Et il y a ce que je n’ai pas dit…

Je vous ai dit qu’on avait passé notre week end enfermés entre 4 murs, à 4 personnes, avec 5 maladies différentes pour 3 personnes, dont 2 mesurant moins d’un mètre 20 et une pesant moins de 65 kilos ? (si si, je peux vous garantir que je pèse moins de 65 kilos, c’est O BLI GÉ)

Ça fait peur hein. Parce que j’ai dit que nous avions mal (voire pas) dormi. Qu’on était tous ivres de fièvre, sauf Monsieur Grain de Sel, qui a pu faire à manger, du coup. Et c’était bon… enfin je crois : je ne sentais aucun goût et tout me paraissait très salé (par contre, les fils dans les haricots, je les ai bien sentis… Ça se fait encore les fils dans les haricots verts ? Je croyais qu’on les avait interdits en échange de l’autorisation de prononcer ça des «zaricots verts» ?..).
Pire encore, j’ai dit que j’avais dépensé trop d’argent en docteurs (et P.V. pffff !) et que j’avais bu du doliprane pour nourrissons au goulot (ou pas loin).

Ben ouais...

Ben ouais…

Ce que je n’ai pas dit, c’est qu’on était enfermés, mais qu’on était ensemble. Et que c’était finalement pas si mal.
Qu’entre les éternuements, les mouchages, les pipis au lit, il y a eu aussi :
Les fous rires du grand lorsqu’il a joué avec son père (avec moi il n’a jamais de fous rires… mais passons…) ;
Les fous rires de sa soeur (qui rit quand son frère rit, sans savoir pourquoi, juste parce que c’est lui, juste parce que c’est elle) ;
Ses grands yeux à lui levés vers moi et sa petite voix me suppliant 10 fois par jour : «Maman tu vas bientôt être guérie pour me chanter ma chanson ?»,
Ses joues à elle, rondes et chaudes comme de petites pêches bien mures et que j’ai eu le droit d’embrasser tout le week end finalement, parce qu’elle avait déjà attrapé mes vilains microbes alors, foutues pour foutues…
Leurs siestes (parce qu’à un moment, ils finissent bien par dormir : le tout c’est de leur déboucher le nez et de les emmener faire pipi AVANT) ;
Les gnocchis poelés, dont j’ai senti le gout, et qui étaient délicieux.

Il y a eu les petits rires hoquetants de ma toute mignonne quand je me suis amusée à lui chatouiller son bidon dodu, chaque fois que la changeais.
Il y a eu son grand frère la couvrant de bisous chaque fois qu’elle gémissait (TOUT LE WEEK END, donc…) en lui disant de sa voix la plus suave : «hooo ! Je suis là ne t’inquiète pas, je suis là…» *smouich smouich : gros bisous humide de bave + morve*
Il y à eu ses hurlements de rire, à table, parce que sa soeur «avait des grosses bulles de morve qui lui sortent du nez, maman ! Elle a des grosses bulles de morve !». Et que ça lui a duré 10 bonnes minutes ; à tel point que je me suis mise à rire moi aussi. Et qu’au final, nous avons tous bien ri, même la petite, qui aime ça, rire, même quand c’est d’elle-même, mais du moment que c’est avec nous.
Et, enfin, il y a eu son fou rire à lui, quand il a joué avec moi (haaaaa ! Enfin !).
Et je les ai regardés. Et toutes mes résistances psycho-émotionnelles avaient volé dans les éternuements alors les larmes me sont montées aux yeux.
Pas d’épuisement. Pas de ras le bol.
Parce qu’ils étaient là. Parce que voir comme ils s’aiment parfois ça me dépasse : je ne sais pas d’où ça leur est venu, je ne pensais pas que ça serait à ce point. Je pensais que je devrais les y forcer un peu. Mais ils se regardent et rient et se câlinent et échangent des choses qu’eux seuls comprennent. Ils grandissent face à face et ça a l’air de leur plaire énormément.
Alors moi je me sentais bien d’être avec eux. Et d’être leur maman.

À l’heure du coucher (que j’ai quand même souhaiter avancer considérablement), j’ai tenu mon bébé dans mes bras. Elle a blotti son visage contre mon sein droit, à levé ses yeux noirs et les a fixés intensément dans mes yeux marrons. N’a plus bougé, restant là, à me regarder avec insistance comme pour me dire que même si ça l’avait beaucoup amusé de faire exprès de dire «Pa pa !» toute la soirée au lieu de «Maaama !», elle ne s’y trompait pas : que j’étais sa maman, que j’étais donc son Tout.
Elle a levé sa petite main et m’a fait «coucou» en serrant puis desserrant le poing à intervalles réguliers.
Alors mon petit coeur à fondu. Nous ne faisions plus qu’une, comme ça, dans les bras l’une de l’autre. Comme il n’y a pas si longtemps, lorsque nous vivions dans le même corps.
Je la portais en me disant que si je le pouvais je la porterais comme ça tout contre moi, pour toujours.
Il m’a alors frappé que j’étais quand même tout l’inverse de la nana à plaindre, finalement.

Pourquoi je raconte tout ça ? Parce que hier, quand j’ai fait le récit de ce week end bien pourri, une bonne centaine (pfff ! Enfin, je veux dire : un bon million) de femmes de France et d’ailleurs ont couru acheter la pilule du lendemain (ou pire, une pilule de 3e génération) parce que mon billet les a bien fait flipper. Elles m’ont lue et elles se sont dit que ce week end avait été horrible à cause des enfants (pipi, nuits de merde, et tous ces petits détails).

Hé ben même pas. D’ailleurs, avant de lire les commentaires du billet, je n’avais pas pensé que ça ait pu paraitre si pénible de gérer les enfants (mais en y accordant une lecture neuve et pleine de recul, je réalise qu’effectivement, ça donne peut être envie de fuir).

