  3. « Un jour, tout risquer et tout remettre en question t’a paru moins grave que de rester là où tu étais » –> Tout à fait! Mais bon c’est pas grave non plus d’y retourner.
    Toutes ces expériences nous enrichissent et sont des « moments » de vie, rien n’est irrévocable et le risque est toujours très relatif. Merci pour ce billet

    • Marie Grain de Sel

      Merci à toi ! J’aime ce que tu dis : tout ça c’est le chemin. Peut importe qu’on change d’avis, ce n’est jamais une annulation : c’est toujours une manière d’avancer vers soi !

  4. Emilie

    Pile le billet dont j’avais besoin pour me tirer de ma procrastination !
    Merci, comme toujours, pour ce grand vent de fraîcheur, Marie. Energie, encouragement et réflexion, voilà les trois choses que tu m’apportes via ce blog. Tout cela assaisonné d’une bonne pincée d’humour, en plus de ton grain de sel. 🙂

  5. Promis, juré, j’ai imprimé cet article et l’ai scotché au frigo…. Mes filles m’ont dit « il est nul ton dessin Maman ». Mais tant pis, parce que maman, elle a des étincelles plein les yeux. Merci pour ce billet.

  6. Merci beaucoup pour ce billet, en commençais à le lire je ne savais pas trop à quoi m’attendre, mais une fois arrivé au bout je peux dire qu’il m’a fait du bien 🙂
    Très belle soirée !

  7. Pat

    Comme toujours, que c’est agréable de te lire.
    C’est juste, c’est motivant.
    Continue tes conneries alors 🙂

  8. Comme toi je me suis donnée le droit d’un retour en arrière, il m’arrive même dans les mauvais jours de répondre à des offres d’emploi avec CV et tutti !!!! Et puis je suis encore plus dans la merde quand je reçois un rendez-vous d’entretien que je dois décliner car en fait : « je ne veux pas redevenir salariée ». TENONS BON 🙂

  9. Super pour ceux qui auraient un doute par moment! Perso, je me suis toujours dit aussi « au pire, tu retrouves un job ». Même si, perso, bosser pour quelqu’un j’aurais vraiment du mal 😉 Mais bon, y a plein d’options une fois que l’on est indépendant.

    Et puis ce que les autres en disent… ça ne m’intéresse pas. D’ailleurs, on ne me dit rien. LOL Conneries ou pas, ce qui importe c’est de vivre NOTRE vie à NOTRE façon. Chaque expérience se vaut.

    • Marie Grain de Sel

      Oui, pareil pour moi : plus j’avance, moins on me dit quoi que ce soit. C’est plutôt moi qui flippe parfois. Et puis tu sais, avec la passion, le doute ne tient pas très longtemps 😉 Et oui, il y a toujours des solutions. Donc on peut avancer confiant !

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  1. Comment savoir si le changement de vie est pour toi, et si c'est pour maintenant ? - Marie Grain de Sel

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