L’agaçant agacé (rira bien le dernier)

Et si, pour une fois, nous faisions une parenthèse parentale. Haaaa ! Ça faisait longtemps !
Malheureusement, rien à dire concernant les parents d’élèves depuis la rentrée : j’ai mis en place une stratégie pour n’en croiser aucun. Pour l’instant, elle s’avère incroyablement efficace. Et c’est bon !

Du coup, je voulais écrire sur les enfants. Haaa ! Les ZENFANTS ! Vaste sujet. On pourrait en dire beaucoup. Je vais me concentrer sur leur capacité à être agaçants. Oui, vous savez : quand, sans s’essouffler et en un temps record, ils vous sortent tous leurs tours de magiciens de l’irritation parentale. On dirait qu’ils ont fait ça toute leur vie (ha… mais attends…)

Ils sont petits, leur cerveau est fragile. C’est la fatigue qui les rend comme ça. Ok. Je comprends qu’il faille se montrer indulgent. Alors j’indulge.

D’ailleurs, je reconnais volontiers que les enfants ont de multiples talents. Surtout les miens, qui sont très en avance sur tout… Chut ! Non, ne dites rien : je SAIS que vous me comprenez car vous avez constaté vous aussi, peut-être même sans l’avouer à personne, que vos enfants étaient incroyablement plus intelligents que tous les autres.

Jusque-là, nous sommes d’accord. Ils sont épatants.

Mais à un moment, il faut le dire, il faut le voir, il faut le reconnaître avec toute la maturité qu’on essaye d’imputer aux adultes que nous sommes : les enfants ont le talent suprême de l’agaçage de parent. Ils sont doués. Ils sont forts. Ils nous dépassent en tout point dans ce domaine. Tout simplement parce qu’ils n’ont pas de limites. C’est ça : ils sont déshinnibés (n’essayez pas de le prononcer à haute voix).

Haaaaa ! Je les entends déjà arriver avec leurs gros claquements de clavier surexcités, les : «Hin ben si ses enfants la font chier elle n’avait qu’à pas en avoir !». Et les «hiiiin ! Quand il s’agissait de les faire elle était bien contente et maintenant vas-y que je t’en fais trois caisses sur son blog pour dire qu’elle en a plein les jarrets !».

Oui, cher lecteur, je te confirme : quand il s’est agit de les faire, je me suis BIEN amusée. Et encore, le mot est faible. Toutefois, aussi tentée fusse-je par une conversation sur la levrette et les orgasmes multiples, ce n’est pas là mon propos. Nous verrons ça une autre fois, si cela vous convient. (« levrette » et « orgasmes » c’était pour attirer plein de lecteurs sur mon blog. Parait qu’il faut parler de sexe pour connaitre la gloire. Sachez-le)

Et puis j’en voulais, des enfants. J’en voulais plein, très vite. Je les aime mes petits : surtout dans leur version non-agaçante. Or je suis obligée d’avouer qu’ils exploitent leur potentiel d’agaçage presque autant que leurs ressources de mignonerie. Et encore, certains jours, le déséquilibre est flagrant.

Ce sont ces semaines où l’on compte déjà 6 réveils à 5h (du mat) d’affilée. Où l’on peut donc aisément constater que les adultes, bien que souffrant de la fatigue, ont un système nerveux capable de tenir le coup jusque dans l’extrême.
Pas les enfants.

Alors le 6e soir, à l’heure où Dieu, en son temps, préparait son RTT du lendemain, l’enfant, épuisé, pleure.

En un quart d’heure de trajet kangoo-esque, trois déclarations vous seront énoncées.
Qui, délivrées en mode sirène des pompiers, seront autant de clés révélant l’état de votre enfant :

  1. «On a laissé mon sac à l’écooooooooooooole» (première larme)
  2. «On a oublié mon puuuuuuuuuuull» (coulée de morve – de couleur jaune/vert si l’enfant est, comme souvent, dans une période otite-rhino-gastro… et poux)
  3. «J’tai pas fait d’bisouuuuuuuuus !» (inondation faciale)

C’est là que vous devinez que tout ce qui va suivre sera un défi pour vos oreilles. C’est là, également, qu’il vous apparait primordial d’avancer d’une demie heure l’heure du coucher.