Il ne m’était pas venu à l’idée un seul instant de regretter le temps où je n’avais pas d’enfants qui me volent la vedette à être malades pile en même temps que moi (alors que moi je les laisse toujours être malades pleinement et intensément sans leur voler leur vent de gloire…).

Alors j’ai tout raconté en taisant (par pudeur, peut être) toutes les belles émotions qui se cachaient derrière un week end, certes, plutôt maussade (comparé aux autres).
Parce qu’elles sont tout le temps là, ces jolies choses. Même quand ça va mal, même quand on souffre, même quand le boulot, c’est de la merde, même quand on est limite financièrement, même quand on ne sait pas où on va, même quand on se pose beaucoup de questions. Il y en a toujours une qu’on ne se pose absolument jamais, c’est si ça ne serait pas plus sympa sans eux.
Parce que ça ne le serait pas (ça serait plus reposant, on aurait meilleure mine et moins de cheveux blancs, par contre).

Chacun fait ce qu’il veut mais je refuse catégoriquement d’être responsable d’un «baby crash» en France alors que je suis si fière qu’on la ramène depuis des années à la face du monde avec nos superbes chiffres de natalité.
Des enfants, j’en ai voulu toute ma vie et c’est un désir intense, profond, qui ne me quittera jamais. Marie Grain de Sel ne sera pas celle qui dissuade d’avoir des enfants, c’est dit ! (et quand je commence à parler de moi à la 3e personne, je peux vous dire que je ne rigole plus DU TOUT).

Au final, j’aurais pu écrire un seul billet, très court (pour une fois).
Il aurait dit :
Ce week end j’ai vécu à huis clos avec les 3 personnes que j’aime le plus au monde. En effet, d’habitude on s’amuse un peu plus ; on souffre un peu moins dans nos petits corps.
Mais il y avait Lui, et Eux. Et moi avec ces trois-là sans lesquels je ne sais plus vivre.

Alors ouais, honnêtement, c’était pas l’idéal ; mais au fond c’était franchement pas si mal.

(En plus, pour la première fois en 10 ans j’ai réussi à m’épiler les sourcils de manière presque parfaitement symétrique et ça, c’est vraiment la lueur au bout du tunnel !)

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23 Comments

  1. Oh tu m’as tirée la larme… Une belle, une toute ronde pleine d’émotions partagées… Parce que c’est vrai que quoi qu’il arrive dans la vie, regarder nos enfants s’épanouir, rire, se découvrir, apprendre à s’aimer est bien le meilleur des médicaments………..

  2. Je reste sans voix… Tu m’as même arraché une petite larme au début… 🙂

  3. Pareil tu m’as tiré les larmes =)
    Trop beau comme tu décris leurs rires, leurs regard et tout l’amour, ça fait pfiou !! <3

  4. C’est beau, c’est chaud, ça fait du bien.
    Et tu as une superbe plume…

  5. Pareil, la fatigue tout ça… Et puis son petit rire, sa bouille de clown entre 2 cuillères de purée, son regard quand elle est tout contre moi… c’est irremplaçable !
    C’est joli-joli tout ça. (mais bon, les mains dans le pipi c’est pas cool quand même !)

    • En fait ça me frappe combien on passe notre temps à osciller entre horreurs (pipis/vomis/nuits de merde) et moments merveilleux qui balayent tout ! Ils sont forts ces enfants quand même : si j’avais leur recette de séduction je serais milliardaire 😉

  6. Je rejoins les autres 😉 C’est chouette que tu retiennes ces beaux moments et les partage!

  7. Salut Marie,

    Haaaa j’aime bien cet article! Et en plus de ce que tu racontes, c’est des souvenirs que tes enfants garderont toujours en tête! Ça c’est important! Je me rappellerai toujours de mes maladies infantiles et des moments passés avec ma famille, c’est important d’avoir cette attention…

  8. J’ai beau chercher, j’ai du mal à me souvenir de bons moments quand mon fils était malade, petit. Souvent. Tout le temps. J’ai plus de bons souvenir maintenant 😉

    Tes posts sont longs mais toujours tellement bien écrits… Merci Marie.

    • Oui moi aussi j’ai dû prendre le temps pour voir les bons moments 😉 Parce qu’ici, c’est un peu un dispensaire et moi je suis l’infirmière en chef (remarque, ça fait peut être fantasmer mon mec, il me faudrait une petite blouse…). Tu me rassure, et puis j’imagine que c’est moins pénible quand ils sont malades plus grands (enfin j’espère…………). Ils sont trop longs mes posts ? J’arrive pas à faire plus court, j’écris comme je parle (=trop). Merci pour tes commentaires toujours si gentils 😉

  9. Moi aussi tu m’as tiré les larmes à la fin !
    Tu décris tout ça vachement bien <3 Je suis toute fondue et en plus, j'imagine très bien les deux miens quand je te lis : genre la petite qui rit parce que son frère ri et inversement, c'est exactement ça et c'est juste parfait.
    Elle a quel âge déjà ta fille, qui a, comme la mienne, les joues rebondies comme des pêches bien mûres et bisouillables sans merci ?

    • Ho merci ! La petite a 9 mois ici, et d’ailleurs, elle a aussi une crête d’iroquoise, comme quoi elle a beaucoup de points communs avec la tienne. Je lui cherche un nom sioux (« Dents qui ne sortent pas », « Est née en râlant », ou encore « Caca qui sort sur les côtés »… j’hésite encore)

  10. Melle B

    Ouai essai de la faire a l’envers maintenant. (mais sinon j’ai eu la larme quand même)

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