Que se passe-t-il après avoir osé ?

La semaine dernière j’ai publié ici mon billet dans lequel je dis que je suis, en réalité, une artiste. Pas une formatrice, pas une consultante, une artiste (c’est ici, si vous souhaitez le relire).

… Et après ? On fait quoi ?

Pour décrire le stade actuel de ma vie, je vais utiliser cette métaphore qui me vient lorsque je pense à la dernière fois que j’ai fait un choix sans savoir ce que je faisais (du tout, du tout).

Il y a quatre ans, j’ai créé mon entreprise et je n’avais aucune idée de ce que je faisais.
Et quand j’y repense, je me vois comme lorsque, enfant, je me postais en haut du plongeoir le plus haut de la piscine du coin.
Serrant les fesses, les dents et les poings. Je regardais en bas. Je regardais en haut. Je regardais devant.
Et puis, persuadée que j’en mourrais : je sautais.
Et dans mon saut, le mélange de peur, d’excitation et d’assurance créait un cocktail inattendu et tellement intense.
Une fois dans les airs, de toute manière, j’étais entre les mains de mon destin : plus de questions, plus d’hésitation. Seule restait, suspendue avec moi, la certitude qu’il n’y avait qu’en continuant cet élan que je saurais de quoi il serait suivi.
Lorsque je m’enfonçais enfin dans l’eau, j’étais pleine d’une immense gratitude : celle d’avoir osé vivre la chose improbable. Celle d’être encore en vie.
Une émotion intense et prenante, immédiatement détrônée par le sentiment le plus enivrant du monde : celui d’être libre.
Tout ça pour une milliseconde : celle du saut.
Il suffisait de sauter.
Comme si tout le reste, repérer le plongeoir, avoir envie d’y monter, s’y diriger, escalader les nombreuses marches qui y menaient : n’avait de sens que pour ce tout petit instant qui rassemblait à lui seul à ce que devrait toujours être la vie toute entière.

Depuis une semaine, une idée me trotte dans la tête : toute personne saine d’esprit DEVRAIT se poser la question de savoir ce qui va se passer… Maintenant. Non ?
Une fois que vous êtes face à ce que vous êtes vraiment, vous êtes donc aussi face à ce que vous n’êtes vraiment pas. Et ce que vous ne voulez plus faire semblant d’être.

Dans un premier temps, je n’ai rien fait de particulier, à part faire ma vie. 
Sauf que j’étais enfin une artiste, assumée publiquement, et que ça changeait tout dans ma manière d’être à ce que j’avais à faire.

À part ça, volontairement, je n’ai rien fait.

Techniquement, je n’ai rien à faire pour « devenir » une artiste : je le suis déjà depuis toujours. C’était simplement devenu invivable pour moi de prétendre que je fus quoi que ce fût d’autre.
Je n’ai pas changé, ce n’est pas une évolution. C’est moi.
L’évolution, c’est d’avoir choisi que désormais, ma vie serait totalement conforme à ce que je suis, en vrai.
Et c’est sans doute l’évolution la plus effrayante, vue de loin, que je connaisse.
Alors en cas de peur panique notez ceci, que j’ai remarqué depuis : tout ça est très effrayant AVANT. C’est très angoissant AVANT.

Parce qu’une fois qu’on a décidé de basculer… il n’y a plus qu’à le vivre, et ça, c’est le meilleur 

Ce n’est pas simple, mais j’ai remarqué que les bonnes choses ne sont pas les plus simples. Elles sont juste les meilleures !
Ce qui n’est pas simple c’est de quitter l’habitude. Quitter ce qui convient, ce qui rassure tout le monde, ce qui correspond à des cases faciles à identifier de l’extérieur.
Et être… moi. Sans me cacher derrière « des choses qui marchent ».

Je suis dans cette phase très fascinante qui consiste, pour moi, à définir ce que je vais faire désormais pour que la vie que je mène corresponde à ce que je suis.

Du rêve à l’acte, en somme.

Et là oui, du changement est à prévoir.
Ce qui m’incombe désormais, c’est de choisir.

Le choix c’est chouette.
Le choix, aussi, c’est très perturbant.
La première question qui se pose dans mon cas c’est : et alors qu’est-ce que je fais de ce que je faisais jusqu’à présent ?

C’est souvent effrayant.
Or vous savez : vous n’êtes pas obligés d’abandonner tout ce que vous aviez et faisiez dès lors que vous choisissez enfin d’être qui vous êtes vraiment.
Boulot, femmes et enfants, amis et chiens : vous pouvez garder plein de choses, je vous l’assure.

Mais pas tout. Certaines choses appartiennent à la mascarade que j’avais construite avant. Ces choses-là, je vais les virer. Ouais. Les VI RER.
C’est comme un grand nettoyage de printemps. Tri, déchèterie, rangement.
C’est encore meilleur qu’une séance de yoga.

Depuis une semaine je ne cesse de me dire que je devrais avoir peur.
Et ça ne vient pas.
Je devrais me poser plein de questions. Je ne me pose qu’une seule question et elle me procure beaucoup de joie, en réalité, c’est : « et maintenant, que vais-je faire qui corresponde exactement et UNIQUEMENT à ce que j’ai envie d’être en ce monde ? ».
Merveilleuse question.
Tout mon travail de ces prochains jours (et semaines, sans doute), sera de répondre d’autant de manières que je le pourrai à cette question.

Je n’ai jamais été aussi détendue.
Je n’ai jamais été aussi imperméable aux angoisses : les miennes et celles des autres.
Puisque je n’ai qu’une vraie mission finalement : celle d’être heureuse. Rien de grave, franchement.
Problème (ou pas, il faut que je réfléchisse) : jamais n’ai-je été aussi intolérante aux énergies de l’immobilisme et des fausses excuses 

Sans doute parce qu’être heureuse vient au prix de nombreux et intenses efforts. Comme pour tous les gens heureux.
Et que ce qui m’intéresse, moi, c’est l’action : celle qui permet de créer l’histoire de bonheur et de sens que l’on veut pour soi… quand c’est ce que l’on veut.

Ce qui attend la personne qui choisit par foi davantage que par devoir, je vais vous le dire : c’est l’abandon exquis et la flottaison.
Hé oui.
Comme lorsque l’on saute du très haut plongeoir alors que ça fait très peur.

C’est la merveilleuse liberté d’avancer sans RIEN savoir sur les faits ; mais en étant si intimement certains du fonds, que c’en est finalement très rassérénant.

Alors aujourd’hui je suis encore dans les délices de cet instant infiniment court, infiniment éternel : celui dans lequel j’ai plongé enfin, où la liberté coule dans mon corps à travers mes veines, ma peau, mon souffle.

Alors il y a peut-être des demi-tours et des hésitations, sachez qu’il peut aussi y avoir des sauts : sauter n’est pas plus dangereux que d’attendre sur le bas-côté (d’où l’on peut glisser et se fracasser le crâne, finalement, alors bon…).

Mais dans chaque hésitation, je saurai maintenant que je ne sais rien : et que c’est à moi de choisir vers où sera la suite, et d’en accueillir toutes les réponses.

Je vous souhaite une magnifique semaine !

Marie-Haude

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