Vous n’aurez d’autre choix que de rire de la situation (ou d’aller crier dans un oreiller, autre méthode qui a longtemps fait ses preuves par ici).
Pour détendre l’atmosphère, vous tenterez même de nouvelles choses… Et constaterez, à vos dépends, que parler en anglais à un enfant épuisé est une sombre erreur (finalement).

Une fois délivré de son siège auto, l’enfant voudra «faire le baiiiiiin !».

Il le répètera suffisamment souvent pour que le grincement de moins en moins maitrisé de sa voix devienne presque plus pénible que le fait qu’il dise «je veux faire le bain» au lieu de «je veux PRENDRE un bain» (maintenant, si j’arrêtais de lui parler anglais, peut-être qu’il gèrerait mieux le français… c’est à creuser).

Ouais : adorable

Ouais : adorable

Il enchainera avec son fameux «je veux jouer au chasseuuuuuuuur!», prononcé 46 fois, dans les 5 minutes précédant le coucher. Friand de défis et d’humour, vous lui répondrez : «plutôt que de jouer au chasseur, tu n’as qu’à jouer au CHAT avec ta SOEUR» (prononcez-le à voix haute).
Quelque chose se brisera alors instantanément entre vous. Gardez tout de même votre souffle (et votre humour) parce qu’il est à prévoir que la petite soeur choisisse exactement ce moment-là pour baigner son doudou dans les restes de crême dessert au chocolat offerte par Tata Zoé.

À ce stade, il sera donc temps de coucher tout le monde (y compris vous-même, probablement).
La petite, si elle n’a pas assez mangé, pourra téter son doudou au chocolat pendant la nuit : avouons que c’est finalement très pratique.

Le lendemain matin, fraiche comme le doux pétale que caresse la rosée, vous penserez, presque rieuse, que le traumatisme est derrière vous.

Alors, en commémoration du bon vieux temps (de la veille), l’enfant vous hurlera, dans un flot de morve et de larmes incontrôlé, ces quelques mots édifiants : «iiiman manounouno ineuna grandiiiiir !».
… ça a le mérite d’être dit. Moi-même, je trouve important de le souligner et de rester vigilant à ce sujet…

Ce n’est qu’après lui avoir fait répéter dix fois, finissant l’oreille collée contre sa bouche (pour deviner quelques consonnes), que vous comprendrez qu’en fait, il disait : «si je ne mange pas 2 choses je ne peux pas grandiiiiiiiir».

«Si je ne mange pas deux choses je ne peux pas grandir».

Prenons le temps d’absorber et de chérir ce moment de grâce.

Je suis certaine que nous avons tous eu cette crainte, à l’aube des matins incertains, dans la brume de l’automne. Saisis par la froideur du carrelage sous nos pieds nus… Je suis sure que nous avons tous été pénétrés par cette peur ancestrale et toute légitime : «si je ne mange pas DEUX CHOSES, je ne peux pas grandir. Et en plus, j’ai froid aux pieds…»

Notez seulement qu’en prononçant cette phrase dramatique, l’enfant aura probablement postillonné dans votre bouche. Ha… Vous ne le saviez pas ? IL NE FAUT JAMAIS ÉCOUTER UN ENFANT LA BOUCHE OUVERTE !!! (surtout qu’en général, ce n’est qu’après réception de(s) la(es) goutte(s) qu’on réalise qu’il était tout juste en train de se remettre d’une vilaine gastro…)
Les enfants ont le grand talent d’être agaçants. Couplé à celui de deviner pile quand vous venez de sombrer dans le sommeil et à celui de se réveiller justement quand vous entamez une partie de jambes en l’air (bien méritée), cela fait d’eux des adversaires redoutables au quotidien.
Votre pire ennemie sera la fatigue : qui déploie en eux le champs infini de la contrariété… Tandis qu’elle diminue en vous la capacité à faire face.

Après de nombreux tests sur le terrain, je note que le rire reste mon garde-folle le plus sûr à ce jour. Je le recommande, malgré son inefficacité palpable. Il parait que la patience fonctionne plutôt bien aussi mais je n’ai pas ça en boutique. Alors je ris.  C’est agaçant pour les autres. Mais je ris.

Et si la meilleure manière de faire face à un enfant agaçant était de se montrer soi-même très, très agaçant ?

Bon, je vous laisse : il faut que j’aille manger ma deuxième chose si je veux avoir une chance de grandir un peu.

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